Ce 8 avril 2015 à 5 heures du matin,
une cohorte de soldats armés jusqu'aux dents ont bloqué toutes les
artères des grandes villes du Togo. De Lomé à Mango en passant par
Atakpamé, Kpalimé, Sokodé. Tout le territoire national était sous
occupation militaire.
L'objectif de cette démonstration de force est de mater d'une main de
fer le mouvement syndical grandissant qui, aujourd'hui, porte hautement
les revendications des travailleurs de tous les secteurs du pays.
En effet, en déchaînant une telle barbarie contre les syndicalistes
qui militent au sein de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) d’une
part et contre la jeunesse togolaise d’autre part, qui, est sortie
massivement pour soutenir le mouvement syndical; le jeune despote Faure
Gnassingbé vient de confirmer, une fois encore, aux yeux de tous, qu'il est le digne successeur de son père.
Malgré les intimidations et les interdictions proférées par le petit
fasciste Gilbert Bawara qui rêve depuis un temps de mettre en fer les
libertés démocratiques, les syndicalistes ont fait montre d'un immense
courage et détermination pour sortir massivement afin de défier la
dictature. Comme conséquence de cette épreuve de force : les forces
répressives ont procédé à de nombreuses arrestations à Sokodé et à Lomé
et ont utilisé abondamment des gaz-lacrymogène pour disperser les
travailleurs, les jeunes et les bonnes femmes.
Malgré la fermeture - suprême provocation - du Centre communautaire
de Tokoin afin d'empêcher la tenue de l'Assemblée Générale des
travailleurs, ces derniers ont vite compris toutes ces manœuvres du
pouvoir et se sont regroupés dans les ruelles adjacentes dans le but
d’organiser leur assemblée et réunion devant les étalages des bonnes
femmes qui vendaient sur les trottoirs.
En dépit des tentatives du pouvoir de diviser le mouvement syndical
en faisant croire que les revendications diffèrent d'un secteur à un
autre, les travailleurs ne se sont pas pris à ce jeu dangereux et
malsain qui sert à émietter, à morceler le mouvement et surtout à briser
la solidarité vitale et indispensable entre les travailleurs qui
subissent la même exploitation et qui vivent les mêmes conditions de
vies que tous les autres togolais. L'objectif du pouvoir est
effectivement de diviser le mouvement à l'aide de statut précaire pour
empêcher le rapprochement entre les ouvriers des mines, les
fonctionnaires et les enseignants. Cette politique "de diviser pour
régner" – une des plus vieilles pratique de la dictature- a
lamentablement échoué. Ainsi donc les syndicalistes se sont serrés les
coudes et continuent de lutter pied à pied contre l’arbitraire et
l'exploitation.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette lutte syndicale ?
La première leçon nous confirme la renaissance d'un mouvement
syndical combatif. Aujourd’hui, on remarque que, l'action syndicale ne
se limite plus à lancer une grève pour après rester, chez soi, à la
maison en croisant les bras et en espérant que le pouvoir et les véreux
patrons vont céder... Malheureusement, c'est cette pratique syndicale
que nous avions connu au début du mouvement démocratique dans les années
1991-1993 avec ses multiples échecs.
Après des années de lutte syndicale, soldée par une riche expérience,
on remarque à présent un nouveau mouvement syndical sous toutes ses
formes (grèves, occupation des écoles, des entreprises et des bâtiments
publics) qui est, plus que jamais, au cœur de la pratique syndicale. Et
cette nouvelle pratique l'emporte sur les négociations bidon avec les
caciques du pouvoir et les patrons voyous qui dirigent les entreprises
étrangères et autres multinationales au Togo. Cette renaissance du
syndicalisme de combat au Togo doit être saluée par les démocrates comme
une étape décisive d'un vaste mouvement incluant d'autres formes de
lutte en vue de faire face à régime autocratique vermoulu.
La deuxième leçon est liée à la situation politique qui prévaut dans le
pays. Ainsi l'on peut facilement remarquer qu'au moment où la grogne
sociale est en train de contaminer tous les secteurs vitaux du pays; les
tenants de la démocratie par les réformes constitutionnelles et les
élections n'en ont cure de l'intrépide lutte des fonctionnaires, des
travailleurs de santé, des ouvriers des mines. Sans oublier, les
étudiants, les élèves et le corps enseignant qui sont laissés à leur
sort.
Ainsi, il est évident que le mouvement syndical a donc compris que
cette opposition qui, depuis des années, mène en bateau le peuple, n'a
pas les mêmes intérêts etobjectifs que les travailleurs.
C'est ce qui explique, sans doute,
aujourd'hui, leur pure et simple démarcation vis-à-vis d'elle.
Décidant par la même occasion d'éconduire, de chasser publiquement, ce 8
avril 2015, leurs représentants, à l'instar du vil bouillant Abass
Kaboua du MRC-Front Tchoboe, lors de l'Assemblée Générale.
Incontestablement, si les tenants de la démocratie par les réformes
et les urnes osent invoquer la souffrance des travailleurs. Cela n'est
qu'un moyen pour manipuler les travailleurs en vue d'amener Faure et sa
clique à faire des concessions, car il ne s'agit pour eux, que de
réformer la dictature et non de l'abattre. Cette abjecte manière leur
permet de se dédouaner et ainsi focaliser leurs yeux sur une CENI
corrompue avec son fameux fichier truqué qui, selon eux, peut leur
garantir une prétendue victoire électorale afin qu'ils accèdent au
pouvoir néocolonial en allant officiellement à la soupe. En dépit de
l'acrobatie des tenants de la démocratie par les réformes et les
élections, rien n'est sûr que le jeune despote va accepter le verdict
des urnes et de se séparer d'un pouvoir dont il pense qu’il en est
l’héritier.
Face à cette situation, les démocrates et patriotes togolais en exil
saluent, une fois de plus, le courage et la détermination du mouvement
syndical face à la soldatesque de Faure Gnassingbé et appellent à la
poursuite de cette lutte sociale en symbiose avec les partis,
organisations démocratiques et anti-impérialistes qui mènent une lutte
implacable pour abolir la dictature.
Bruxelles, le 8 avril 2015.
TOGO EN LUTTE
Le Front des Organisations Démocratiques Togolaises en Exil
Site web: www.togoenlutte.org
Contact: togoenlutte@gmail.com
Home / Mouta Wakilou Maurice
/ Mouvement syndical au Togo : ni menaces, ni répressions n'entameront sa renaissance par Mouta Wakilou Maurice GLIGLI-AMORIN
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