Voilà un décret qui arrive telle une éclaircie dans un ciel nuageux.
Blocage du dialogue entre le gouvernement et les syndicats enseignants
dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, actes de violences à l’encontre des
lycéens dans l’enceinte des établissements scolaires, maintien partiel
ou total de la fermeture des écoles, arrestation des leaders syndicaux.
Dans cette ambiance glauque, une institution porteuse de bien des
espoirs de paix est née hier de la volonté du président de la
République, comme une réponse forte, originale et prometteuse à cette
crise qui n’en finit pas. Et comme la matérialisation d’une vision.
Elle, c’est la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme
et du multiculturalisme (CNPBM). Nul doute que la rapidité avec laquelle
le chef de l’Etat a mis en place cette instance dont il avait dessiné
les contours dans son message à la nation du 31 décembre dernier aura
surpris plus d’un. En effet, il avait déclaré « être disposé, à la suite
et dans l’esprit des artisans de la Réunification, à créer une
structure nationale dont la mission sera de proposer des solutions pour
maintenir la paix, consolider l’unité de notre pays et renforcer notre
volonté et notre pratique quotidienne du VIVRE-ENSEMBLE ».
Trois semaines plus tard, la Commission est portée sur les fonts
baptismaux avec pour mission de préserver l’héritage bilingue et
multiculturel du Cameroun, en faisant remonter à la surface les
intolérances, les incohérences qui le fragilisent, ainsi que les
frustrations que celles-ci génèrent. Ce faisant, le président de la
République, comme un père de famille à l’écoute des siens, amorce la
résolution en profondeur d’une crise dont les revendications des
enseignants et des avocats ne constituent que la face visible. « Qui
cherche la vérité de l’homme doit s’emparer de sa douleur », écrivait
Georges Bernanos dans son célèbre roman Sous le Soleil de Satan.
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En esquissant comme réponse au malaise dans les régions anglophones
la création d’une instance dont les propositions doivent provoquer un
bouleversement systémique, Paul Biya admet en filigrane que le
vivre-ensemble tel que pratiqué jusqu’alors a pu être une source de
souffrance pour certains de nos compatriotes, blessés et outrés de ne
pas être reconnus dans leurs différences. Pour ceux-là, qui n’aspirent
qu’à vivre dans la quiétude, qui désespèrent de voir leur progéniture
privée d’école, ou leur activité commerciale dépérir, pour tous ceux
qu’exaspèrent les violences, le vandalisme et la pyromanie dirigés
contre l’Etat et les particuliers dans les régions du Nord-Ouest et du
Sud-Ouest, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et
du multiculturalisme est une avancée significative, parce qu’elle
prépare des jours meilleurs.
En revanche, pour ceux de nos compatriotes d’ici et d’ailleurs qui
rêvent de voir instaurer la fédération voire la sécession sous la menace
des grèves et de la division, l’avènement de cette Commission inédite,
véritable chien de garde de l’identité bilingue et de la diversité,
destinée à consolider l’unité et la cohésion nationales, et à jouer au
besoin un rôle de médiation, est un signal d’échec. On peut s’attendre à
ce qu’ils la vilipendent ou la vouent aux gémonies. C’est de bonne
guerre.
Assurément, la célérité qui a caractérisé la mise en place de
la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du
multiculturalisme est l’illustration de l’intérêt tout particulier porté
par le premier Camerounais aux tensions politico-sociales dans les
régions anglophones, mais aussi du choix constant d’un homme d’Etat : le
respect des engagements et de la parole donnée.
Mais force est de convenir que cette manière d’être va bien au-delà
du parti pris d’inscrire ses promesses dans des actions concrètes. Il
s’agit bien plus de la constance de l’homme d’Etat, qui déroule sa
vision du Cameroun sous nos yeux, sans pression aucune et sans
contrainte, mû par la conviction de travailler à l’unité et au bien du
pays reçu en héritage. En revisitant certains de ses messages forts aux
Camerounais, l’observateur ne peut que constater que l’idée de défendre
notre patrimoine culturel et linguistique est une véritable obsession
pour Paul Biya et parcourt ses écrits comme un fil d’Ariane.
Ainsi, lors de son message à la nation à l’occasion du lancement, le
17 mai 2010, de la célébration des Cinquantenaires de l’Indépendance et
de la Réunification, il invitait les Camerounais à garder jalousement ce
qui appartient à leur génie propre : la culture, les langues nationales
mais aussi celles qui sont devenues les leurs. Conserver son
patrimoine, affirmait-il, c’est aussi conserver son identité.
Quatre ans plus tard, à Buea, lors de la célébration du
cinquantenaire de la Réunification, il mettait les Jeunes en garde
contre le piège tendu par certaines forces centrifuges régionales,
tribales ou religieuses. Avant de remettre l’emphase sur le pluralisme
linguistique et culturel, et la nécessité de le préserver.
Il s’agit donc bien là, à n’en pas douter d’un projet de société, de
la vision d’un homme. A l’heure où cette vision va se concrétiser, une
fois de plus, sous la forme d’une institution sur laquelle les
Camerounais de toutes langues et de toutes cultures fondent légitimement
des espoirs, on doit se rappeler que les institutions valent aussi par
les hommes qui les dirigent. A cet égard, les Camerounais savent que le
président de la République, qui connaît mieux que quiconque les enjeux
liés à cette Commission, choisira les hommes et les femmes les plus
engagés pour la défense de l’identité camerounaise, ce joyau à préserver
à tous les prix.
Marie Claire NNANA
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