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Jean-Marie Mollo Olinga : Les bons « mouilleurs »

Vous savez tous très bien comment on appelle les mauvais joueurs chez nous, les joueurs dépassés par les événements, en somme, les joueurs qui ne réussissent (plus) rien sur le terrain de jeu, si tant est que la politique est un jeu. Eh bien ! si vous l’avez oublié, on appelle ces joueurs-là les « mouilleurs ». A une époque, lorsque nous manquaient assurément des éléments de comparaison, nous avions véritablement pu penser que ces joueurs-là fussent les meilleurs. A l’heure actuelle, que nenni ! Comme la ruse de l’histoire, pour emprunter à Hegel, peut être cruelle ! Et puis, qui ignore qu’au pays des aveugles, les borgnes sont rois ?

La semaine dernière, nous avons appris de Baham qu’un ancien proche collaborateur de notre Nnom Ngui national est devenu un patenté boxeur. Cet ancien bon joueur, qui se vantait à l’époque de ne pas manquer d’équipe, est certainement en train d’oublier que chaque chose, ici bas, est confrontée à l’épreuve du temps. Sinon, Milla, Pelé ou Maradona soulèveraient encore des foules dans les stades aujourd’hui.

Au lieu de se retirer sagement comme eux, pourtant véritables talents devant l’Eternel, notre ancien bon joueur (hi ! hi !hi !) s’est remis à mouiller (il est devenu un « mouilleur », je vous l’ai dit) le maillot, et cette fois, pas même du banc de touche, mais des gradins. Et comme tout prétendu bon joueur qui surestime ses capacités réelles, notre ancien bon joueur s’est remis aux entraînements.


On l’a alors vu écumer des plateaux de télévision, pour raconter sa vie du temps où il était titulaire d’une équipe où, bien entendu, les borgnes étaient rois. Ce qui ne fut pas du tout à son avantage, car il a dû ulcérer le Nnom Ngui avec ses allusions à ce qu’il alléguait comme bilan. Or, tout le monde sait que les créatures du Nnom Ngui ne créent ni n’inventent absolument rien ; elles n’en ont ni la capacité physique, ni la capacité intellectuelle ( elles ont renoncé à réfléchir par elles mêmes), car tout ce qu’elles font ou entreprennent l’est « sur très hautes recommandations  » ou « sur très hautes instructions » du Nnom Ngui.

 Comment cet ancien joueur pouvait-il dès lors se targuer d’avoir simplement imaginé ci ou ça dans le pays du Nnom Ngui ? Il s’est certainement persuadé de rentrer en jeu lors des sénatoriales passées, mais son capitaine-entraîneur-sélectionneur nnom nguien l’a souverainement oublié. Et à force d’attendre, alors que le temps, lui, s’écoule inexorablement sans forcément le rajeunir, le néo-boxeur a commencé à s’énerver.

Surtout que, crime supérieur de lèse-majesté, un blanc-bec a osé lui rappeler de tristes souvenirs concernant sa moitié, lui qui aurait pu, en la casant à  l’Assemblée, faire d’une pierre deux coups : il lui conférait une immunité, et continuait à plastronner, cette fois-ci, depuis le lit conjugal. Son coup ayant raté, lui qui se définissait  – pour effrayer un journaliste ? - sur une chaîne de télé récemment comme « un crocodile » est sorti de sa rivière, pardon, de ses gongs, pour montrer son autre visage au grand public.

Koum ! Pan ! Soit dit en passant, il paraît que tous les êtres humains ont deux dimensions : ils sont anges et bêtes. Mais, à ce qu’il semble, le malheur veut que qui veut faire l’ange fasse la bête. Il paraît également que ceux qui savent refréner leurs pulsions font partie des plus grands, des meilleurs, ceux, probablement, que Platon désignait par « philosophes ». C’est eux qui sont aptes à diriger. Qu’à cela ne tienne, la gifle ou les  coups de poing publics de Baham viennent, une fois de plus, nous convaincre, avec Rabelais, que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». 
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