Autrement
dit, nous, Camerounais, sommes aussi responsables à un certain degré du
surgissement d’une société du faux, de la médiocrité et des voleurs faits rois
via notre admiration du style vénal du Renouveau National. Le peuple
camerounais, au lieu de se révolter devant la braquage de son patrimoine et de
ses droits, a plutôt tendu la main pour se faire nourrir par ceux de sa
famille, de son ethnie, de sa parentèle et de son voisinage qui ont su comment
faire de l’Etat camerounais un distributeur automatique d’espèces sonnantes et
trébuchantes : nous avons accepté d’être les mendiants des pilleurs de nos
richesses collectives et nous n’avons pas individuellement et collectivement
trouvé le moyen de nous débarrasser de la truanderie en place.
Plan du document
- L’opération épervier est-elle devenue l’opium des
Camerounais ?
-Tous et
chacun responsable de la faillite camerounaise
-La réversibilité
des fausses valeurs et du mal causé est peu probable à court et moyen terme
1. La
trahison de Mamadou et Bineta
2. Le Christ
était-il chrétien au regard du cas Mendo Zé ?
3.La parole des aînés, des éducateurs et de l’autorité
Lorsque l’extraordinaire
devient ordinaire dans une société, il faut se demander si son peuple n’est pas
finalement en proie à une sorte de fatigue morale et de lassitude psychologique
dont la sortie semble autant difficile que tirer une économie de la déflation.
Le peu de commentaire, d’indignation et d’intérêt que les Camerounais accordent
désormais aux incarcérations, malversations, décès, procès et grâces présidentielles
relatives à ceux qui les dirigent depuis plus de trente ans, justifie cette
question car de lourdes conséquences peuvent surgir de cette désinvolture généralisée,
ce sans-gêne qui semble le signe à la fois d’une déflation de la capacité d’indignation
et d’une rupture totale du lien fiduciaire et des mondes vécus entre les
Camerounais ordinaires et l’élite au pouvoir.
Rupture
pourtant artificielle car autant le Renouveau National est une expérience
politique collective pour Paul Biya et ses collaborateurs, autant il est une
expérience politique personnelle pour chacun d’eux pris individuellement. Il en
est de même pour tous les Camerounais et toutes les Camerounaises même si le
degré de responsabilité et les statuts ne sont pas les mêmes. Le Cameroun est
donc en présence d’une faillite collective à la fois populaire et élitiste car
plusieurs d’entre nous - si ce n’est la majorité - admirons les spoliateurs de
la république, les adulons et envions leurs richesses mal acquises. La société
camerounaise a fait des élites truandes des modèles à suivre et de leurs avoirs
la valeur suprême de notre pays au point de faire des émules dans la jeunesse.
Conséquence, le « j’ai donc je suis » règne en maître. Nous le cautionnons
et nous voulons en être l’incarnation dans un océan de misère comme en témoignent
une certaine sollicitude et des soutiens à l’endroit de Gervais Mendo Zé et d’autres
incarcérés.
Dès lors,
lorsque Mendo Zé ou tout autre responsable du Renouveau est incarcéré, c’est
Paul Biya qui se met lui-même en prison. C’est, symboliquement, chacun de nous
qui va en prison, et le peuple camerounais qui intègre Kondengui. Ce peuple qui
a transformé des voleurs en rois du pays par son goût du lucre, son avidité de
mandarinat et le besoin ardent qu’ont les pauvres de se consoler en fondant l’espoir
sur leur sort dans la réussite de certains même si ceux-ci sont des criminels.
La plus grande force du Renouveau - et par conséquent le plus grand mal fait au
Cameroun - n’est pas l’argent volé des caisses de l’Etat mais une espèce d’action
collective née de la complaisance des avis sur les spoliateurs de l’Etat et de
la naissance d’un désir mimétique qui envahit une part importante du peuple
camerounais par rapport à l’insolent enrichissement personnel et illicite
auquel ce régime a donné lieu : tel est peut-être l’aspect le plus difficile à
retourner du désastre sociétal et politique que vit l’Afrique en miniature.
Nous devons
donc chaque fois faire des analyses qui relient responsabilité individuelle et
responsabilité collective car le tout est plus que les parties et moins aussi
assurément nous l’enseigne Immanuel Wallerstein. Gervais Mendo Zé est une
partie du Renouveau National et, à ce titre, un cas d’école dont la lecture dit
à la fois plus et moins que le système politique dont il est un des maillons
performants. Nous prenons ici son cas comme un alibi analytique, c’est-à-dire
comme porte d’entrée de l’analyse du Renouveau National sans que ce cas soit
complètement le centre de notre analyse, ni compréhensible en lui-même en le détachant
de la tendance lourde de l’actuel régime camerounais. Gervais Mendo Zé comme
alibi et point nodal a donc ici au moins un double sens : celui d’une incarcération
qui sert d’alibi au Renouveau National pour dire qu’il ne cautionne pas en tant
que régime politique les détournements de deniers publics de ses parties (hauts
responsables) alors que toutes ces parties font système et incarnent le
Renouveau National. Et celui d’un citoyen qui fait une analyse critique du régime
camerounais via le cas Mendo Zé représentif de la confluence de la défaite
morale, de la dette sociopolitique et de l’échec politique du Cameroun sous
Biya.
Par conséquent,
la thèse défendue dans cette analyse consiste à dire que le cas Gervais Mendo Zé
est, au-delà de la défaite morale, de la dette socioéconomique et de l’échec
politique du Renouveau qu’il représente, un écho tant de la faute historique du
peuple camerounais qui a fait rois les membres d’un système dont il connait très
bien la logique prédatrice, que du fourvoiement de plusieurs d’entre nous qui
mangeons du pain des liquidateurs de l’Etat camerounais, et continuons très
souvent à les soutenir dans leurs basses et honteuses oeuvres. Autrement dit,
nous ne méritons pas mieux à la tête de l’Etat car malgré le calamiteux désastre
du pays à l’actif du Renouveau, Paul Biya a toujours ses fans autant que Titus
Edzoa, Enoni Ephraïm, Antagnana Mebara, Fotso, Marafa, Mendo Zé et toute l’élite
encore au pouvoir et/ou en prison.
Tous et chacun
responsable de la faillite camerounaise
La
responsabilité peut être approchée comme la capacité à répondre de ce que l’on
fait, répondre d’autrui et à autrui. Elle engage le sens de notre métier et de
nos actes dans la société. Elle évoque et invoque une éthique, celle de la fin
qui ne justifie pas tous les moyens.
Prenons,
toutes proportions gardées, un exemple extrême, celui d’Hitler et de ses
collaborateurs. à Nuremberg plusieurs de ces derniers évoquèrent le fait qu’ils
fussent de simples exécutants du Reich en réfutant ainsi toute responsabilité
dans les multiples crimes commis par le système nazi. Dans un raisonnement qui
met en interaction l’acteur et le système, ces hauts collaborateurs d’Hitler ne
se concevaient pas comme acteurs mais comme simple agents exécuteurs d’ordres d’un
principal, donneur d’ordres doté de toutes les préséances du pouvoir. Leur
stratégie de défense a consisté à faire du système nazi et de son leader une
machinerie aliénante parce que transformant les hommes en automates incapables
de discernement, de conscience et de choix. Argumentations sans fondements
robustes car si le système est responsable dans la mise en place d’une idéologie,
d’une organisation, d’un timing, d’un ordonnancement des tâches, des
instruments et des objectifs, les hommes qu’il utilise gardent leur liberté de
choix comme le démontre les cas de nombreux hauts responsables nazis qui ont déserté,
attenté à la vie du Führer ou sauvé de nombreux juifs des camps de
concentration au péril de leur vie. Une responsabilité collective existe certes
sous forme d’un effet-système auto reproduit mais elle n’exclut nullement une
responsabilité individuelle liée au fait que chaque collaborateur garde
toujours toute sa conscience, son libre arbitre et le choix de poser un acte ou
d’y renoncer.
Cela est
valable pour le régime camerounais actuel. L’Homme du 6 novembre 1982 a une
responsabilité individuelle totale dans la faillite du Cameroun autant que tous
ses collaborateurs car ils ont eu le choix de faire autrement mais ont opté
pour la préservation du pouvoir par les mêmes pratiques de pillage délibéré et
morbide du pays. D’un côté, le Président camerounais ne peut être blanchi dans
un casse légendaire du Cameroun où sa place au sommet de l’Etat place
automatiquement sur sa personne l’origine du désastre mémorable de gouvernance
que vit le pays. De l’autre côté, tous ceux de ses collaborateurs et
fonctionnaires qui ont sombré dans ce que Jean-François Médard a appelé la
gestion néo patrimoniale du Cameroun, sont des acteurs actifs, conscients et
responsables individuellement de leurs actes de pillage de la richesse
publique. La responsabilité collective, à savoir l’inertie entraînante d’un
Renouveau ayant installé une truanderie en place et lieu de la moralisation des
comportements promise en 1982 est, quoique totale, plus une responsabilité
supplémentaire qu’une possible échappatoire pour les « créatures » et le «
créateur ».
En outre, la
population camerounaise, même si sa responsabilité ne peut se situer au même
niveau que celle de ceux qui détiennent et exercent le pouvoir exécutif, se
doit d’adosser une part non négligeable de cette responsabilité collective. Si
le délabrement patrimonial de la masse peut expliquer sa soumission corps et âmes
à l’ordre dominateur d’un régime rentier par rapport à l’Etat, il faut se
demander pourquoi ce délabrement patrimonial a plus inspiré l’adulation et l’intronisation
des satrapes comme modèles sociétaux que la révolte vis-à-vis d’eux et le mépris
de leurs richesses accumulées sur le dos du peuple. Autrement dit, nous,
Camerounais, sommes aussi responsables à un certain degré du surgissement d’une
société du faux, de la médiocrité et des voleurs faits rois via notre
admiration du style vénal du Renouveau National. Le peuple camerounais, au lieu
de se révolter devant la braquage de son patrimoine et de ses droits, a plutôt
tendu la main pour se faire nourrir par ceux de sa famille, de son ethnie, de
sa parentèle et de son voisinage qui ont su comment faire de l’Etat camerounais
un distributeur automatique d’espèces sonnantes et trébuchantes : nous avons
accepté d’être les mendiants des pilleurs de nos richesses collectives et nous
n’avons pas individuellement et collectivement trouvé le moyen de nous débarrasser
de la truanderie en place.
La réversibilité des fausses valeurs et du mal causé
est peu probable à court et moyen terme
Lorsque nous
prenons le cas Mendo zé, il apparait, en le reliant au régime et autres incarcérations
et inculpations, que le mal que le Renouveau cause au pays est plus profond et
destructeur que nous ne l’imaginons car il est plus infectieux que les capitaux
détournés ici et là.
Nous mettons
de côté le manque à gagner économique de l’Etat camerounais et des populations
camerounaises. Nous négligeons aussi volontairement les conséquences en termes
d’investissements en biens publics et productifs qui auraient pu, soit sauver
certains de la mort, soir sortir d’autres de la misère et du chômage. A partir
du cas Mendo Zé, portons notre regard sur le non quantifiable ô combien
destructeur parce que hypothéquant l’avenir du pays par l’attaque de de ses
bases normatives. Ce sont les valeurs, les normes qui servent à faire la
fondation d’une société et de son avenir. Le cas Mendo Zé est à ce titre très
intéressant dans la lecture du désastre causé par le régime. C’est un cas au
travers duquel on peut lire ce que le capital humain, le capital religieux, l’autorité
politique, l’éducateur et des promotionnaires on fait du berceau de nos ancêtres.
1. La trahison de Mamadou et Bineta
Dans l’aventure
ambigu Cheikh Hamidou Kane, alors qu’il ne savait pas si oui ou non il fallait
envoyer les petits Africains à l’école des Blancs, se décide à le faire car
dit-il, c’est en allant à l’école des Blancs qu’ils apprendront à vaincre sans
avoir raison. Plus globalement, dans une Afrique encapsulée par le fait
colonial et propulsée dans un nouveau monde dont elle ne maîtrisait pas les
codes, Cheikh Hamidou Kane avait opté pour l’éducation, mieux le capital humain
pour faire des Africains des bâtisseurs de demain.
Pour tous
ceux qui, comme moi, ont fait des études primaires et secondaires au pays,
Mamadou et Bineta ont été des compagnons quotidiens dans cette quête d’un
savoir censé se mettre au service du développement de nos peuples et pays. Ils étaient
pour nous des modèles de valeurs nobles et positives car aucun texte où ils étaient
les personnages n’apprenait comment piller sa famille, son Etat ou avoir les
comportements inciviques par rapport aux biens de la collectivité. Force est de
constater, étant donné les hauts diplômés qui gèrent le Cameroun depuis 1982 et
les experts en détournements de deniers publics qu’ils sont devenus, que Mamdou
et Bineta ont été bougrement trahis dans leurs enseignements. Alors que les études
économiques montrent que le capital humain est un facteur positif pour la
croissance économique et le développement d’un pays, les hauts diplômés
camerounais au pouvoir prouvent le contraire car c’est notre élite de l’intelligence
qui enterre le pays. C’est à croire qu’ils ont été à l’école des Blancs pour
apprendre à voler, chose jamais apprise dans un Mamadou et Bineta.
Les conséquences
sociétales de cette situation sont calamiteuses pour le pays, non seulement parce
que ce sont des promotionnaires, des gens qui majoritairement ont été à l’école
ensemble qui vident ainsi les caisses de l’Etat, mais aussi parce que l’école,
les diplômes et le capital humain deviennent les maillons faibles du bien-être
des Camerounais et du Cameroun. Par conséquent, la gouvernance et l’entreprenariat
publics des hauts diplômés camerounais sont les causes d’une profonde défaite
morale qui prouve que contrairement aux espoirs de Cheikh Hamidou Kane, nos aînés
sont allés à l’école des Blancs pour mieux dominer et appauvrir leurs pays et
semblables. Le message envoyé aux jeunes camerounais sur ce que signifient l’école,
les hauts diplômes et leur rôle dans sa société est complètement pollué par une
intelligentsia camerounaise abonnée aux multiples mafias financières qui font
le résultat de trente ans de Renouveau. Comment allons-nous empêcher à nos
jeunes actuellement à l’école de ne pas succomber à un isomorphisme
comportemental reproduisant les mêmes travers dans l’avenir ?
2. Le Christ était-il chrétien au regard du cas Mendo
Zé ?
Les
croyances, mieux les religions sont d’autres poutres qui bâtissent les normes au
sein d’une société. La foi, cette vérité intérieure, peut aider certains
citoyens à pondérer avantageusement les valeurs de justice, de solidarité, d’entraide
ou de vérité autour d’eux. Pendant de nombreuses années, Mendo Zé a, en plus d’être
haut diplômé, joué auprès de Paul Biya le même rôle de gourou spirituel que
ceux des cardinaux de Richelieu auprès de Louis XIII et Mazarin auprès de Louis
XIV.
L’ancien
directeur de la CRTV a été pour plusieurs Camerounais jeunes et moins jeunes,
le chrétien modèle et de référence. Celui qui dans les églises mettait les prêtes
de côté pour faire la messe à leur place. Ceux des Camerounais dont il garde
toujours la sympathie malgré son incarcération sont certainement ceux-là qui
ont longtemps bénéficié de ses dons, de ses prières ou ont succombé aux charmes
des voix angéliques de sa chorale, la voix du cénacle, ou des analyses passionnées
de l’expert en Mariologie. Les soupçons de détournement de deniers publics et
leur confirmation par son incarcération jettent un lourd discrédit, tant sur la
foi de ceux qui croient en Christ et ont pris Mendo Zé pour modèle, que sur ce
que signifie être chrétien sous le Renouveau.
Une fois que
la foi se confond à la religiosité qui elle-même se révèle un instrument au
service du gangstérisme d’Etat et de la domination sociale au Cameroun, la réponse
à la question de savoir si le Christ est chrétien devient négative. Avons-nous
autant prié deux fois en chantant en public qu’avec la chorale de l’ancien président
de la CRTV ? Avons-nous autant idolâtré la vierge Marie et affirmé la Théotokos
que sous le Renouveau ? Avons-nous autant invoqué Dieu à travers moult émissions
de la CRTV sans savoir qu’en privé le superviseur général faisait le contraire
de ce que demande Dieu en détournant des ressources collectives qui auraient pu
sauver des enfants de Dieu de la misère ? Mendo Zé est devenu une icône d’un
christianisme camerounais décadent et immoral où pasteurs et autres multiples
gourous prospèrent grâce à la misère en utilisant Dieu comme paravent,
passeport et alibi pour l’accumulation personnelle. Comment est-ce que le pays
réussira à sauver les jeunes chrétiens d’un tel message négatif par rapport à
leur icône médiatique ?
3. La parole des aînés, des éducateurs et de l’autorité
En Afrique,
les droits d’ainesse comptent. Les aînés, même si une certaine modernité déclasse
parfois des valeurs traditionnelles, sont respectés autant que leur parole.
Cette parole des aînés, élément important dans la régulation de nos familles,
villages et quartiers, est complètement polluée et dévaluée par le Renouveau et
ses serviteurs. Tous les hauts responsables en prison et leur leader à la tête
de l’Etat se sont adressés depuis trente ans aux Camerounais et Camerounaises
via des discours enflammés, des paroles et des conseils qui aujourd’hui ne sont
plus que du vent, du mensonges et de la roublardise politicienne dont le but
premier était de détourner les esprits de ce que leurs auteurs faisaient réellement
de l’Etat. Après avoir promis la moralisation des comportements, le Renouveau a
détruit la crédibilité de la parole des aînés auprès de la jeunesse
camerounaise. Cette dernière a retenu que les aînés au pouvoir sont des voleurs
et des gens très peu fiables. Comment rétablir la valeur de la parole des aînés
au Cameroun comme constitutive de la formation d’un espace public crédible ?
Sur un tout
autre plan, le cas Mendo Zé concerne aussi un point névralgique de la
construction d’un pays : l’éducation. L’ancien ministre et DG de la CRTV était
au centre de l’éducation publique des Camerounais à travers la CRTV et de l’éducation
universitaire en tant que professeur de stylistique à l’Université. Ce n’est
pas le premier éducateur du Renouveau dont les malversations se révèlent ainsi à
contre courant des valeurs à transmettre aux générations futures. Nos universités,
grandes écoles et lycées ont été depuis trente ans une véritable pépinière de
professeurs brigands et mafieux par rapport à la chose publique. L’éducateur et
la transmission des valeurs nobles aux jeunes a donc du plomb dans l’aile au
Cameroun. L’éducateur n’est plus le modèle que nous voulions imiter dans la
vie. Il est devenu un inspirateur et un pratiquant impénitent de la feymania d’Etat.
L’autorité
est aussi complètement détruite. A ce titre, il faut noter que l’opération épervier
en constitue la preuve la plus patente dans la mesure elle montre moins l’autorité
de l’Etat qu’un autoritarisme qui est justement un manque d’autorité. Le mal ne
se limite pas au pouvoir moderne car même l’autorité traditionnelle est complètement
bafouée et déclassée. Gervais Mendo Zé était aussi chef traditionnel comme
plusieurs ministres du Renouveau. Or dans un passé pas très lointain, nos chefs
traditionnels étaient très respectés car intègres, justes et évoluant en dehors
de la mangeoire nationale. Aujourd’hui des gens qui ont pillé l’Etat ont aussi
acheté nos chefferies pour en détruire la substance noble par introduction des
moeurs de la chefferie traditionnelle dans l’industrie des détournements de
deniers publics. Comment les Camerounais vont-ils reconstruire l’autorité de l’Etat
et l’autorité traditionnelle tombées ainsi en dégénérescence ? Quel héritage
politique le Renouveau laissera aux générations futures par rapport au sens de
la république ?
En dehors du
manque à gagner financier de l’Etat, le CRESPOL pense que ces aspects sus évoqués
vont causer des dégâts plus profonds au Cameroun et que le retournement mental
et psychologique ne sera pas facile. Ce n’est que collectivement que le
Cameroun peut sortir de cette faillite collective qu’est le Renouveau National
même si les effets du désastre risque d’être durables.
Par Thierry AMOUGOU, Fondateur et Animateur du
CRESPOL, cercle de Réflexions Economiques, Sociales et Politiques.
cercle_crepol@yahoo.be
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