Tous les malheureux qui, samedi dernier, ont eu la malencontreuse idée de
traverser la ville de Bafoussam, ont eu à payer bien cher leur petite escapade…
De nombreuses heures sous le soleil, dans des voitures bloquées dans les ruelles
secondaires d’une ville certes sympathique, mais où on aimerait faire escale
dans d’autres circonstances et sous d’autres conditions. Tous ceux donc qui,
comme moi, devaient partir de Bamenda, Mbouda, Dschang et autres ont été bloqués
au lieudit « Carrefour Maquisard », qui, pour l’occasion, n’avait jamais aussi
bien porté son nom.
Imaginez, à cet endroit de Bafoussam, célèbre pour l’exécution des Ernest
Ouandié et autres, toutes les files de voitures en provenance d’un peu partout :
le pick-up chargé de tomates venant de Galim (Bamboutos) et en partance pour
Libreville au Gabon, le car de transport public avec à son bord une soixantaine
de passagers exaspérés et exténués, la voiture familiale avec au volant le père
énervé et sur la banquette arrière les enfants prisonniers d’un habitacle
surchauffé…Tout le monde est là, sur place, avec, en face, un barrage de jeunes
policiers et gendarmes, « respectant les consignes » à la lettre et faisant même
du zèle lorsque quelque automobiliste bloqué manifestait un peu bruyamment son
impatience .
Dans la file toujours, un cortège funèbre pris dans le piège, avec, à la
cabine, la veuve éplorée, souffrant dans son kaba ngondo noir de circonstance,
et ayant relevé complètement le voile de son chapeau, pour, sans doute, ne pas
subir le sort du pauvre type qu’elle accompagne à sa dernière demeure… Las
d’attendre dans les auto (im) mobiles, nous avons décidé d’aller, histoire de
tuer le temps, voir pourquoi on était bloqué : la tenue du meeting de
remerciement des populations de la province de l’Ouest à Paul Biya, pour
l’élection-nomination de Marcel Niat au poste de président du Sénat. Dommage
pour nous, pauvres resquilleurs, nous avons été encore tenus à distance des
vraies choses, parce que nous n’avions pas de billets d’invitation.
Résultat, on s’est contenté de regarder le grand meeting depuis les parkings,
où, faute de mieux, on a eu tout de même le loisir de contempler les chromes des
insolents 4X4 des huiles venues de partout pour assister à cette grand’messe.
Trois à quatre heures bloqués dans Bafoussam, pour cause de meeting de
remerciement
! Merci au Renouveau.
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