Commis de manière plutôt inexplicable au commandement des troupes stationnées dans l’Extrême-Nord pour traquer la secte islamiste Boko Haram, le Colonel Gédéon Yossa aurait fait les frais de l’attaque de Kolofata dans la nuit du 27 au 28 juillet dernier. Et pour cause …
Jusqu’alors commandant de la légion de gendarmerie de l’Extrême-Nord, celui qui avait été commis pour la coordination de nos forces de défense pour la lutte contre Boko Haram a été limogé au sortir de l’attaque de Kolofata, attestant de fait de son incapacité à circonscrire les exactions de ladite secte. Mais au-delà, le parcours plutôt atypique qui fut le sien, semblait plutôt le prédisposer à une sortie par la petite porte, selon l’expression consacrée. C’est le cas effectivement de le penser, tant il aura manœuvré en son temps pour se rendre si ce n’est indispensable, du moins englué jusqu’au coup dans les coups fourrés alors fomentés par son mentor qu’était alors Rémy Ze Meka du temps où ce dernier assumait les fonctions de ministre de la défense.
Sinon, comment comprendre son ascension fulgurante sous le règne de ce dernier, quand bien même rien ne semblait l’y autoriser ? En effet, alors qu’il n’est que chef d’escadron, il réussit la prouesse d’être commis commandant du groupement de gendarmerie du centre, avant même d’être porté lieutenant-colonel. Grade qui lui permit ensuite d’échoir à la sécurité militaire en qualité de chef de division, sans que pour autant il se soit approprié les missions dévolues à ladite fonction. Ce d’autant plus qu’on se serait valablement attendu qu’il se préoccupât de l’état physique et moral des éléments des forces armées, afin de mieux appréhender leur capacité à s’acquitter des missions qui sont les leurs.
Passé tumultueux
N’empêche que bénéficiant très certainement de l’entregent de son mentor, alors que ses frasques imposent à Edgar Alain Mebe Ngo’o de le remettre à la disposition du Secrétariat d’Etat à la Défense en complément (Sed) d’effectif, on comprend mal qu’il ait pu passer outre les mailles du filet de celui qui pourtant, se sera présenté comme un adepte de l’intégrité et surtout de l’exaltation de la bravoure des éléments de nos forces de défense pour justifier quelque promotion. Et alors que tel n’était guère le cas pour le colonel Gédéon Yossa, plutôt englué dans diverses frasques. Aussi en est-on venu à se demander comment il a pu rebondir en se retrouvant littéralement parachuté au grade de commandant de légion ?
Interrogation d’autant plus pertinente qu’il aura de tout temps transformé la sécurité militaire à laquelle il fut commis, en une sorte de péage qui lui aura concédé passe-droits et arnaques de haut vol en assujettissant les opérateurs économiques se mouvant sur la place portuaire au paiement de frais indus au moment de dédouaner leurs containers. N’empêche qu’en dépit de ces faits rédhibitoires, il fut promu commandant de légion sans que personne dans le sillage des forces armées, comprenne comment il y est parvenu. Surtout que, le même environnement savait pertinent le rôle trouble qui aura été le sien dans la propagation de rumeurs insidieuses sur de présumés coups de force fomentés par certains officiers supérieurs de l’armée qui avaient en réalité maille à partir avec la hiérarchie d’alors, représentée par Rémy Ze Meka.
Or, il est désormais de notoriété qu’il se sera agi d’artifices pour ce dernier pour se faire un peu d’argent sur le dos de l’Etat, non sans coller pour ce faire une étiquette de mutins présumés à ceux des officiers qui n’étaient en odeur de sainteté avec l’ex-Mindef. Mais en véritable homme-lige de ce dernier, le colonel Gédéon Yossa ne s’offusquait guère de commettre à l’encontre desdits officiers des rapports incendiaires tronqués pour justifier leur mise à l’écart, comme ce fut notamment le cas pour l’actuel tenant du poste de la sécurité militaire, le lieutenant-colonel Mariamo Nguninya ou encore du défunt lieutenant colonel Djengoué Charles. Malheureusement, son passé d’affairiste le rattrapa aussitôt qu’il fut commis au commandement dans l’Extrême-Nord en entrant en intelligence avec l’ennemi.
Suffisant pour comprendre pourquoi il n’a pas pu échapper à la bourrasque de mardi dernier, tant il est constant qu’en lieu et place de la coordination des éléments de nos forces de défense, il se sera plutôt laissé aller à des trafics divers avec els activistes qu’il devrait pourtant traquer. Ainsi en a-t-il été des armes, des tenues du Bir et même de la logistique de cette unité d’élite qu’il n’hésita pas à brader à l’ennemi, lui assurant conséquemment un camouflage suffisant pour ne point être identifié au moment de commettre ses exactions. Si jusqu’alors, rien ne présageait de sa chute brutale, le fait d’avoir retrouvé ce matériel militaire en possession de l’ennemi vint simplement conforter son affairisme exacerbé. Surtout que l’homme entretenait par ailleurs un autre réseau concédant aux transporteurs de faire passer indument des camions suspects, pour peu que les propriétaires de ceux-ci lui reversaient quelque péage occulte.
Descente aux enfers
Mis côte à côte, les griefs à l’encontre du colonel Gédéon Yossa auront inéluctablement constitué des raisons probantes pour son limogeage. Car autant il aura favorisé à tort ou à raison la circulation des armes en concédant aux camionneurs à la solde de Boko Haram de circuler librement, autant il encourt des poursuites pour haute trahison, eu égard au bilan désastreux de l’attaque de Kolofata qui s’en suivit. Bien évidemment, cette poursuite devrait entériner sa révocation de l’armée, pour une inéluctable descente aux enfers. Et analyse faite, il ne se sera guère donné les moyens pour s’en prémunir en pensant certainement que pour avoir bravé d’autres écueils il pouvait continuer à se mouvoir dans l’anonymat en favorisant la porosité de nos frontières dans une zone aussi sensible que le terrain de prédilection de la secte islamiste Boko Haram. Mal lui en a pris, pourrait-on dire au final, tant il est vrai qu’il a finalement été démasqué. Et qu’il le paie au prix fort n’en sera que justice
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