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Appels à candidature : comprendre l’incorporation du pouvoir chez Paul Biya par Narcis Bangmo

Paul Biya sera candidat à sa propre succession. Tout le monde le sait. Paul Biya va modifier la constitution pour anticiper les élections cela aussi est su de l'ensemble de classe politique qui ne doute pas un seul instant que le modus operandi qui a cour, est d'une futile redondance. Il sacrifiera bien de ressources s'il le faut pour y parvenir. Vendra ô combien, moins chère ce qui en vaut la peine et renversera tout ce qui est susceptible de lui faire ombrage afin de rappeler à tous, qu'il ne se soumet qu'à l'exigence de l'horloge biologique. Il y aurait donc peu de doute que, le branle bas politico-médiatique qui se structure au fil des appels, ne soit pas à l'initiative du principal bénéficiaire.

 La plus grande victoire de Paul Biya est indubitablement, celle d'avoir réussi à " choisir " ses adversaires politiques et civils. Il a surtout su leur imposer des thématiques qui déconstruisent pratiquement leur existence à travers les canaux de communication eux-mêmes imposés. L'incorporation du pouvoir qui est la rampe de survie du " Renouveau " est le fondement essentiel des appels à candidature qu'on voudrait au sein de l'appareil, présenter comme un mouvement non-condescendant, mais de ralliement.

Pourtant, ce n'est pas de ces habituelles déférences que meurt la démocratie ou ce qu'il en reste, mais de l'empathie des " vigiles de la République " se sentant obligés du suivisme. Ceci impose qu'on questionne de fond en comble, les mécanismes de " fabrication " des acteurs et des stratégies mis en exergue pour infléchir la " toute-puissance potantielle " et restaurer un certain équilibre des forces entre l'ordre dominant principale et les ordres dominant instrumentaux.

L'espace public est à l'image d'un grand arbre dans la forêt avec de nombres contreforts. Chaque contrefort est un lieu d'échange. Une tribune où doivent s'entrechoquer les idées, afin que la lumière qui doit jaillir des substances puisées très loin dans le sol, remonte pour nourrir l'arbre. De fil à aiguille, le phénomène doit se reproduire pour que chacun des arbres concernés assume son rôle. Les animaux et les micro-organismes participent des échanges symbiotiques entre les différents compartiments de la forêt, pour faire sens à l'ensemble. Le maintien de ces espaces d'échange n'est pas discutable, parce qu'il s'agit du socle à travers lequel une société se renouvelle et développe les outils de l'émergence des intellectuelles-citoyens au coeur de la construction de la " communauté des Hommes " qui nous manque le plus.

De ce point de vue, rien ne justifie plus le fait qu'on en soit réduit à un espace public médiatique donc le seul mérite est de fabriquer des " conteurs du dimanche ". Ces hommes et femmes qui vont de salle de rédaction en salle de rédaction pour se reproduire parce que désormais, on ne peut exister que de cette façon-là. Parler dans les médias devient un métier non-conventionnel qui ne repose pas le plus souvent sur un substrat cognitif propre, encore moins sur une idéologie. On y va donc moins pour porter devant les pairs, les fruits de l'élaboration d'un travail ex ante que pour porter un discours incorporel et déitif, quelle que soit la posture. Suivant cette logique, le profil des personnes appelées à échanger (panel) à travers les différentes tribunes obéit lui aussi à une logique contraignante pour les propriétaires des espaces qui sont avant tout, des commerçants dont il n'est pas toujours facile de tracer le fonds de commerce.

Ceux qui parlent à travers les médias ne font plus peur au régime. Ils ne choisissent pas les thématiques sur lesquelles échanger, ils n'ont pas d'autre espace d'expression et pour beaucoup d'entre eux, leur survie en dépend. Le fait qu'ils soient moins responsables des propos qu'ils y tiennent que les directeurs de publication et d'information, montre très bien, la planification qui préside à leur choix, mieux à leur sélection. Le deuxième mode de sélection des acteurs politique et civile dans l'espace public se construit des mailles mal ajustées du filet qui laisse passer certains esprits libres, très apprécié du grand public, soit par leur populisme, soit par leur propension à bousculer les interdits. On peut parler de tout, discuter de tout, mais pas du leader central et de ses symboles. On finit un jour par commettre une erreur parce qu'on est humain. L'intimidation, l'interpellation, l'arrestation ; voire la prison (notamment avec sursis), sont des déterminants majeurs de constitution des personnes publiques qui vivent l'orgueil et parfois la vanité d'avoir vaincu la peur. Le troisième mode de sélection est la compromission pour ceux qui échappent aux deux premiers.

L'espace public médiatique devient le seul espace problématique à contrôler parce qu'il est plus facile d'y faire passer l'ombre pour la proie et de présenter aux yeux du monde l'effectivité d'une société de tolérance. Tout ceci n'a en effet de sens que si la simulation du jeu d'acteurs est parfaitement orchestrée, depuis la délivrance des licences d'exploitation des entreprises médiatiques, jusqu'au choix de la ligne éditoriale qui procède des différents profils des acteurs publics à inviter, en passant par, les professionnelles de médias. Chacun doit y jouer une partition que lui impose gentiment et presque sans brutalité physique, l'instinct de survie matérielle, dans une jungle sociale de grande précarité. La clochardisation planifiée des professionnelles des médias est l'un des plus puissants outils de perversion déontologique et axiologique au service des potentats.

L'incorporation du pouvoir à une vision : celle de ne travailler qu'à perpétuer ce que nous appelons la théorie des ordres dominants, pour se perpétuer elle-même. Elle a planifié, stratifié et maintenu dans l'espace public et des partis politiques des " présidents-fondateurs " : des sortes de " petites républiques " qui permettre une privatisation pitancière du pouvoir, sous contrôle de l'ordre dominant suprême. C'est ici justement que, bien d'acteurs publics semblent se tromper de combat, qui ne nous semble pas éminemment corrélé à un débat dévolutionnel mais politico-administratif, parce qu'on peut avoir paradoxalement le droit de participer à une élection, mais pas celui de manifester pour quelque raison que ce soit. La force de l'incorporatisme est surtout de parvenir à imposer des débats aux concurrents qu'on a soi-même, choisi.

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Depuis quelques semaines, tout le monde ne parle que des appels à candidature. En premier, ceux qui auraient de bonnes raisons de s'en départir pour rester concentrés sur les objectifs de (re)politisation des masses qui passe indubitablement par la reconstitution des espaces d'expression perdus. Quand on n'a pas la certitude qu'on peut marcher pacifiquement, organiser une conférence, se réunir dans sa propre maison, il va de soi qu'on votera pour conforter et légitimer l'approche électoraliste de celui qu'on est pourtant censé combattre, sans jamais pouvoir contester si on a le sentiment d'avoir été délesté.

Il y a un problème en amont à résoudre : intéresser, les milieux populaires à la chose politique. C'est essentiellement là-bas que les élections se gagnent et se défendent mieux. Les enjeux du futur s'y trouvent, beaucoup plus que, dans la volonté de participer à un jeu politique dans lequel, l'usure et l'aliénation ; armes fatales de Paul Biya, ont l'intelligence de savoir ramener dans le berceau à travers une simple collecte des curriculum vitae, les plus " grands opposants " de l'aurore.

Paul Biya sera candidat tout le monde le sait. La machine est si tellement bien huilée qu'elle peut laisser prospérer des contre-appels pour créer de la surenchère à convertir en des métapitances qui ne trompent pas sur le profil des contre-appelants, qu'il sait désormais condamner à l'usure pour les plus résistants. Il rempilera parce qu'il a l'avantage du débat et la subtilité des contingences, bien au-delà de ses adversaires qu'il sait choisir. Il rempilera parce qu'il a la jeune et la force de la réflexion dévolutionnelle perpétuelle. Il revient donc, à la classe politique dans son entièreté de ne plus confondre, chaque fois qu'elle peut avoir un tant soi peu une once de lucidité, le changement et le pouvoir.

Par Narcis Bangmo
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