Le timoré et taciturne Paul Biya a réussi en 32 ans de pouvoir, à prendre en otage toute la République. Il détient l'agenda de toutes les institutions, de toute initiative, même les plus banales. Faut-il que les sénateurs, comme le dit leur règlement intérieur, élisent en âme et conscience leur Président, il faut attendre le «boss». Il va d'abord faire convoquer la session quand il veut. Une fois ouverte, c'est encore lui qui va décider du jour de l'élection du bureau. Mieux, il fait convoquer ses sénateurs, qui constituent l'essentiel de la chambre, à une réunion qui ne se tient pas au siège de son parti, mais carrément à l'hémicycle censé pourtant être celui de tous les partis. Ici, ils reçoivent la «consigne de vote». Pas de discussion. Ils partent attendre l'heure de la plénière et votent un candidat déjà connu. Scénario similaire à l'Assemblée nationale, où le 18 mars dernier, l'on a poussé l'insolite jusqu'à partager des bulletins de vote d'un Cavaye Yeguié Djibril qui trône au perchoir depuis 1992, par la volonté singulière de Paul Biya.
Selon des sources sûres, lui-même n'est jamais informé de sa reconduction ou non. Ce stress dure depuis 22 ans. Connaissant l'étendue du pouvoir de ce président-fait-tout, Cavaye, une fois élu mardi dernier, a déclaré: «Je n'ai pas trahi, je ne trahirai jamais Son Excellence Paul Biya. Je le dis ici pour que nul n'en ignore. C'est compris.
Au-delà du législatif devenu sa chasse gardée, Paul Biya est le premier des magistrats. Il les nomme comme il veut, les révoque aussi. Les salles d'audience sont bondées de ses effigies. L'opération Epervier qu'il présente comme une campagne de lutte contre la corruption est perçue par plusieurs acteurs comme une manière de couper les têtes. S'agissant de l'exécutif, c'est le comble. Chaque fois qu'un Ministre prend la parole, la première phrase est connue: «Sur instruction du Chef de l'Etat...». Pas d'initiative personnelle donc.
Pareil pour la vie des institutions. De jeunes magistrats sortis de l'Enam doivent attendre deux, trois ans pour être sur le terrain. C'est Paul Biya qui préside la cérémonie de leur sortie. C'est également le cas pour les militaires de l'Emia. Même des célébrations telles que les cinquantenaires ont fini par se conformer non pas à un calendrier normal, mais à un agenda d'un Président jamais pressé. Conséquence, l'inertie s'est installée, rien ne bouge. 32 ans après, en décembre 2013, il fait le même constat et sert aux Camerounais des questions auxquelles il est sensé répondre. Une curiosité.
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/ Comment le Chef de l'Etat a pris en otage toute la République, décidant seul de tout et sans contrainte ni de temps ni de la législation par Younoussa Ben Moussa
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