Comment peut-on comprendre qu’en 33 ans à la tête de l’État, Paul Biya n’ait établi aucun plan de protection de la cité de Douala contre les inondations? Il n’y en a pas parce qu’il n’y a pas de véritables plans d’aménagement du territoire au Cameroun. Le gouvernement en place est plus intéressé à multiplier les plans de découpages électoraux pour les fraudes électorales qu’à établir les plans d’investissements publics pour la sécurité et le bien-être des citoyens. Visitons les bons exemples des lieux du monde où la protection des hommes et des biens contre les inondations est une priorité du gouvernement.
Gouverner ne se ramène pas à savoir terroriser les populations. Au contraire cela s’appelle tyranniser, et c’est ce que Paul Biya a fait efficacement au Cameroun depuis 1982. Gouverner, au contraire, c’est savoir donner les réponses les plus appropriées aux besoins des populations en matière de sécurité et de bien-être. Gouverner un État c’est diriger (comme un gouvernail) son pays vers l’objectif qu’est le bien-être général.
Au moment où ce drame s’abat sur Douala, la pertinence de nos dénonciations, ces dernières semainesm de la discrimination, du tribalisme et du régionalisme dans la gestion par Paul Biya de la répartition des investissements publics se trouve démontrée. Les inondations géantes qui ont cours depuis le 20 juin à Douala nous montrent à quel point les populations de Douala sont abandonnées à elles-mêmes. Le régime Biya ne répond pas à leurs besoins.
Le président camerounais n’a pas trouvé que sont prioritaires à Douala les investissements publics pour la construction des digues de protection et le dragage permanent des boues du lit du fleuve Wouri. Pour ce dernier cas, il a toujours fui ses responsabilités depuis sa prise du pouvoir, laissant au FMI et à la Banque mondiale l’entière responsabilité de financer par des prêts extérieurs usuriers le dragage du lit du Wouri. En 33 ans au pouvoir, Paul Biya n’a pas trouvé que ces investissements publics sont prioritaires au Littoral, dont Douala est pourtant le poumon économique du pays.
Le mépris que Paul Biya et son gouvernement ont pour Douala et ses besoins en investissements publics trouve confirmation dans le Budget d’investissements publics de 2015, où la région forestière natale de ce chef d’État, le Sud très peu peuplé (692 142 habitants en 2010), a bénéficié d’une enveloppe de 99 milliards Fcfa, presque le même montant, 107 milliards, qu’il a accordé à toute la région du Littoral, très peuplée (2 865 795 habitants).
Depuis le 20 juin, tout se passe à Douala comme s’il n’y a pas un gouvernement au Cameroun. Tout comme nous l’avons vu à l’extrême-nord avec le drame de la pauvreté des citoyens et des refugiés, le chef de l’Etat n’a pas daigné se rendre à Douala depuis que les populations sont frappées par les inondations. (Rappelons que la population de l’extrême-nord est de 3 480 414 habitants en 2010 et c’est seulement l’indignation générale devant l’extrême pauvreté de cette région frappée par Boko Haram qui a forcé fin 2014 ce chef d’Etat à revoir son BIP 2015 à la hausse à 45 milliards). Aucun ministre du gouvernement n’est allé depuis samedi sur place à Douala pour consoler ces populations meurtries et envisager des solutions.
La honte de n’avoir rien fait pour Douala pour assurer la sécurité de ses habitants peut expliquer la peur de Paul Biya et ses gouvernants de descendre sur le terrain du drame, et y recevoir éventuellement les oeufs pourris qu’ils méritent.
Comment pourront-ils expliquer qu’en 33 ans à la tête de l’État, Paul Biya n’ait établi aucun plan de protection de Douala contre les inondations? Il n’y en a pas parce qu’il n’y a pas de véritables plans d’aménagement du territoire au Cameroun. Le gouvernement en place est plus intéressé à multiplier les plans de découpages électoraux pour les fraudes électorales qu’à établir les plans d’investissements publics pour la sécurité et le bien-être des citoyens qui font cruellement défaut au Cameroun.
Même les États-Unis, première puissance militaire et économique du monde, reçoit les leçons qui lui donnent les journalistes quand un drame, comme les inondations de New York City par l’ouragan Sandy en 2012, s’abat sur les populations. C’est ainsi que le New York Times demanda au gouvernement fédéral américain de n’avoir pas honte d’aller à l’école des Pays Bas en matière de protection de ses villes contre les inondations (Lire “Lessons for U.S. From a Flood-Prone Land”
Aujourd’hui, presque toutes les localités du territoire américain présentant les risques d’inondations ont établi des plans d’investissements publics pour la construction des digues de protection. Elles tirent les leçons sur la cas de cette digue de Uitdam (image ci-dessous) dont les plans de relèvement des digues avaient provoqué un tollé de critiques aux Pays Bas, alors que les localités américaines en étaient encore à se contenter de telles digues, sans critiques, avant le drame indicible de Louisiane.
Certaines villes américaines ont même adopté la construction des projets similaires à celui de Maeslantkering pour le contrôle des inondations, dont on a une vue sur cette image:
Dans l’État de Californie, les investissements publics sont une tradition, et les investissements publics neerlandais sont l’exemple qu’on cherche à répliquer. Lisez “State Investments in Delta Levees – California, United States”
Voici comment on protège une région contre les inondations, en construisant une digue suffisamment haute sur les deux rives de la rivière (Ci-dessous, image du Delta aux Pays Bas). Evidemment un tel investissement public doit être maintenu et amélioré avec le temps.
Sur les cotes maritimes comme à Douala, le bon gouvernement investit dans la construction des digues de protection. Voici l’image d’une bonne digue, avec en plus des aménagements touristiques spéciaux sur les plages.
Nous n’avons pas appris qu’au Nigeria, sur la même cote atlantique à Calabar ou Port Harcourt, il y’ait eu des inondations catastrophique ce dernier weekend comme dans la ville voisine de Douala. Pourquoi? Le Nigeria, après avoir plusieurs fois été frappé par les inondations, a pris des mesure pour les contrôler. Ce n’est pas encore la perfection; mais les Nigerians sont sur la bonne voie en la matière. Voici une digue au Nigeria:
Les communautés locales (mairies), les régions ou les États (dans une fédération) ont pour rôle de concevoir des projets d’investissements publics, et ensuite de faire des pieds et des mains pour les réaliser. La plus grande source de financement des projets d’investissements publics est l’État, qui collecte des impôts des contribuables dans le but justement de les réaliser. Le président de la république est celui au Cameroun qui détient le pouvoir exclusif d’accorder la réalisation des investissements publics sur toute l’étendue du territoire.
Tout ce dont le Cameroun a besoin (et c’est son plus grand problème actuel, celui qui est à la base de tous ses autres problèmes), c’est d’un système de gouvernement tourné vers l’objectif de l’établissement du bien-être pour tous. Sans un gouvernement investi de la mission de répondre aux besoins des populations sur toute l’étendue du territoire, en fonction des intérêts de tous et du Cameroun, sans discrimination d’ethnies et de régions, le Cameroun va s’enfoncer davantage dans la pauvreté, l’insécurité, et certainement dans une guerre civile qui va finir par le détruire.
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