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COMME ALBATROS CAMAIR-CO : LA MALÉDICTION DES CONTRATS par David Nouwou

La maladie qui avait tué la Camair continue de s’acharner contre Camair-Co. Revue…
Il y a bientôt deux semaines, un confrère qui a trouvé son créneau dans la couverture et le traitement des affaires judiciaires, a produit un abondant dossier qui tentait de démêler la toile d’araignée que des spécialistes en ingénierie de détournement d’argent public, avaient tissé autour de la compagnie nationale de navigation aérienne.

Un aspect, peut-être même le plus important sur lequel il ne s’est pas appesanti, concerne les contrats passés entre la compagnie nationale et ses partenaires réels ou fictifs. Et la pratique date. Dernier repère. Au cours d’une réunion à laquelle prenaient part les syndicalistes et les responsables de Camair-Co, le ministre délégué au transport, Mefiro Oumarou, en juillet 2013 au ministère des transports à Yaoundé, avait publiquement révélé que Camair-co ploie sous le faix de 152 contrats dont 70 sont fortement suspectés d’être fictifs. Cette sortie inattendue et courageuse du ministre a fait quelques vagues dans la salle. Les gens se sont regardés. Beaucoup comprenaient bien de quoi il était question.
Au sortir de là, une des résolutions était de mettre sur pied une commission d’examen et de révision de tous ces contrats à problème. La partie visible contre laquelle la commission s’est attaquée, avec des résultats palpables à ce jour,  porte sur  les négociations  des   loyers dont l’issue a permis à la direction générale de Camair-Co de retourner à l’ancien immeuble siège de la direction générale de la Camair à Bonanjo. L’autre volet tout aussi sensible est  la révision des contrats de location et de maintenance des avions. Depuis,  une brume opaque a envahi les cabines.
 
Il faut dire que de tout temps, la gestion des contrats, depuis la Camair, est au centre de toutes les tractations et de tous les enjeux pour avoir accès à la véritable moelle onctueuse de l’entreprise. Et les Directeurs généraux qui se sont succédés à la tête de cette entreprise ont connu chacun un sort différent, selon qu’il a secoué le cocotier ou qu’il est  «resté sage».
Lorsque Cyrille Etoundi arrive en 1997, il entreprend de réviser, sans grande difficulté, quelques contrats ficelés pas Minko. Quand Yves Michel Fotso prend les commandes en 2000, il hérite entre autres appareils, le 767-300 (le Dja), acquis en location vente. Mais modifie la location vente pour une location simple. Puis signe une dizaine de contrats de location d’avion. On se rappelle avec quelle véhémence le bouillant syndicat des travailleurs des transports aériens du turbulent Eyango Njong avait dénoncé ce qu’il considérait comme la mort programmée de la compagnie aérienne, à cause d’une gestion mafieuse.
Quand Thomas Dakayi Kamga arrive, déjà comme en sapeur pompier en 2003, il est scandalisé par les engagements onéreux et  presque surréalistes de l’entreprise. Après plusieurs missions d’exploration à l’étranger, il décide de tout revoir. Il élaborait ainsi son acte de départ, naïvement. Parce que les réseaux auxquels il voulait ainsi s’attaquer, étendaient leurs tentacules venimeux jusque dans les sphères les plus insoupçonnées de la haute administration. Alors pour faire échec à  la tentative de ce «zélé», il faut le faire partir. Du coup, l’idée d’une administration provisoire est lancée. Une formule très subtile. Dans la mesure où dans tous les cas, Dakayi doit partir, au moins parce qu’il fait partie de ceux qui ont créé le problème à résoudre par l’administration provisoire. Il faut rappeler que la question de l’administration provisoire tombe comme un grain de cheveu dans la soupe. 
Car depuis Cyrille Etoundi, à la suite d’un audit, il était question de soumettre la Camair à une «scission-liquidation». Cette option  ayant été maintenue jusqu’à Dakayi, sans opposition. Mais ceux qui voulaient absolument empêcher qu’on touche aux différents contrats, savaient pertinemment qu’avec la formule de la «scission liquidation», il poursuivrait tranquillement son bail à la tête de la Camair. Avec ses réformes qui nécessairement allaient mettre à nu  ce vaste réseau filiforme qui assiège la Camair telle une sangsue. La manœuvre a finalement réussi. Thomas Dakayi kamga est parti. Paul Ngamo Hamani l’a remplacé comme administrateur provisoire. C’est depuis ce temps que «la fumeuse affaire» de révision des contrats de Dakayi est enterrée. Et silence, l’entreprise saigne abondamment sous l’effet des contrats fictifs ou taillés sur mesure.En 2008, l’acte de décès de la Camair est signé entre les mains de Paul Ngamo Hamani. Comme le Cameroun a toujours l’orgueil de se sentir propriétaire d’une compagnie aérienne, même pour ne rien en faire, le président de la République, en prévision de la disparition totale de la Camair, avait créé Camair-Co par décret présidentiel 293/2006 du 11 septembre 2006.
En 2010, Lazare Essimi Menye est ministre des finances. Il a «la haute main sur la Camair-co», selon ses propres déclarations. Fort de ce pouvoir, il lance le recrutement d’un Directeur général. C’est Alex Van Erk, un illustre inconnu, à qui personne dans le domaine au Cameroun ne connait aucune expérience, qu’il va retenir. 
Ce recrutement va se heurter violemment à la réticence des syndicalistes de la maison et du secteur des transports aérien qui crient sur  tous les toits pour marquer leur déception. Ils vont par la suite sauter sur un rapport d’audit du cabinet Okalla Ahanda sur la Camair-Co pour porter plainte contre le nouveau Dg. Il est obligé de s’enfuir sans demander de compte. Un certain Matthijs, ancien cadre qui avait attendu en vain sous Van Elk d’être appelé, avant de jeter l’éponge, et propulsé à la tête de la nouvelle compagnie. Des informations indiquent qu’il fait partie de ceux qui ont ficelés les  fameux contrats suspects. Les syndicats ne démordent pas.
En début 2013, Matthijs est limogé. Tandis que le Premier ministre, Pca, quitte son fauteuil. Ils sont remplacés  par Mboto Edimo (Dg) et Edouard Akame Mfoumou (Pca). Poste qu’il occupait déjà du temps de Dakayi. La direction actuelle qui ne sait plus à quels saints se vouer, est attentiste. Et regarde. Peu de gens acceptent se pencher sur cette «question délicate». Les syndicalistes, véritables sentinelles de la gestion de cette entreprise, avaient semblé souffler. Mais des clameurs commencent déjà à se faire sentir. Parce que la machine se grippe de plus en plus.  Camair-Co a du plomb dans l’aile. Et l’on   pointe toujours du doigt les mêmes péchés ; les contrats. Comme si c’était une malédiction.
  
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