Le groupe de soutien à l'avocate condamnée à 25 ans de prison par
le Tribunal criminel spécial pour détournement de deniers publics, démontre,
faits à l'appui, qu'elle aurait reversé dans les caisses du Trésor public, 4,7
milliards Fcfa, c'est-à-dire la totalité des sommes appartenant à l'Etat ainsi
que la totalité des intérêts et n'a retenu que ce qui lui revenait de droit et
en parfait accord avec l'état qui l'avait mandatée.
Décidément, les soutiens de Me
Lydienne Eyoum n'en démordent pas. Après la confirmation de la condamnation de
l'avocate par la Cour suprême en juin 2015, à 25 ans d'emprisonnement pour
détournement de deniers publics, le groupe de soutien à cette dernière, ne
cesse de multiplier des actions afin qu'elle recouvre sa liberté. Hier, 18
février 2016, le groupe a commis un communiqué qui relate les différents
événements qui ont précédé la condamnation de l'avocate par le Tcs en septembre
2014.
Condamnation confirmée près d'un an plus
tard (juin 2015) par la Cour suprême, malgré les plaintes des avocats de
l'accusée pour "condamnation arbitraire". A ce jour, informent les
soutiens de Me Lydienne Yen Eyoum, " il faut retenir que pour un recouvrement
au départ de 3,6 milliards Fcfa et qui a nécessité plus de 15 ans de
procédures, Me Eyoum a reversé dans les caisses du Trésor Public 4,7 milliards
Fcfa, c'est-à-dire la totalité des sommes appartenant à l'Etat ainsi que la
totalité des intérêts et n'a retenu que ce qui lui revenait de droit et en
parfait accord avec l'état qui l'avait mandatée ".
En clair, Me Lydienne Eyoum ne devrait
plus séjourner à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, puisqu'elle n'a
pas, au sens formel du terme, détourné de l'argent de l'Etat. D'où les
constants rappels du groupe qui la soutient. Ce Groupe revient
chronologiquement sur les épisodes qui ont marqué cette affaire, afin de faire
rejaillir la vérité, qui n'est autre que l'innocence de la dame de loi. Du
moins, leur part de vérité. Mais avant, le groupe rappelle que Me Lydienne
Eyoum a entamé depuis janvier 2016 sa septième année d'incarcération.
" Il serait loisible de revenir
de façon succincte sur la chronologie des événements qui ont abouti à sa lâche
condamnation alors qu'elle était régulièrement constituée par le ministère de
l'Economie et des finances et agissait alors pour le compte de l'Etat
représenté par ce même ministère ", précisent les soutiens de l'avocate.
Voici donc, disent-ils " pourquoi il faut libérer et rétablir dans ses
droits Me Lydienne Yen Eyoum ".
Le 10 mars 1999, Me Lydienne Eyoum, après
de nombreuses actions judiciaires obtient la condamnation de la Sgbc (filiale
camerounaise de la Société Générale) et lui fait signifier pour exécution et
paiement l'arrêt de condamnation, mais la banque qui s'était engagée auprès du
Minefi à payer, se pourvoit en cassation et sollicite le sursis. Celui-ci est
rejeté. Le 22 août 2000, Me Lydienne Eyoum requiert Me Baleng Maah Célestin,
alors huissier de justice à Douala, et fait pratiquer entre les mains de la
Beac et au préjudice de la Société générale de banques au Cameroun, une saisie
attribution des créances pour sûreté et avoir paiement de la somme totale de
5.124.497.461,24 Fcfa conformément à l'acte uniforme Ohada sur le recouvrement
qui oblige le saisissant à préciser et à chiffrer, le principal, les frais et
divers intérêts et autres accessoires.
Le 03 avril 2001, le ministre Akame
Mfoumou reçoit par chèque, paiement du principal de la dette, soit 3 637 972
800 Fcfa et par lettre du 03 avril 2001, écrit à la Sgbc directement qu’il
donnait mainlevée « entière et définitive de cette saisie pour solde de tout
compte », une correspondance transmise à l'adversaire de l'Etat à l'insu de son
conseil (Me Eyoum) et de l'huissier agent d'exécution requis (Me Baleng Maah
Célestin). Le 24 décembre 2004, sur la demande expresse du ministre délégué
chargé du Budget, Henri Engoulou, qui a été informé par l'avocate de
l'effectivité du recouvrement, Me Eyoum fait virer la moitié des sommes perçues
dans un compte du Trésor public domicilié à la Beac en attendant qu’un accord
soit trouvé pour ses honoraires comme l'a instruit le ministre chargé du Budget
qui savait que le moment des comptes viendrait conformément à la loi sur la
profession d'avocat ( art 35), l' Etat encaissant ainsi la totalité des
intérêts recouvrés après le montant principal perçu en 2001.Le 19 janvier 2005,
le ministre de l'Economie et des finances, par une lettre adressée au
secrétaire général des services du Premier ministre, précise que l’État avait
intégralement perçu les sommes qui lui étaient dues.
Pourtant, tout bascule le 11 janvier 2010
pour Me Lydienne Eyoum lorsqu’elle est transférée à la prison centrale de
Yaoundé après « 4 jours sans aucune audition de garde à vue ». Le 26 septembre
2014, elle est reconnue coupable et condamnée à 25 ans de prison par le
Tribunal criminel spécial. Le 9 juin 2015, la Cour suprême du Cameroun a
confirmé cette condamnation pour détournement de deniers publics et condamnée à
25 ans d'emprisonnement ferme ainsi qu'au paiement de la somme de 1 153 444 981
Fcfa solidairement avec feu le ministre Henri Engoulou, jugé alors qu’il est
décédé et Honoré Ngwem qui ne vit plus au Cameroun, à titre de dommages et
intérêts et à la confiscation de tous leurs biens. Pour le groupe de soutien à
Me Lydienne Eyoum, cette privation de liberté, au regard des faits, est injuste.
Mais, pour l’heure, la justice camerounaise continue d’accomplir ce qu’elle
sait parfois le mieux faire : condamner de manière arbitraire.
Le Messager : Achille KAMGA
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