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CONDAMNATION DE MARAFA : RIEN QU'UNE AFFAIRE DE DÉTOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS par Charles Nwe

Une opération d'achat d'un aéronef présidentiel qui tourne au flop. De l'argent déboursé pour l'acquisition d'un aéronef pour les déplacements du Président de la République distrait et partagé entre coquins. Aucune trace de l'avion présidentiel en question. Que vient donc faire la politique dans cette affaire?
La libération récente de milliers de prisonniers dans le cadre du décret N°2014/058 du 18 février 2014 du Président de la République portant commutation et remise de peines à l'occasion des festivités marquant le cinquantenaire de la Réunification, n'a pas cessé de faire des émules. Parce que d'éminents prisonniers à l'instar Michel Thierry Atangana ou encore de Titus Edzoa ont été les principaux bénéficiaires de cette mesure, l'agitation est de plus en plus perceptible chez d'autres prisonniers de luxe, qui n'ont pas bénéficié de l'effet de cet important décret. 

C'est ainsi que dans la foulée est né aux Etats-Unis, le Comité des amis de Marafa (Cam) que dirige un journaliste d'investigation nommé Gail Jefferson. S'ils se font moins bruyants pour l'instant - peut-être - ils ne réclament pas moins la libération de l'ancien secrétaire général de la présidence de la République guidée par l'acte magnanime du Président de la République dont ils apprécient le décret du 18 février à sa juste valeur. Dans la foulée, une autre organisation, également créée aux Etats-Unis, «Marafa Watch» estime que Marafa Hamidou Yaya est un prisonnier politique et demande au Chef de l'Etat de surseoir à l'opération Epervier.
D'ailleurs, dans son rapport 2012, le département d'Etat (Etats-Unis) s'attardait déjà sur le cas Marafa. «Le 21 septembre, le Tribunal de grande instance du Mfoundi a rendu un verdict de culpabilité dans e procès de Marafa Hamidou Yaya, ancien secrétaire général de la présidence de la République et ancien Ministre d'Etat chargé de l'Administration territoriale et de la Décentralisation pour corruption dans le cadre de l'achat d'un avion présidentiel en 2001. Le juge a lu un jugement de 1156 pages contenant essentiellement des allégations et des insinuations, mais peu de preuves, et a condamné Marafa à 25 ans de prison. Les observateurs ont relevé que beaucoup d'aspects de cette affaire avaient trait à une interférence de l'exécutif», pouvait-on lire sur ce rapport du département d'Etat. 
C'est à peu près la même rengaine enfilée en 2012 et même en 2013 par le rapport des Etats-Unis sur les droits de l'Homme au Cameroun. Parlant des prisonniers et détenus politiques, le rapport insiste sur le fait que «l'ancien Ministre d'Etat de l'Administration territoriale et de la Décentralisation», Marafa Hamidou yaya arrêté en 2012 pour corruption et condamné à 25 ans de prison au cours d'un procès sans preuve véritable demeure en prison. Au cours de l'année, il a fait appel de cette décision auprès de la Cour suprême et au Tribunal criminel spécial. A la fin de cette année, les 2 tribunaux se sont déclarés incompétents pour recevoir cet appel laissant aucune issue à cette affaire. Le 26 novembre, la Cour suprême a rejeté l'appel de Marafa concernant la réduction de sa peine.
Jurisprudence
Une chose est pourtant claire. Marafa Hamidou Yaya, Yves-Michel Fotso ont été condamnés au terme d'une procédure normale dans le cadre d'un procès public qui a d'ailleurs défrayé la chronique tout au long de son déroulement. Ils ont eu droit à une défense avec des avocats parmi les plus brillants du barreau. C'est dire que la justice n'a fait que son travail. En écopant de 25 ans de prison seulement, l'on peut dire que la collégialité a eu la main douce lorsqu'on sait qu'à plus de 500 000 FCFA de détournement de deniers publics, le Code pénal camerounais prévoit la peine capitale. 
Pour revenir aux faits proprement dits, il faut se souvenir qu'en 2001, le Président de la République confie à son plus proche collaborateur, Marafa Hamidou Yaya alors secrétaire général de la présidence de la République la mission d'acquisition d'un avion pour ses déplacements. Marafa n'a d'ailleurs jamais contesté qu'il était le seul détenteur de ce mandat. C'est ainsi qu'il joint à cette opération, son vieil ami Yves Michel Fotso. Il instruit par la suite le Ministre des Finances de l'époque de débloquer en urgence 31 mil¬lions de dollars américains pour l'achat de cet avion.
Seulement, au lieu d'envoyer tout cet argent au constructeur, les 2 amis, en intelligence parfaite vont atterrir ce pactole dans une sombre société sans envergure, Gia International, où Yves Michel Fotso détient la signature sur les comptes bancaires. Des 31 millions de dollars Us partis des comptes de la Snh, seuls 2 millions de dollars arrivent à Boeing. L'avion est fabriqué. Au même moment, les 29 millions de dollars restés dans les comptes de Gia vont servir à l'achat de 2 avions qui sont vite mis en location à la Camair que dirige Yves Michel Fotso qui crée une autre société, Avipro, pour récupérer l'argent des loyers des avions que la bande va se partager. C'est ainsi qu'on s'est bien rendu compte que Marafa Hamidou Yaya avait vu virer dans son compte 1 150 000 dollars issus des loyers d'avions qui eux-mêmes ont été achetés avec les 31 millions de dollars débloqués pour l'acquisition d'un aéronef pour les déplacements du Chef de l'Etat.
En définitive, ce que les rapports des Américains tentent d'occulter, tant soit peu que la vérité soit têtue, c'est que l'argent de la Snh, donc du budget national ou encore des deniers publics est sortie pour l'achat d'un avion pour les déplacements du Président de la République. L'on n'a jamais vu d'avion. Et l'argent sorti n'est jamais rentré. L'on se souvient que rendu à Boeing, l'ambassadeur Jérôme Mendouga s'était entendu dire: je suis prêt pour l'avion mais je ne trouve plus d'interlocuteur. Yves Michel Fotso avait disparu dans la nature. Marafa Hamidou Yaya ne répondait plus. Dès lors le débat sur l'incarcération de l'ancien Minatd n'a plus de place. Marafa est bel bien tombé sous le coup de l'article 184 du Code pénal camerounais qui dispose que «quiconque par quelque moyens que ce soit, obtient ou retient frauduleusement quelques biens que ce soient mobiliers ou immobiliers, appartenant destinés ou confiés à l'Etat, à une coopérative, collectivité ou établisse¬ment public ou soumis à la tutelle administrative de l'Etat ou dont l'Etat détient directement ou indirectement la majorité du capital est puni». 
Où est donc la politique là-dedans? Alors que ceux qui s'agitent à présenter Marafa comme un prisonnier politique se trompent de piste et de combat. Il pourrait plutôt conseiller leur ami de rembourser le corps du délit pour envisager une certaine libération. Son compagnon d'infortune Yves-Michel Fotso a déjà montré la voie à suivre. Par l'intermédiaire de ses avocats Me Mandeng et Achet, il a déjà remboursé au trésor public la rondelette somme de 889 752 217 FCFA espérant d'ailleurs bénéficier de la jurisprudence née de l'affaire Etat du Cameroun contre Ntongo Onguene et Fotso au Tcs où l'ex-Adg de la Camair avait obtenu l'arrêt des poursuites après avoir payé le corps du délit au Trésor public. On pei¬ne donc à voir dans toute cette procédure, où se trouve le caractère de détenu politique que le dernier rapport des Etats-Unis sur les libertés au Cameroun attribue à l'ex Sg/Pr, Minatd, Marafa Hamidou Yaya. Quelle opinion défendait-il pour être arrêté? 

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