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Affaire Marafa: Les oublis d'Issa Tchiroma par Edmond Kamguia K.

L'Avis n° 22/2016  adopté et rendu public le 02 juin 2016 par le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'Onu  à sa 75ème session, du 18 au 27 avril 2016  concernant de l'ancien ministre d'Etat Marafa Hamidou Yaya est au cœur du débat. La récente réaction du  gouvernement, à travers son ministre de la communication  Issa Tchiroma Bakary suggère  des réflexions.  Condamné « en toute indépendance, conformément à la Constitution » par la Cour suprême le 18 mai 2016 à une peine d'emprisonnement ferme de 20 ans pour « complicité intellectuelle et détournement de deniers publics », d'une valeur de 29 millions de dollars américains, soit  environ 14,5 milliards Fcfa,-  somme d'argent qui était destinée à l'acquisition d'un Boeing Business Jet 2  pour les déplacements du Chef de l'État - , Marafa Hamidou Yaya doit être  libéré parce que sa détention est arbitraire, selon le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'Onu.  

Les conventions doivent être respectées.
Au nom du gouvernement, le  ministre de la Communication  Issa Tchiroma Bakary a réagi vendredi pour exprimer, au sujet de ce « prisonnier de droit commun », son insatisfaction sur la conclusion d'une procédure contradictoire mené par ledit Groupe de travail. S'appuyant sur  le fait que la justice camerounaise a reconnu Marafa Hamidou Yaya coupable des faits de détournements de deniers publics pour lesquels il était poursuivi, et qui l'a condamné à une importante  peine d'emprisonnement, le  ministre de la Communication  affirme  que  le Groupe de travail de l'Onu  « n'a pas tenu compte des réponses et de l'argumentaire fournis par l'État du Cameroun à la requête de ladite instance, conformément à sa propre procédure de travail ». a-t-il déclaré.
Avant d'ajouter qu'«en revanche, l'argumentaire du requérant est repris sur 32 paragraphes ». Comme s'il y avait eu un parti pris de l'organe onusien. En disant  « noter pour le regretter, la superficialité de la prise en compte par le Groupe de Travail des arguments fournis par l'État du Cameroun dans cette affaire», Issa Tchiroma Bakary croit pouvoir banaliser  la décision du groupe de travail en soulignant que «les avis des Groupes de travail des Nations Unies ne le sont qu'à titre consultatif et qu'ils n'ont aucune valeur contraignante sur les parties concernées ». Il convient ici de rappeler un principe important  en droit international : « Pacta sunt servanda» qui signifie littéralement que «les conventions doivent être respectées ». Quand les parties s'engagent dans une procédure, elles sont  liées au contrat conclu et à ce titre elles ne sauraient déroger aux obligations issues de cet accord.

Droits civils et politiques : Etat partie au Pacte  
Les accords conclus doivent être respectés. Même si les avis du Groupe de travail n'ont pas «une valeur contraignante sur les parties concernées», elles ont une valeur éthique et morale qui est au cœur  de la force obligatoire du respect de la parole donnée. A partir du moment où le gouvernement a librement et volontairement accepté de participer au débat contradictoire sur la procédure du  Groupe de travail  de l'Onu, se refuser d'appliquer la résolution ou la décision qui sanctionne ses travaux est un  manquement grave.  Au risque de se comporter comme un Etat voyou, Un Etat sans foi ni loi,  le Cameroun est  moralement obligé d'honorer à ses engagements sur la scène internationale. Créé par  la  Commission  des  droits de l'homme de l'Onu et conformément  à  ses  méthodes  de  travail,  le Groupe  de  travail sur la  détention  arbitraire  a régulièrement échangé avec le gouvernement.
C'est ainsi que  le Groupe de  travail sur la  détention  arbitraire a  transmis le  1er  juillet  2015 au gouvernement une communication concernant Marafa Hamidou Yaya. Le Gouvernement a répondu à la communication le 30 septembre 2015. Le Cameroun est Etat partie à plusieurs conventions et traités internationaux dont le Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Cela suppose et implique le respect des engagements auxquels il a souscrit. La Déclaration universelle des droits de l'homme est l'un des textes internationaux  intégrés dans le préambule de la Constitution.  Le Groupe de travail considère que la privation de liberté est arbitraire dans trois cas. 

Droit à un procès équitable
D'abord,  lorsqu'il est manifestement impossible d'invoquer un quelconque fondement légal  pour  justifier  la  privation  de  liberté. C'est par exemple  le  cas où  une  personne  est maintenue  en  détention  après  avoir  exécuté  sa  peine  ou  malgré  l'adoption  d'une  loi d'amnistie qui lui serait applicable.  Le deuxième cas c'est  lorsque la  privation de liberté résulte de l'exercice  de droits ou de libertés garantis par les articles 7, 13, 14, 18, 19, 20 et 21 de la Déclaration universelle des droits de l'homme  et,  en  ce  qui  concerne  les  États  parties  au  Pacte  international  relatif  aux  droits civils  et  politiques,  par  les  articles  12,  18,  19,  21,  22,  25,  26  et  27  de  cet  instrument. Le troisième cas de détention arbitraire c'est  lorsque l'inobservation,  totale  ou  partielle, des  normes internationales relatives au droit à un procès équitable, - établies dans la Déclaration universelle des droits de  l'homme et dans  les  instruments  internationaux pertinents acceptés  par  les  États intéressés - ,  est  d'une  gravité  telle  qu'elle  rend  la  privation  de  liberté  arbitraire.
Edmond Kamguia K.  

lanouvelleexpression.info

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