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6 NOVEMBRE 1982- 6 NOVEMBRE 2012: 30 ANS DÉLIQUESCENCE DU RÉGIME BIYA, INCAPABLE DE FAIRE AVANCER LE PAYS par Christian Ngo'obo


Le 04 novembre 1982 au Cameroun, la panique avait gagné les rangs des populations, la radio nationale ayant annoncé la démission d'Ahmadou Ahidjo .Il décidait de quitter ses fonctions de président de la République pour les confier à Paul Biya, son « successeur constitutionnel ».  Un an plus tôt, le président Léopold Sédar Senghor du Sénégal, alors âgé de 74 ans, avait démissionné de ses fonctions et passé le témoin à Abdou Diouf. Le président Ahmadou Ahidjo alors âgé de 58 ans devenait ainsi le deuxième président africain à quitter volontairement le pouvoir par la démission.
Ahidjo ne savait pas dit-on qu'il avait confié la gestion du pays à un régime de fer. Et l’opinion camerounaise se souvient de ce que le prédécesseur d'Ahidjo a fait pour effacer ses traces au Cameroun. 
Biya s'accroche au pouvoir
Au pouvoir au Cameroun depuis plusieurs décennies, Paul Biya avait été réélu au premier tour le 11 octobre 2004, suite à une élection présidentielle très contestée. Il avait obtenu près de 75% des voix. Le 10 avril 2008, l’Assemblée nationale acquise à sa cause a adopté un projet de loi sur la révision constitutionnelle avec 157 voix pour, 5 contre et 15 non votants. Très vite, ce projet a été critiqué par l’opposition. Car, il permet au chef de l’Etat camerounais de prétendre à un autre mandat à la fin de celui-ci en 2011. Et Paul Biya de toujours chercher à neutraliser les opposants. La moindre critique permet ainsi de les assimiler à des comploteurs.
Pour n’avoir pas sorti le Cameroun du trou, Paul Biya redoute de ses proches. Démettre ou jeter en prison, c’est le propre des régimes aux abois qui se débarrassent de partisans encombrants, et répugnent toute contestation. L’on se rappelle encore la grande brutalité du régime de Paul Biya qui, dans un passé récent (2008), a réprimé sévèrement de paisibles manifestants. Ils avaient eu tort de dire un peu trop bruyamment qu’ils n’approuvaient pas le tripatouillage de la Constitution. La répression systématique, c’est aussi dans les habitudes d’un pouvoir qui se caractérise par le manque d’alternance et qui devient allergique à toute forme de critique. En particulier de la part des journalistes dont le rôle de contre-pouvoir est le plus souvent mal compris, ignoré et rejeté des dirigeants africains.
Les opposants camerounais semblent pourtant bien résignés. Ils semblent avoir décidé de baisser les bras face au chef de l’Etat qui paraît pourtant fatigué par l’usure du pouvoir. Quid alors de la démocratie ? Dans tous les cas, ce type de régime ne peut que créer une situation pouvant conduire le pays à vau-l’eau.
De telles conditions génèrent inévitablement des vices comme l’achat de conscience et la corruption. Celle-ci se pratique du bas de l’échelle aux plus hautes sphères de l’État. Ainsi, les fonctionnaires notamment se sont mis à vendre leurs services. La corruption quotidienne est appelée Gombo, bière, taxi, carburant, motivation, le tchoko, etc.
En déclenchant l’opération « Epervier », le régime Biya entendait épurer le pays de ses corrompus et corrupteurs. Quelques gros poissons ont sans doute été pris pour servir d’exemples. Toutefois, de nombreux autres nagent toujours. Ces opérations coups de poing donnent en même temps l’occasion au régime en place de régler des comptes. Une répression déguisée qui finit toujours par créer une psychose collective. Le climat politique en devient tel que les opposants les plus déterminés se ramolissent.
Pourquoi donc le Cameroun, ce pays si riche en intellectuels de renom et en ressources naturelles, éprouve-t-il tant de mal à répondre à la demande sociale ? Pourquoi, cinquante ans après l’indépendance, le citoyen moyen souffre-t-il d’une épidémie comme le choléra qui décime les populations ? Pourquoi ce pays, véritable constellation de joueurs talentueux, ne dispose-t-il pas d’un bon stade de football ? Bref, autant de questions qui illustrent la déliquescence du régime Biya, devenu incapable de faire avancer le pays.

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