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"La décision du gouvernement camerounais de procéder, le 30 juin dernier, à une augmentation des prix des produits pétroliers s’est faite sans aucune pression de la Banque mondiale" par Hervé B.Endong

Dans une interview accordée à l’agence Aic, le directeur des opérations de l’institution financière pour les pays de la Cemac soutient mordicus que la BM n’a fait aucune pression sur le Cameroun.

Gregor Blinkert se veut formel. « La décision du gouvernement camerounais de procéder, le 30 juin dernier, à une augmentation des prix des produits pétroliers s’est faite sans aucune pression de la Banque mondiale », souligne, d’entrée de jeu le directeur des opérations. « Il s’agi d’une décision souveraine du gouvernement du Cameroun », soutient-il, en indiquant qu’il a appris cette mesure à travers les médias. La BM se dédouane ainsi, en lâchant le gouvernement qui, pour justifier cette hausse, n’hésite pas à mentionner le nom de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi). 

Plusieurs membres du gouvernement se sont arc-boutés sur une étude réalisée et publiée il y a quelques mois par la Banque mondiale sur l’inopportunité de la subvention aux produits pétroliers au Cameroun, pour justifier cette « pression ».  «Vous avez suivi le Fonds monétaire international aussi. On a fait des analyses. Et un point important de cette analyse, c’était que les bénéficiaires de cette subvention n’étaient pas les pauvres. Ce sont plutôt les plus aisés de la société camerounaise. L’analyse l’a démontré. Par contre, les pauvres utilisent très peu les produits qui ont besoin du gasoil ou de l’essence. Aussi, l’analyse a montré que le pétrole lampant est utilisé par les pauvres. 
Et j’étais très content quand le gouvernement a décidé de ne pas changer le prix du pétrole lampant», déroule Gregor Blinkert, en donnant au passage son avis sur les vrais mobiles de cette hausse des prix du carburant intervenue le 1er juillet 2014. « La subvention à la consommation des produits pétroliers au Cameroun commençait déjà à coûter trop cher à l’Etat à partir de 2010. Ça coûtait 400 milliards de francs Cfa par an. Pour le premier semestre de cette année 2014, ça coûtait déjà plus de 150 milliards de francs Cfa au Trésor public. 
Quelle est la meilleure utilisation des ressources publiques ? Faut-il utiliser les ressources publiques pour subventionner le carburant ? Ou faut-il utiliser les ressources publiques pour les investissements ?». A travers cette sortie, la BM veut mettre les points sur les « i », surtout que le gouvernement n’est pas seul à penser que la BM a exercé la pression sur lui, pour qu’il réajuste les prix.

Mauvais alibi

Il y a les médias aussi et même l’opinion publique. Les hauts fonctionnaires du bureau local de la Banque mondiale, à Yaoundé, ne veulent pas gober l’argumentaire selon lequel c’est la Banque mondiale qui fait feu de tout bois, pour que le gouvernement camerounais mette un terme aux subventions allouées aux produits pétroliers. L’institution de Bretton Woods reconnaît néanmoins avoir attiré l’attention des autorités sur cette question en début d’année 2012. « En réalité, le travail que nous avons débuté était celui de voir clair dans ce que coûtent les subventions du prix de l’essence à la pompe pour le pays et sa population. 
À notre avis un tel examen préalable permet juste de fournir des informations à l’Etat et au peuple qui ensuite prend les décisions. Maintenant, une fois les informations disponibles, on ouvre le dialogue avec les différentes parties prenantes, pour voir ce qu’il faut faire. Est-ce qu’il faut continuer de subventionner le carburant, même si cela profite également aux plus riches et que la durabilité d’une telle politique n’est pas garantie ? 
Est-ce qu’il faut arrêter les subventions et faire profiter de l’économie des fonds faits, pour améliorer certains secteurs sociaux, attaquer, la pauvreté ou encore investir », commente un responsable du bureau de Yaoundé cité par le confrère Journalducameroun. « Nous à la Banque  pensons et sommes convaincus que c’est une décision du gouvernement et le peuple camerounais. A notre niveau, nous partageons l’expérience des autres pays qui ont géré les mêmes contraintes en rapport à la subvention des prix du carburant », ajoute-t-il.
C’est en février 2012 que le bureau local de la Banque mondiale ressuscite le débat sur le problème de la subvention des produits pétroliers par l’Etat camerounais. Au cours d’une intervention dans les «Cahiers économiques du Cameroun» lancés en février 2012, l’économiste en chef de la Banque mondiale, à Yaoundé, Raju Jan Singh, revient à la charge.  Ce dernier suggère à l'Etat de dépenser encore moins pour atteindre de meilleurs résultats. «A cet égard, le poids de plus en plus important des subventions, notamment celles liées aux produits pétroliers, est une source d'inquiétude», prévient-il. 
Ce dernier suggère donc de prendre des mesures qui permettraient de transposer à plus grande échelle les programmes de transfert et qui mettraient en place des filets de protection sociale efficaces. «Il faudra alors que l'argent qui devait y servir soit plutôt reversé pour mettre en place des filets de protection sociale», insiste le haut fonctionnaire. Les autorités camerounaises gagneraient donc à trouver un autre alibi, pour justifier la hausse des prix des produits pétroliers.
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