Je vais être bref. Il s’agit d’une plainte du Directeur général de Camair-Co qui estimait que nous avons fait quelques éditions en parlant de la structure dont il a la gestion. Par mémoire d’histoire, dans toutes les affaires auxquelles Aurore Plus ou aujourd’hui Aurore s’est attaqué, nous avons toujours eu raison.
Je ne vais pas me mettre à énumérer les différents cas. Mais tous ceux qui en savent quelque chose peuvent en témoigner. Le Conseil national de la Communication m’avait envoyé une correspondance qui m’est parvenue une semaine après par une société de courrier étant déjà expirée. Je n’avais pas l’obligation d’aller répondre puisque le délai était dépassé lorsqu’elle m’a été adressée.
Ce qui s’est passé, c’est l’exécution de ce qui a longtemps été préparé. La première rumeur sur la suspension d’Aurore Plus avait couru en juillet 2015. Je crois que suite à un certain nombre de programmations, au niveau du CNC, ils ont estimé qu’il ne fallait pas sortir la décision qui avait déjà été arrêtée. Le pire, c’est que comme aucun crime n’est jamais parfait, le CNC s’est réuni au moment où ses membres étaient forclos. Il a fallu que la presse dénonce le fait que le mandat de ceux qui ont signé cette décision de fermeture des médias et de suspension des journalistes est forclos pour qu’une semaine après, un décret présidentiel vienne les rétablir dans leurs missions au sein du CNC.
Ce qui est évident, c’est que, pour moi, c’est un organe illégitime. Je demande à toute la presse camerounaise de rejeter tout type de convocation ou invitation dont le CNC va leur adresser. Je crois que mon message, par rapport à tout ce qui se passe, c’est que c’est le dernier verrou. Je suis convaincu que c’est au prix même de mon sang s’il faut qu’on en arrive là. Moi, même avec un ordinateur, dans la rue, je paraitrai. Aurore continuera à paraitre. C’est le seul moyen pour que je prenne le peuple, la Communauté internationale à témoin parce que nous gérons cet acharnement depuis 2015.
Ce n’est pas normal que suite à une erreur d’un médecin, qu’on ferme un établissement hospitalier. On a vu dans l’affaire Koumatekel, on n’a pas fermé tout l’hôpital Laquintinie. On a peut-être puni deux infirmiers. L’autorégulation pour laquelle, depuis trente ans, je me bats pour que la presse camerounaise retrouve la liberté doit être effective. On s’est battu pour lever la censure administrative, on se battra pour que le CNC ne soit pas un instrument de pression et d’oppression. Ce qui est sûr, je paraitrai jusqu’à ma dernière goûte de sang.
On vous reproche entre autres d’avoir voulu contourner la décision du CNC en passant d’ «Aurore Plus» à «Aurore»…
On a suspendu Aurore Plus. Mais malheureusement, les bâtiments peuvent changer de dénomination. Nous étions «Aurore» avec une autorisation, un récépissé. La loi de 90 autorise à un Directeur de publication d’avoir trois organes de presse. En 1993, quand le ministre André Tsoungui avait suspendu le Journal Aurore, c’est là où j’ai créé «Aurore plus».
En 1994, quand je suis allé en prison avec Pius Njawe, je venais de créer Aurore Plus. J’ai trouvé inopportun de revenir sur «Aurore» puisque nous avions produit plus d’éditions sous «Aurore plus». Le Conseil national de la Communication n’a jamais convoqué le Directeur de Publication d’Aurore. La dernière convocation qui m’a été adressée, c’est de présenter le récépissé d’Aurore Plus et d’Aurore.
Je ne savais pas que le Conseil national de la Communication jouait déjà les rôles des fiscalistes ou du préfet. On m’a notifié de la suspension d’Aurore Plus et le message porté selon lequel le préfet aurait reçu des instructions de la haute hiérarchie pour sceller Aurore Plus parce que nous continuons de paraitre sous le label d’Aurore.
On vous a donné trois mois de suspension qui seront bientôt consommés. D’ici juin, Aurore plus devrait normalement revenir en kiosque. Pourquoi, selon vous, les autorités ont-elles choisi cette période précise pour sceller votre journal ?
En ce qui concerne la décision de suspendre Aurore Plus au mois de février, je vous avoue que je ne voulais pas entrer en adversité avec les autorités. Mais nous avons, au jour d’aujourd’hui saisi le juge administratif et je suis confiant d’une chose: je connais la justice camerounaise, je fais confiance en la justice camerounaise pour avoir depuis le début de ma carrière, eu presque 240 procès.
Et sur cette somme, les délits de presse avoisinent environ 80 et 90. Surtout, toutes les condamnations que j’ai subies ont été revues à la Cour d’appel. Pour certains, en première instance, on m’a donné gain de cause, toujours pour des délits de presse. Je peux me réjouir d’une chose: c’est qu’en revenant sur Aurore, dans un premier temps c’était pour éviter que nous cessions de travailler, et dans un deuxième temps de montrer qu’à l’illégitimité, je dois opposer l’illégitimité.
Nous étions les premiers à nous opposer à la fermeture d’Équinoxe télévision. J’ai été celui qui a conduit la délégation lorsque Haman Mana et certains journalistes avaient été gardés au SED. C’est moi qui ai dirigé la délégation partant de Douala, pour dire qu’on nous enferme tous. Si la presse, étant un pouvoir, s’arrange à être solidaire, de telles opérations n’arriveront plus. Mais je suis convaincu d’une chose : c’est la dernière apposition de scellés sur les locaux d’un organe de presse au Cameroun…
Propos recueillis par Wiliam Tchango
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.