Comment en sommes-nous arrives la ? Le matin a 9 heures, quelques minutes apres que nous soyons arrives au Foyer du Marin, nous leaders et membres du Tribunal Article 53 donc, nous avons ete retrouves par une escouade de gendarmes, menes par Joel Bisso, en civil, ainsi que de nombreux gendarmes en tenue de combat et armes. Ils ont occupe l’espace du jardin du Foyer du Marin, et ont collecte les cartes d’identite, et ont arrete deux membres du Tribunal Article 53, Akwe Sab, Gabriel Piam, ainsi que le coordonateur national, Gerard Kuissu, auxquels je me suis joint. Le motif de notre arrestation ne nous a pas ete formule, ni d’ailleurs les raisons de la presence de l’excouade de gendarmes sur le jardin de l’hotel, deux heures avant la tenue de la ceremonie de remise des prix. Tous les quatre, nous fumes menes, conduits par les vehicules des gendarmes, au service de la gendarmerie de Bonanjo, ou nous avons chacun sub, de maniere individuelle, un interrogatoire tout aussi extraordinaire. C’est la ou ils ont pris mon passport, et l’ont adjoint aux pieces de mes collaborateurs, en meme temps qu’ils confisquaient le materiel de remise des prix. Des questions preliminaires, sur le nom, l’etat civil, le lieu de residence, une sans doute est restee dans mon esprit : ‘quelle est votre coutume ?’ A ma question de savoir ce que cela veut dire, Claude Mboutou, mon interrogateur, a precise qu’il s’agissait de ma tribu, ce a quoi j’ai dit Bangangte. Il a ecrit Bamileke, apres s’etre ecrie : ‘pourquoi ce sont toujours les memes ?’ ‘Pourquoi c’est vous qui voulez toujours le changement dans ce pays ? Vous voulez meme quoi ? Vous avez deja tout.’ Diatribe tribale qui tombait d’ailleurs a pic dans ce bureau tribalement uniforme dans sa presentation, la langue entre les interrogateurs – trois, Benga Mayick, le commanda Eyanga – etant le Beti.
Les questions, a cote des attaques tribales extraordinairement vicieuses, se sont concentrees sur le fait que le prix cette annee ait ete finance par le ministere allemand des relations exterieures. Comble de l’anatheme pour mes interrogateurs, pour qui c’etait une evidence du support ‘des Blancs’, du fait qu’ils, les Blancs donc, veuilent ‘gater le pays.’ Le fait que les deux premieres editions du prix aient ete financees par moi, n’est pas apparu support suffisant a mon interrogateurs, dont les exemples de la chute de Kaddafi, de Laurent Gbagbo, et surtout de Blaise Compaore doivent avoir extremement bouleverse. ‘Je suis Bulu’, me dit-il, ‘je suis le frere de Bibi Ngota. Mais je sais que vous ne voulez pas l’aider. Vous avez quelque chose d’autre derriere la tete.’ Et cette chose, elle se revelera tres rapidement, avec les qustions suivantes, surtout de Josue Bisso, qui viendra rappeler que le Tribunal Atricle 53, c’est l’association qui avait depose une plainte contre Paul Biya. Pourquoi une plainte ? Qu’avez vous contre le regime ? Pourquoi voulez-vous juger Paul Biya ? Pourquoi voulez-vous changer l’article 53 ? Telles sont les questions qui m’ont ete posees, et comme je me rendrais compte, qui ont egalement ete posees a ceux qui ont ete arretes avec moi – Gerard Kuissu surtout, le coordonateur national de l’association. Interrogatoire muscle s’il en est, qui a change de dynamique cependant au moment ou l’alerte publique a fait graviter de plus en plus de journalistes devant les portes de la gendarmerie : d’abord Anicet Ekane, et puis Simeon Kuissu, et puis d’autres. C’est extraordinaire ce qui s’est passe dans ces bureaux crasseux de la gendarmerie a Douala, c’est extraordinaire parce qu’une ceremonie celebrant l’excellence a ainsi ete sabordee, tout comme avant la visite d’un confrere journalite burkinabe a ete torpilee. Mais ce qui est le plus extraordinaire, ce sont les menaces que surtout le commandant Eyanga proferait, toutes relatives aux nouvelles lois antiterroristes qui donnent le droit de condamner a mort des manifestants – car l’accusation proferee systematiquement par les gendarmes etait que nous organisons une ‘rebellion.’
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