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DUPERIE: DES COMPTEURS ILLEGAUX DE ENEO EN PRELUDE A UNE HAUSSE DES PRIX DE L’ELECTRICITE ! par le RACE

Depuis quelques jours, l’opérateur ENEO a lancé à grands renforts de publicité une campagne intitulée « Une maison, un compteur » en baissant les prix des abonnements. La grille des nouveaux tarifs étant la suivante : 9290 Fcfa Hors Taxes (au lieu de 19.565 Fcfa) en zone urbaine et 5300 Fcfa Hors Taxes en zone rurale (au lieu de 9000 Fcfa). En fait, ces sommes correspondent aux ASC (Avances sur consommations) qui sont généralement incluses dans chaque devis de branchement. 
Cette opération est essentiellement destinée à inciter les utilisateurs de compteurs divisionnaires à s’abonner directement auprès du fournisseur d’électricité. Il s’agit soit de prendre un compteur individuel, soit de demander un panneau supplémentaire.

Mais derrière ce curieux élan de générosité se cache une réalité perverse. Tout d’abord, la propagande autour de cette campagne prétend qu’avec cette opération : « ENEO facilite l’accès à l’électricité », n’hésitant pas pour cela, à entretenir cyniquement un amalgame entre les notions d’abonnement et de branchement. Pourtant chez ENEO, l’abonnement est obligatoire et n’est qu’un élément parmi d’autres constitutifs du devis de branchement. Par ailleurs, tout le monde sait qu’en plus de la qualité du service, l’indicateur universel de l’amélioration de l’accès à l’énergie électrique dans un pays se mesure au nombre de branchements dûment effectués au réseau public d’électricité.
Parlant du branchement dit « basse tension » (dont il est question ici), le Règlement du service de l’électricité le définit comme « l’ensemble des installations ayant pour objet d’amener le courant électrique du réseau basse tension jusqu’au point de livraison BT et dont le raccordement ne doit pas excéder les 100 mètres, au cas échéant on parlera d’une extension du réseau ». Il existe 2 types de branchements BT : le monophasé (à 2 fils avec une puissance inférieur à 18 kW) et le triphasé (à 4 fils avec une puissance située entre 18 et 36 kW). Signalons qu’au Cameroun, le prix moyen d’un branchement électrique est d’environ 78000 Fcfa (soit 2,5 fois le SMIG).
Comme on le voit, contrairement à ce que disent leurs publi-reportages, cette campagne de ENEO aura un impact extrêmement limité, voire nul sur la situation actuelle. Le coût du branchement électrique étant encore excessivement élevé au Cameroun, l’immense majorité des consommateurs vont demeurer longtemps encore dans le « ghetto électrique » qui les expose à l’escroquerie et aux multiples risques électriques dans les quartiers. A ce sujet, il faut rappeler qu’il il y a à peu près 8 ans, AES/SONEL avait lancé une campagne similaire, baptisée « opération BAO », qui était axée sur la promotion des branchements sociaux à partir de 30000 Fcfa à destination des populations démunies. Devant l’engouement populaire qu’elle avait suscitée, cette campagne fût très vite abandonnée au bout de 06 mois à peine ; ses initiateurs s’étant certainement aperçu sur le tard que c’était à ce niveau que se situait l’une des préoccupations des usagers de l’électricité.
Pour leur campagne actuelle, ils parlent « d’agences mobiles », alors même qu’ils sont incapables de réaliser le plus banal branchement dans les délais règlementaires qui sont de : 05 jours en milieu urbain et 15 jours en zone rurale, à compter de la date de paiement des frais par l’usager (Cf. article 4.4 du Règlement du service relatif aux délais de réalisation des branchements BT). 
Ensuite, au regard de la loi, cette nouvelle opération de ENEO autour des appareils de comptage de l’énergie électrique est totalement illégale. En effet, conformément à l'article 9 de la loi N° 2004/002 du 21 avril 2004, régissant la métrologie légale au Cameroun, le compteur qui mesure la quantité d’énergie consommée chez l’usager, ne doit pas être étalonné par l’opérateur ENEO (qui serait dans ce cas juge et partie). Ces appareils devraient être préalablement autorisés par l’ARSEL et porter le sceau de la Direction de la Métrologie légale du Ministère du Commerce, en charge des poids et mesures. Mais comme à l’accoutumée, tout se passe comme s’il n’y avait pas une Agence de régulation. Ou plus exactement, l’ARSEL a délibérément décidé de fermer les yeux sur cette énième violation du cadre règlementaire par l’opérateur ENEO.
Vraisemblablement, cette campagne est une nouvelle trouvaille pour distraire les consommateurs. Sinon, comment peut-on oser parler aujourd’hui de compteurs électriques aux usagers au moment où on observe une recrudescence des délestages dans la plupart des localités du périmètre de distribution concédé ? Dans un contexte de pénurie chronique de l’énergie électrique, à quoi pourrait bien servir un compteur, même à 0 Fcfa, sans électricité ? Qui plus est, il ne se passe pas une seule journée en parcourant les réseaux sociaux (leur nouvel outil fétiche de communication), que l’on ne lise sur les pages dédiées à ENEO, une ou plusieurs annonces sur la chute d’un poteau MT ou d’un pylône HT, la panne d’un transformateur électrique ou tout autre avarie sur le réseau, nécessitant plusieurs jours voir plusieurs semaines d’intervention, avec en prime des coupures d’électricité anormalement prolongées.
Mais il y a plus grave. Selon quelques indiscrétions glanées au sein même de l’entreprise, à travers cette nouvelle campagne, ENEO veut subrepticement préparer l’opinion publique nationale à l’annonce très prochaine d’une hausse des tarifs de l’électricité (on parle de la seconde moitié du mois de janvier 2015).
Après le camouflet cinglant que le RACE et la LCC leur avaient infligé au mois d’avril dernier, en s’opposant farouchement à ce projet et obtenant au forceps la reddition du gouvernement, cette fois ils comptent sur ces mesures cosmétiques sur les prix des abonnements pour parvenir à leurs fins, avec comme d’habitude un accord tacite ou formel de l’ARSEL. Rappelons qu’une disposition scélérate  (en l’occurrence l’article 5.3) du contrat de concession du 18 juillet 2001 autorise ENEO à procéder à une augmentation systématique les tarifs de l’électricité de 5% chaque année, sans tenir compte de la qualité du service.
En guise d’actions, le RACE (Réseau associatif des consommateurs de l’énergie) vient de saisir le Premier Ministre/Chef du Gouvernement d’une plainte itérative dans laquelle nous attirons son attention sur l’irrégularité de cette campagne de ENEO, notamment la violation de la loi sur la métrologie légale ainsi que l’article 8 de la loi-cadre N°2011/012 du 06 mai 2011 portant protection du consommateur, relatif à la publicité mensongère. Outre cela, nous appelons les usagers de l’électricité ainsi que toutes les organisations de défense des consommateurs partenaires, à ne pas se laisser embobiner par cette opération illégale de ENEO sur les compteurs électriques. Nous devons absolument faire échec à cette nouvelle duperie en préparation, en se dressant comme un seul homme, contre toute augmentation du prix kWh au Cameroun, sans une préalable contrepartie en termes de qualité du service de l’électricité.
L’accès à l’énergie est un droit essentiel et inaliénable !
Pour le Bureau Exécutif du RACE
Jean Baudelaire BELENGUE, Secrétaire général adjoint
Jean Célestin PEP PEP, Trésorier général
Maitre Elysée TCHAKOUNTE, Cellule juridique.
RACE (RESEAU ASSOCIATIF DES CONSOMMATEURS DE L'ENERGIE)
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