Le 1er octobre 2017 restera dans l'histoire politique de
notre pays comme un dimanche noir. L'unité de notre Nation a été remise
ouvertement en cause. Plusieurs morts, de nombreux blessés et
d'importants dégâts matériels ont été enregistrés, bref, le sang, le
feu, les larmes ont été le lot des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest
du Cameroun. Toutes ces vies perdues ou brisées auraient pu
être épargnées et le coup de canif dans l'unité du pays évité si le
Gouvernement ne s'était pas enfermé dans une logique de pourrissement de
la situation par le refus d'un dialogue constructif avec les leaders de
la contestation anglophone. Le MRC condamne cette attitude
irresponsable et tient le Gouvernement pour comptable à la fois des
victimes enregistrées et de la grave fissure faite dans l'unité du
Cameroun.
Le MRC exige l’ouverture d’une enquête indépendante pour établir les responsabilités
politiques et opérationnelles, le bilan exact des victimes, et pour
clarifier les cas des personnes portées disparues lors de ce drame qui
était évitable.
Jusqu’à la veille du 1er octobre 2017, le
MRC a imploré le Gouvernement de tout faire pour éviter une
confrontation entre les forces de sécurité et de défense d'un côté et
les populations de l'autre. Constatant qu’après un déplacement
inopportun à New York, le Président BIYA avait déserté à l’approche de
la date fatidique du 1er octobre de tous les dangers pour le
pays, le MRC a suggéré au président du Sénat et à celui de l’Assemblé
Nationale de constituer une DELEGATION PARLEMENTAIRE DE PAIX
pour aller, en urgence, à la rencontre des compatriotes anglophones. Le
but d'une telle Délégation aurait été alors de préparer le terrain pour
un dialogue sincère en vue de la recherche des solutions aux causes
profondes des problèmes politiques légitimes posés par les Anglophones.
Malheureusement, pas plus que les précédentes, cette ultime proposition
du MRC n’a pas été entendue. Il faut rappeler que dès le début de la
crise, notre parti, qui avait très tôt cerné l'ampleur du défi et les
risques corrélatifs, avait recommandé un dialogue national sincère et
inclusif au cours duquel les causes profondes - et non plus les
conséquences - du problème anglophone seraient traitées dans toutes ses
dimensions. Il a été raillé et moqué par des thuriféraires du régime
arrogant, pour qui seules la force et la répression étaient la réponse
adéquate aux frustrations et revendications politiques des populations
du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Au-delà du rejet du dialogue politique proposé sans relâche par le MRC, un
cabinet occulte mis en place en urgence a même tenté de faire prospérer
la thèse fumeuse selon laquelle j'instrumentaliserais les frustrations
des Anglophones pour renverser le pouvoir dans le cadre d’une
insurrection populaire. Cette thèse farfelue et ridicule est partie comme elle est venue.
A la suite du MRC, plusieurs autres partis politiques, des
organisations nationales et des personnalités, des pays amis du Cameroun
et des organisations internationales (ONU, Union Européenne) ont prôné
la tenue d’un dialogue politique avec les contestataires. En vain!
Fidèle à sa tradition, le régime a préféré la confrontation au dialogue. Bien plus, il a instrumentalisé certains « média » pour distiller la haine et les divisions parmi les Camerounais.
Ainsi, sur prescription, les partisans du dialogue ont été diabolisés
et présentés comme des ennemis de la patrie. Et, les faucons du régime
se sont lancés dans la préparation de la confrontation, manifestement
désirée. En choisissant de se focaliser uniquement sur l’extrême
minorité des activistes sécessionnistes au lieu d'écouter les problèmes
politiques posés par une vaste majorité des populations anglophones qui
revendiquent simplement une place dans la République, le Gouvernement
s’est effacé pour laisser le champ libre aux entrepreneurs du pire.
Sur le tard, les va-t-en-guerre du régime semblent enfin découvrir que
la seule et unique démarche pour trouver une solution durable à ce
problème qui met à mal notre destin commun en tant que nation est le
DIALOGUE. Il est indispensable, inévitable, incontournable. Ceux
qui le diffèrent en choisissant de verser d'abord et inutilement le
sang des Camerounais Anglophones seront responsables devant la Nation et
devant l'histoire.
Donc, le dialogue politique semble désormais faire une certaine unanimité dans le pays. Mais, le MRC constate que l'actuel Gouvernement est désormais disqualifié pour résoudre cette crise. Le Président de la République a déserté, les membres de son Gouvernement sont discrédités et le Parlement est impuissant.
Il est donc temps pour la Cour suprême-Conseil constitutionnel de déclarer la vacance du pouvoir,
afin de permettre au pays de renouveler ses dirigeants et de se doter
de nouvelles institutions aptes à résoudre la crise et à faire face aux
nombreux problèmes et défis auxquels le pays est confronté.
Le Président National du MRC
Maurice KAMTO
Yaoundé le 08 Octobre 2017
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/ Crise Anglophone: Au nom du sang versé inutilement le 1er octobre 2017, l’organisation d’un dialogue politique national ne peut plus être différée Par Maurice Kamto
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