Pourquoi y a-t-il tant de souffrances, de maux et de perversions dans la société camerounaise ? Est-ce le refus de Dieu qui explique tout cela ? C’est la réflexion que nous propose l’Abbé Aurélien Lehoun Mbéa, prêtre du Diocèse de Ngaoundéré.
La Souffrance. On la vit, on la subit, comme on l’entend et voit à travers les tristes événements dans le pays et ailleurs. Par le truchement des moyens modernes de communication, chaque jour nous sommes abreuvés par une suite d’informations les pires que les autres, si l’on s’en tient aux nouvelles récentes.
Que de catastrophes (incendies des marchés à Douala , Ngaoundéré ; Bafoussam), des marchés importants à travers la République ont volé en fumée ; des inondations (à Maga, Girvidick, KaïKaï, à Babessi, à Doumé) engendrant la famine et des maladies ; des épidémies ( choléra, paludisme, VIH/SIDA), des accidents de la circulation (avec le triangle de la mort qui emporte des centaines de vie chaque année) , des cruautés (assassinats perpétrés, violences et viols sur les enfants et les femmes) des injustices, des perversions (homosexualité, adultères, fornication, mensonge, médisance...) d’autres maux qui minent la société camerounaise (corruption, tribalisme, favoritisme, incivisme, détournement de denier public, le chômage...).
Si l’on rentre un peu en arrière, on se souvient du drame du 14 février 1998 à Nsam. Ce jour là, des centaines de personnes ont trouvé la mort, prises au piège des flammes. Cette catastrophe est, jusqu'aujourd'hui, la plus marquante qu'a connue le Cameroun après celle du lac Nyos, dans la région du Nord Ouest en 1988. La catastrophe aérienne de Douala au mois de mai 2007 a laissé dans la mangrove de Mbanga Mpongo 114 vies humaines.
Et comme si cela ne suffisait pas, au mois de novembre de la même année, une collision entre deux trains dans la banlieue de Ngomo a ôté la vie à 37 pauvres Camerounais. Un mois après, c’est-à-dire en décembre, la route Douala-Bafoussam non loin de Njombé Penja a fait 32 morts. En février 2008, à peine après avoir enregistré les morts de 2007, les émeutes de la faim secouent le Cameroun. Le nombre de décès enregistrés reste toujours un mystère.
Hors de nos frontières, la situation n’est pas aussi différente. Entre accidents de la circulation, incendies des marchés, propagation du virus cholérique, la corruption, le constat permet de conforter la thèse selon laquelle, le Cameroun subit de plein fouet les conséquences d’une décrépitude religieuse, civique, morale et politico-managériale.
La souffrance est l'une des grandes questions posées à la conscience des hommes. Elle fait partie de notre vie. Tout homme y est confronté tôt ou tard. A juste titre, elle est souvent perçue comme un scandale. Elle revêt diverses formes, la maladie, la douleur, la souffrance morale ou la dépression. Elle peut susciter la marginalisation.
La souffrance est l'une des grandes questions posées à la conscience des hommes. Elle fait partie de notre vie. Tout homme y est confronté tôt ou tard. A juste titre, elle est souvent perçue comme un scandale. Elle revêt diverses formes, la maladie, la douleur, la souffrance morale ou la dépression. Elle peut susciter la marginalisation.
La Bible ne la passe nullement sous silence ; elle l'évoque dès les premières pages, dès le commencement. Et tout au long de la Bible, des hommes ont exprimé, même crié leur souffrance et leur douleur. Par exemple Job, un homme juste, dit : « moi si je parle, ma douleur n'en est point calmée, mais c'est que maintenant Il m'a poussé à bout » (Job 16, 6-7). L'auteur du psaume 22 s'en prend à Dieu : « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné? ».
La souffrance et le mal vont de pair. Lorsque Dieu a créé le monde, tout était parfait. L'homme était en harmonie avec Dieu. Il était heureux et libre d'explorer le monde dans lequel il avait été placé. C'est l'histoire d'Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Lorsque Dieu fit l'homme, il lui donna son libre arbitre. Indépendamment de l'instinct et des réflexes qu'il partage avec les animaux, l'homme a la liberté d'obéir ou de désobéir à Dieu. Dès le début, l'homme et la femme se sont rebellés contre Dieu. Chaque individu est désormais marqué par l'égoïsme et l'orgueil.
D’où vient la souffrance ?
La souffrance est une conséquence directe du péché, et ne peut en aucun cas être imputée à Dieu. L’homme a été chassé du jardin d’Eden pour lui éviter de manger du fruit de l’arbre de la vie et d’être éternellement perdu. C’est Dieu lui-même qui protège la nudité de l’homme, qui lui est devenue pénible, car il voit et ressent en permanence l’état de péché dans lequel il est (Gn 2).
De nombreuses souffrances s'expliquent par le fait que l'homme néglige les lois que Dieu lui a données. Rappelons quelques commandements :
« Honore ton père et ta mère...Tu ne commettras pas de meurtre ». La vie humaine est sacrée. Mère Teresa avait dit pourquoi s’étonner de la souffrance et la cruauté de l’humanité : « si une mère peut tuer sa propre progéniture, que peut-on attendre de l’autre ? » « Tu ne commettras pas d'adultère ».
« Honore ton père et ta mère...Tu ne commettras pas de meurtre ». La vie humaine est sacrée. Mère Teresa avait dit pourquoi s’étonner de la souffrance et la cruauté de l’humanité : « si une mère peut tuer sa propre progéniture, que peut-on attendre de l’autre ? » « Tu ne commettras pas d'adultère ».
Le mariage est un engagement unique entre mari et femme, excluant toute relation intime extraconjugale. "Tu ne commettras pas de vol (ou rapt).""Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain". Dire et vivre la vérité est vitale dans les rapports avec autrui. « Tu n'auras pas de visées sur la maison de ton prochain. Tu n'auras de visées ni sur la femme de ton prochain, ni sur son serviteur, sa servante, son boeuf ou son âne, ni sur rien qui appartient à ton prochain ». Exode 20.12-17
Souvent, de l'envie, naissent vols, meurtres, adultères et mensonges. Elle devient ainsi le mobile pour violer tous les Commandements. Dieu a donné ces lois pour le bien de l'homme. Quand l'homme ne les respecte pas, il subit les conséquences de son choix. Inévitablement, il se crée des souffrances. Le message de la Bible est clair et net. Nous ne pouvons pas mettre nos injustices sur le compte de Dieu. Ce serait trop facile !
L’homme a donc sa liberté. Qui est responsable des guerres, des famines, des massacres, des génocides ? Qui pollue les rivières et pourrit la pluie, salit les eaux et la rend imbuvable, rase les forêts ? Qui transforme la nourriture naturelle et saine en bouillie chimique cancérigène et plastifiée, provoquant une explosion des maladies étranges, des pathologies incurables et des cancers ? Qui a créé un monde égoïste et individualiste où l’argent règne en maître, où personne ne regarde son voisin et ou « aimez-vous les uns les autres » est devenu un slogan obsolète pour hippies mystiques ?
Lorsqu’une personne peut s’arroger impunément de voler des milliards au détriment de la masse ? Comment voulez-vous que les autres vivent ? Jean-Jacques Rousseau constate qu’à la différence des animaux, l’homme possède cette capacité de faire le mal, de le savoir et de s’y complaire (là où l’animal n’a presque jamais conscience de “faire le mal”). Jankélévitch dans L’innocence et la méchanceté, renchérit en disant que : « la méchanceté est un habitus, une manière d’être d’un individu et de s’y plaire ».
Pire encore, l’homme est capable de faire le mal même inutilement, même sans en retirer aucun bénéfice: la gratuité du mal, l’horreur du mal, tellement humaine. L’homme interagit avec la nature et la modifie, la transforme: en bien ou en mal.
Amour et la conversion
Jusqu'à une époque encore récente, les possibilités de calmer la douleur étaient réduites. La souffrance avait un sens : le malade participait à la souffrance du Christ, ce qui lui permettait de supporter sa douleur. En 1984, Jean Paul II publie une Encyclique sur le sens chrétien de la souffrance humaine : Salvifici doloris. Les chrétiens sont appelés à vivre leur souffrance comme participation du don du Fils au Père.
Jusqu'à une époque encore récente, les possibilités de calmer la douleur étaient réduites. La souffrance avait un sens : le malade participait à la souffrance du Christ, ce qui lui permettait de supporter sa douleur. En 1984, Jean Paul II publie une Encyclique sur le sens chrétien de la souffrance humaine : Salvifici doloris. Les chrétiens sont appelés à vivre leur souffrance comme participation du don du Fils au Père.
Jean nous dit : « Jésus qui avait aimé les siens qui sont dans le monde les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1). Cet amour jusqu’au bout de lui-même révèle une beauté à laquelle on ne peut qu’adhérer. Dans le conflit de l’horreur et de la beauté, la beauté est gagnante. Pour nous chrétiens, face au mal et à la souffrance, nous devons déployer l’amour et la conversion dans notre vie quotidienne.
Le monde a besoin d’une « civilisation de l’amour » et non une culture du mal, de la haine et de la violence. « Lue au coeur de la foi chrétienne, la résurrection est non seulement la confirmation par le Père de la « justice » de Jésus, mais aussi la manifestation de la fécondité de son amour. La mort a été vaincue par la vie ».
« S’il est vrai que la souffrance a un sens comme punition lorsqu’elle est liée à une faute, il n’est pas vrai, au contraire, que toute souffrance soit une conséquence de la faute et ait un caractère de punition ». (Jean-Paul II, Salvifici doloris) Pour autant, la souffrance demeure liée au mal, à travers le mystère du péché originel, qui n’a pas été voulu par Dieu, mais qui touche tous les hommes. À Adam et Ève, Dieu révèle que la peine sera désormais constitutive de leur vie.
« À l’homme, Dieu dit : parce que [...] tu as mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger, maudit soit le sol à cause de toi ! À force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie ». (Ge, III, 18) Le récit de la Genèse révèle que ce n’est pas Dieu qui est la cause du mal dans le monde ; bien au contraire, le mal est l’absence du Bien, sa limitation ou son altération, un Bien dont l’être humain, cependant, garde conscience.
Ne pas se résigner
Se résigner est contraire à la volonté de Dieu. Ainsi parle Dieu: « J'ai entendu ta prière et j'ai vu tes larmes... Je te délivrerai » (Esaïe 38, 5-6). Dieu est sensible à notre cri, même à notre révolte. Dans la souffrance, il est proche de nous. L'homme n'a pas à se résigner. Job, le juste, ne supporte plus le discours de ses amis qui ont vainement essayé de le consoler, à leur manière, et même de donner une explication à sa souffrance. Il en appelle à Dieu, car il veut en savoir davantage.
La prière confiante de Job n'est pas déçue, Dieu intervient, il n'élude pas ses questions. Au contraire, il les prend en compte. Une relation s'établit entre lui et Dieu. Job découvre en Dieu un vis-à-vis qui a la volonté de le rétablir. Il en témoigne : « maintenant mes yeux t'ont vu » (Job 42, 5), « je sais que mon rédempteur est vivant » (Job 19, 25).
Dans nos détresses, la prière reste primordiale. Elle nous invite à partager nos soucis, nos préoccupations, à dire notre révolte à Dieu. Elle établit avec Dieu un dialogue qui arrache à la solitude de la souffrance.
Jésus a été ému de compassion envers les malades et les souffrants. Il a réalisé des guérisons physiques, mais il n'a pas voulu être un magicien, un sauveteur. Sa mission était de guérir l'homme dans tout son être, corps et âme, et surtout de montrer par des signes, quel est le projet de solidarité et de renouvellement de Dieu pour l'humanité. Africae Munus du Pape Benoit XVI nous exhorte à être lumière du monde et sel de la terre.
De passer du stade de témoin passif à un témoin actif.
De passer du stade de témoin passif à un témoin actif.
Car, force est de constater que plusieurs chrétiens, sous prétexte qu'ils ne peuvent pas s'en sortir autrement, se sont fait une raison et se sont résignés à des pratiques corrompues, et certains mêmes n'hésitent pas à expliquer leur « prospérité » par cette attitude. « C'est devenu normal, c'est comme cela que ça se passe. On va faire comment ? », Arguent-ils ?
Mais il faut changer les choses.
Le Seigneur attend de nous une attitude active contre la corruption, la perversion et les autres fléaux ! En plus de nous en garder, nous devons les dénoncer dans la société et poser des actes dans le but de les faire reculer. Si nous considérons les choses dans cette perspective, alors nous serons poussés à agir, pour qu'enfin, l'Eglise joue pleinement son rôle de lumière et de sel.
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