Comme beaucoup de nos compatriotes, vous avez exprimé votre point de
vue sur la crise anglophone, le grand problème de l’heure. A la lecture
ce matin de votre tribune parue dans plusieurs journaux, je me permets
de venir vers vous, pour parler d’un point qui m’a marqué, et qui est la
raison de la présente missive.
Vous avez évoqué le « Grand soir », attendu par certains Camerounais
francophones, le « bouleversement soudain et radical de l’ordre existant
». Dans la foulée, vous vous demandez : « pourquoi les francophones qui
sont fatigués du régime Biya, de son équipe et de son règne ne
s’organisent-ils pas entre eux dans le cadre des lois de la République ?
»
C’est sur ce point précis que je vous pends au mot : « fatigue ». Le
mot est lâché. Donc vous-mêmes, ressentez, observez, constatez que le
régime de Monsieur Biya est fatigué et fatiguant. Vous demandez à tous
ceux qui ne sont pas d’accord, de provoquer le changement, « dans le
cadre des lois de la République » !
Qui, à ce jour, mieux que le justiciable Atangana Mebara Jean-Marie,
peut le mieux apprécier la capacité du système législatif, juridique et
judicaire du Cameroun à produire de la Justice ? Vous qui vivez dans
votre chair la « Justice sous régime Biya » comment pouvez-vous
conseiller à d’autres de se fier à elle ? Il y a dans votre démarche une
contradiction qui me heurte.
Autre fausse piste sur laquelle vous embarquez ceux qui vous ont lu :
celle du « Biya-homme » où vous construisez -de manière fort habile-
une idée selon laquelle le Cameroun est un bien trop précieux pour être
gâché au motif qu’il faut faire partir Monsieur Biya. Vous le savez
vous-mêmes, le Biya qui fait problème n’est pas un individu, mais c’est
un système tentaculaire qui tient le Cameroun et vampirise les énergies
de ses hommes. C’est de ce système qu’il faut se libérer.
Vous êtes d’accord avec moi qu’en 35 ans Monsieur Biya a donné tout
ce qu’il pouvait au Cameroun. Dans le même temps, il aussi reçu du
Cameroun, tout ce que ce beau pays pouvait lui donner. Notre pays et lui
sont quittes. Pourquoi voulez-vous assimiler son départ à ce « Grand
soir » où j’entrevois déjà une « Nuit des longs couteaux » ?
J’ai un profond respect et une forte compassion pour vous et vos
compagnons d’infortune. Vos bras, vos intelligences auraient été plus
utiles ailleurs à bâtir le Cameroun, que là-bas derrière les barreaux où
vous vous trouvez à cause de ce système contre qui vous ne levez même
pas le moindre cri de colère. C’est cette colère que vous gardez dans
vos entrailles qui jaillit de celles de ces jeunes anglophones et qui
sourd en notre sein.
Mes encouragements les plus chaleureux pour les moments difficiles
que vous traversez. En espérant qu’une nouvelle ère, un jour, s’ouvrira
pour notre pays.
Haman Mana
- Blogger Comment
- Facebook Comment
Inscription à :
Publier les commentaires
(
Atom
)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Laissez nous un commentaire sur cet opinion.