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RÉACTION DE L'HONORABLE JEAN MICHEL NINTCHEU À PROPOS DE L' "APPEL DE LA LÉKIE"‏

C’est avec stupeur et indignation que j’ai pris connaissance des faits inadmissibles rapportés par le RDPC à travers ses dignitaires au cours d’un meeting tenu le 31 août dernier à Obala  à l’issue duquel des élites du département de la Lékie ont rendu public une « émotion » de soutien au Chef de l’Etat dans laquelle ils appellent à une guerre totale contre la secte islamique et étrangère Boko Haram et surtout évoquent au détour d’une phrase : « Non aux complices de Boko Haram, principalement dans les régions septentrionales du Cameroun, et à leurs stratégies sournoises ou leurs tentatives d’incitation à la partition du territoire national, à la lumière des développements regrettables enregistrés dans d’autres pays ou régions de notre continent africain. ».


Tout en étant profondément choqué, je condamne avec la plus grande vigueur ces propos qui sont une incitation anticonstitutionnelle à la division ethnique et régionaliste du peuple camerounais.
Il n’est de secret pour personne que nos compatriotes issus de ce département, qui n’ont pas choisi d’en être des originaires dès leur naissance, sont un peuple travailleur, épris de paix et d’une légendaire hospitalité vis-à-vis des populations de quelque région du pays que ce soit. Aussi ces propos tenus par le RDPC, à travers les signataires de ce pamphlet qui s’autoproclament par ailleurs porte-parole de ce département, sont de nature à plonger nos compatriotes de la Lékie dans la tourmente ainsi que ceux de la partie septentrionale du pays dans la révolte surtout en ce moment où ils sont entrain de vivre les heures les plus sombres de leur existence. Eux qui pour la plupart, notamment dans les zones frontalières à l’Extrême-Nord, vivent un inimaginable cauchemar en ce sens qu’ils sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. Eux qui sont aujourd’hui sans abri et dont les familles sont meurtries. Il ne faudrait pas en rajouter au drame de ces compatriotes qui souffrent et qui continuent de subir les affres de cette violence qu’on lui a malheureusement imposée.  Le fait de les stigmatiser en échafaudant des critiques épouvantables,  imprudentes et de surcroit d’une incroyable violence relève pour certains d’une cécité politique abyssale et pour d’autres, plus nombreux, d’une construction machiavélique volontairement entretenue à des fins inavouées. Cette dernière catégorie veut en réalité se servir comme par le passé de leur clan politique au pouvoir pour régler des comptes politiques contre des compatriotes qui n’aspirent dans leur grande majorité qu’à vivre en paix.
Sur un tout autre plan, les proclamations scandaleuses et indignes tenues par ces haineux désespérés de la Lékie qui ont manifestement planifié de marcher sur un fleuve de sang pour conserver le pouvoir, sont un boulet pour le Président de la République qui ne cesse de clamer à juste titre à longueur de discours que le pays a plus que jamais besoin de toutes ses filles et ses fils dans la bataille contre l’insurrection armée. En agissant de la sorte, ces pyromanes zélés de la Lékie prêtent le flanc aux rebelles qui tenteront de justifier la guerre civile par le fait qu’ils sont victimes de la politique de la chasse aux sorcières. Surtout que cet appel a été précédé par l’arrestation dans des conditions rocambolesques et pour des raisons non encore clairement élucidées de deux personnalités du septentrion à savoir Me ABDOULAYE HARISSOU - présenté comme le notaire du ministre MARAFA HAMIDOU YAYA- et le Président national du MPSC, ABOUBAKAR SIDIKI.
"En tant que Député de la Nation, je me réserve le droit de donner aux signataires de ce communiqué nauséeux et antirépublicain les suites judiciaires qu’ils méritent devant les juridictions compétentes du pays"
Afin que nul n’en ignore, il doit être clairement établi que l’« Appel de la Lékie » - portant de surcroît les signatures de Henri EYEBE AYISSI et de Jean Bernard NDONGO ESSOMBA alors qu’ils sont encore pleinement dans l’exercice de leurs fonctions respectives de ministre délégué à la présidence en charge du contrôle supérieur de l’Etat et Président du Groupe parlementaire du RDPC à l’Assemblée nationale - compromet dangereusement la paix sociale et l’unité nationale dans son ensemble, est totalement inadmissible mais surtout fortement répréhensible car les propos qui y sont contenus constituent une violation flagrante de notre Constitution qui dispose dans son Préambule :
« Le Peuple camerounais :
· Proclame que l’être humain, sans discrimination de race, de religion, de sexe, de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés.
· Affirme son attachement aux principes suivants :
- Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie au cours d’un procès conduit dans le strict respect des droits de la défense
- Nul ne peut être inquiété en raison de ses origines, de ses opinions ou croyances en matière religieuse, sous réserve du respect de l’ordre public et des bonnes mœurs. »
Dans l’alinéa 2 de l’article premier, notre loi fondamentale dispose également que : « La République du Cameroun est une et indivisible, laïque, démocratique et social. ».
A la lumière de ces articles, il est évident que les propos contenus dans ce communiqué rendent le ministre Henri EYEBE AYISSI et le Président du Groupe RDPC à l’Assemblée nationale Jean Bernard NDONGO ESSOMBA coupables de violation de chacune de ces dispositions constitutionnelles.
Par ce que les signataires de l’ « Appel de la Lékie » veulent introduire officiellement le « virus de la xénophobie régionaliste » dans notre société, le Président de la République qui est le garant constitutionnel de notre unité nationale doit fustiger publiquement ce comportement bouffon et sanctionner sévèrement les auteurs de ces agissements stupides aux conséquences incalculables, en les démissionnant ou en les démettant de leurs fonctions.Tout poncepilatisme du Chef de l’Etat, en plus de courir le risque de démobiliser nos vaillants soldats originaires du septentrion qui sont sur le terrain des opérations et qui risquent quotidiennement leurs vies pour la Nation, administrera la preuve que c’est bien son régime qui pour régner, incite et entretient la division et la haine entre les ethnies et les régions du pays.
Pour ma part, en tant que député de la Nation, je me réserve le droit de donner aux signataires de ce communiqué antirépublicain et nauséeux les suites judiciaires qu’ils méritent devant les juridictions compétentes du pays pour incitation à la haine ethnique.
Fait à Douala le 07 septembre 2014.
Honorable Jean Michel NINTCHEU,Député de la Nation.
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