Toujours est-il que quand viendra ce moment, le président Alassane Dramane Ouattara (ADO) devrait avoir le courage de livrer ceux qui, dans son camp, ont les mains tachées de sang. Cela est d’autant plus logique et souhaitable que des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer une justice à deux vitesses. Les défenseurs de cette thèse qui estiment que ce n’est pas uniquement le camp Gbagbo qui est responsable des nombreuses tueries et autres exactions qui ont laissé sur le carreau près de trois mille macchabées, se demandent pourquoi ce sont seulement les auteurs de crimes du camp Gbagbo qui doivent rendre des comptes. A quand donc le procès des pro-Ouattara ? On a l’impression que le président ADO qui ne fait pas mystère de sa volonté de rebeloter à la prochaine présidentielle qui aura lieu dans sept mois, a décidé d’avancer par stratégie, au regard de la complexité du dossier lié aux crimes de sang. Une affaire explosive et fort embarrassante, s'il en est.
On ne scie pas la branche sur laquelle on est assis
Car, l’ouverture de ces dossiers, maintenant, serait perçue par ses soutiens militaires et ses sympathisants, qui se sont sacrifiés pour lui, comme une trahison et de l’ingratitude. D’ailleurs, ces gens se demanderaient quelle urgence il y a à se précipiter pour livrer les criminels du camp ADO, alors qu'aussi bien la justice ivoirienne que la Cour pénale internationale (CPI) qui est une institution neutre, n’ont pour l’instant engagé aucune poursuite contre ces personnes. ADO qui a compris qu’ on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis, travaille-t-il à refiler la patate chaude à son successeur pour ne pas s'aliéner la sympathie de ses partisans? C'est fort probable. Et pourtant, il faudra bien qu'il rabatte le caquet à ses contempteurs.
Et cela ne sera possible que s'il a le courage de livrer quelques-uns de ses partisans soupçonnés de crimes. Il le faut absolument. Du reste, on a vu le tapage médiatique qui a suivi la condamnation de Simone Gbagbo et de ses coaccusés. Les partisans du Front populaire ivoirien (FPI) en ont fait leurs choux gras, dénonçant un procès purement politique. Et, cette stratégie de victimisation s’avère payante, puisqu’ils ont réussi à s’attirer la sympathie d’une partie de la communauté internationale.
Et pendant ce temps, la communication du camp ADO manque tellement de tonicité qu'elle ne pèse pas vraiment lourd devant celle du camp Gbabgo. Comme si elle avait complètement laissé le terrain aux pro-Gbagbo dont la maestria en termes de déni de la vérité se passe de commentaire. En tout cas, on espère que la Côte d’Ivoire arrivera à tourner définitivement la page de cet épisode douloureux de son histoire, pour aboutir à cette réconciliation nationale dont on parle beaucoup à Abidjan, mais dont on a encore du mal à percevoir les effets.
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