« Premier forum des chefs traditionnels du Cameroun pour le développement auprès du chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya ». Tel était le thème du premier forum des chefs traditionnels du Cameroun organisé les samedi 27 et dimanche 28 mars 2010 au Palais des congrès de Yaoundé. De par sa connotation politique, ce thème traduisait bien la main mise du pouvoir en place sur les détenteurs du pouvoir traditionnel au Cameroun. Et aujourd’hui c’est comme le nez au milieu de la figure puisque le résultat est là.
Ils sont sénateurs, parlementaires, délégués ou encore président de sections, ces chefs traditionnels qui occupent des postes et pas les moindres dans le gouvernement camerounais.
Et comme tout le monde ne peut pas être aux affaires, désormais, tous les chefs traditionnels de la République perçoivent une allocation mensuelle dont le montant est fixé à 200 000 Fcfa pour les chefs de 1er degré, 100 000 Fcfa pour les chefs de 2e degré et 50 000 Fcfa pour ceux de troisième degré.
Ces gardiens de la tradition devraient ils se mêlés de la politique ?
La tradition désigne la transmission continue d'un contenu culturel à travers l'histoire depuis un événement fondateur ou un passé immémorial. Cet héritage immatériel peut constituer le vecteur d'identité d'une communauté humaine. Dans son sens absolu, la tradition est une mémoire et les chefs traditionnels ont pour devoir de transmettre cet héritage à travers l'évolution historique.
Au Cameroun et comme partout ailleurs en Afrique, les chefferies traditionnelles sont de hauts lieux ou des détenteurs de la sagesse, des personnes modèles dont la morale et la probité ne sont pas contestées continuent à transmettre, sinon à administrer l’héritage culturel et traditionnel laissés par nos aïeux. Mais une fois qu’une autorité traditionnelle malgré sa prestigieuse position, les honneurs qu’il reçoit de son peuple ainsi que tous les privilèges qui lui reviennent de droit, entre en compétition avec son peuple, ça laisse vraiment à désirer. Parce que Lorsqu’un chef s’engage en politique, cela veut dire qu’il peut être candidat et aller en compétition contre ses sujets. Ce qui est vraiment triste !
C’est vrai qu’ils sont citoyens comme tous les autres. Sur le plan individuel, ils trouveront leur compte, pour ceux qui peuvent être élus ou nommés mais seulement leur engagement politique est de nature à leur faire perdre l’autorité sur une partie de leur population. Que ce soit Chief Anja Simon Onjwo, Fon Victor Mukete le chef des Bafaw dans la Mémé, Fon Doh Ganyonga III, Fon Teche Njei II du Nord Ouest, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya ou encore le chef Bandjoun Victor Njomo Kamga, tous ces rois ne peuvent infirmer l’information selon laquelle ils ont tous des adversaires dans leurs différents lieux de commandement à cause de leur « simple » conviction et position politique.
Sur le plan de l’administration de leur groupement, nos chefs perdent leur autorité sur la partie de la population qui se trouve dans le camp adverse. Les chefs traditionnels devaient faire preuve de neutralité politique. Ceci ne devrait pas dire qu’ils doivent se muer en des êtres désincarnés ; ils doivent voter, choisir un parti politique. Mais prendre officiellement position en faveur d’un parti politique au point d’occuper un poste qui mettrait en péril leur rôle naturel de chef traditionnel, ceci n’entre pas dans leur contrat social. Parce que le chef traditionnel dans sa communauté est appelé à encadrer l’ensemble de la population et non la diviser à travers des convictions politiques.
Sur le plan de l’administration de leur groupement, nos chefs perdent leur autorité sur la partie de la population qui se trouve dans le camp adverse. Les chefs traditionnels devaient faire preuve de neutralité politique. Ceci ne devrait pas dire qu’ils doivent se muer en des êtres désincarnés ; ils doivent voter, choisir un parti politique. Mais prendre officiellement position en faveur d’un parti politique au point d’occuper un poste qui mettrait en péril leur rôle naturel de chef traditionnel, ceci n’entre pas dans leur contrat social. Parce que le chef traditionnel dans sa communauté est appelé à encadrer l’ensemble de la population et non la diviser à travers des convictions politiques.
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