Opinions Nouvelles

Opinions Nouvelles
Opinions pour mieux comprendre où va le monde

ATEBA EYENE, LAPIRO, PIUS OTTOU, GARGA HAMAN, LE CRÉPUSCULE DES «GRANDES GUEULES» par Sylvain Andzongo

La grande faucheuse a refermé ses fourches caudines sur certains.
D'autres sont pratiquement dans l'antichambre dans la mort. «Repères» note tout simplement que les Ateba Eyene, Lapiro de Mbanga très critiques à l'endroit du Renouveau, meurent pratiquement au même moment. MM. Garga Haman et Pius Ottou, eux aussi, peu tendres avec le régime en place, sont annoncés dans l'antichambre de la mort.


M. ATEBA EYENE, MORT DES SUITES D'INSUFFISANCE RÉNALE
Le 29 mars 2014, M. Charles Sylvestre Ateba Eyene sera inhumé à Bikoka, son village natal. Le membre suppléant du comité central du Rdpc (Rassemblement démocratique du peuple Camerounais) et par ailleurs écrivain prolixe, est décédé des suites de maladie (insuffisance rénale, selon des sources médicales), le vendredi 21 février 2014, au Centre Hospitalo-universitaire (CHU), sis au quartier Melen à Yaoundé. Depuis son décès, l'opinion est en proie à la lancinante question : Ateba Eyene a-t-il payé de sa vie ses critiques contre le régime qu'il a servi comme communicateur?
Au gré des versions qui se contredisent les unes des autres, des observateurs plus ou moins avertis n'hésitent pas à établir une corrélation entre les prises de positions publiques, les productions littéraires de l'ex-cadre du ministère des Arts et de la Culture et les inimitiés suscitées au sein de l'establishment. L'un des derniers ouvrages incendiaires de M. Ateba Eyene est «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico anal et des réseaux mafieux» publié en septembre 2012 aux éditions Saint-Paul.
Dans son ouvrage de 366 pages, il publiait la liste des ministres camerounais membres de la franc-maçonnerie. Ce qui lui avait, en son temps, valu une avalanche de procès, dont le plus mémorable fut sans aucun doute, celui qui a opposé le défunt au ministre de la Recherche scientifique, Madeleine Tchuinté.
Si l'avant-dernier livre de M. Charles Sylvestre Ateba Eyene était entièrement consacré à son parti, le Rdpc, tout comme le dernier d'ailleurs «La trahison des griots», l'écrivain était considéré par un bon nombre de ses camarades politiques comme un «traître». Traître parce qu'il a toujours critiqué ouvertement même les ministres du régime en place.
M. LAPIRO DE MBANGA, FAUCHÉ PAR UN CANCER DE LA MOELLE OSSEUSE
Lapiro de Mbanga, de son vrai nom Pierre Roger Lambo Sandjo, est né en novembre 1957. Il débute sa carrière en 1978 au Nigeria, mais ses plus grands succès sont enregistrés au milieu des années 80, avec des titres qui vont le hisser au rang d'artiste le plus populaire du pays. Il chante en pidgin et dénonce les travers de la société. Paradoxalement, c'est pendant la même période que commencent les ennuis.
L'artiste se mue en leader d'opinion et tient un rôle controversé au début des années 90, pendant les événements qui ont conduit à l'ouverture démocratique. Certains, dans l'opposition naissante, vont l'accuser de pactiser avec le pouvoir.
Mais ces dernières années, il s'est plus fait entendre par ses critiques acerbes du pouvoir en place. Il a même pris une carte du SDF, le principal parti de l'opposition, qui l'a investi deux fois dans les élections locales, dans sa ville natale de Mbanga.
Lapiro de Mbanga s'exile aux Etats-Unis en 2012, après avoir purgé une peine d'emprisonnement de trois ans fermes en 2008 et 2011, accusé d'avoir été l'un des instigateurs des violentes émeutes de février 2008, qui firent 40 morts, selon les chiffres officiels. Il quitte la scène avec plus de dix albums à son actif.
Le chanteur camerounais, figure même de l'artiste engagé, avait été emprisonné trois ans pour son rôle supposé dans les émeutes de février 2008 contre le pouvoir en place, avant de s'exiler aux Etats-Unis où il meurt, dimanche 16 mars, dans les environs de New York, à l'âge de 57 ans. Selon le quotidien privé «Le Jour» du 17 mars 2014, le défunt aurait prescrit de son vivant, de ne pas enterré sa dépouille au Cameroun. Toujours selon «Le Jour», Lapiro sera incinéré aux Etats-Unis. Un acte de protestation. Le dernier.
M. GARGA HAMAN ADJI, EN ATTENTE D'UNE ÉVACUATION SANITAIRE
La situation de l'ancien ministre de la Fonction publique serait d'autant plus grave que sa famille entend garder secret, le lieu où il se trouve en ce moment. Selon «cameroon-info.net», site d'informations, le président national de l'alliance pour la démocratie et le développement (ADD), Garga Haman Adji, est depuis quelque temps, gravement malade et alité. La piste de l'évacuation sanitaire serait même de plus en plus explorée, après le refus catégorique de l'homme politique d'intégrer une institution hospitalière de la place.
Pour certains familiers de sa résidence d'Essos à Yaoundé, le ministre aurait même vidé les lieux, pour le domicile d'une de ses filles, la prénommée «Hawoua Garga» qui assure l'intérim de Cécile Epondo Fouda à la direction de la Communication de Iric, société nationale des hydrocarbures(SNH).
Entre-temps, quelques-uns croient savoir que l'éminent membre de la commission nationale anticorruption (Conac), nommé par le Chef de l'Etat Paul Biya, devrait bénéficier d'une évacuation sanitaire, aux frais de la présidence de la Républiqye. M. Garga Haman Adji reste à ce jour, le seul ministre de M. Paul Biya à avoir volontairement claqué la porte du gouvernement.
C'était en 1992. Il protestait contre la politique d'impunité en cours dans le pays. Ministre de la Fonction publique et du contrôle supérieur de l'Etat depuis 1988, cet administrateur civil principal de classe exceptionnelle se sera illustré en traquant et en sanctionnant, les fossoyeurs de l'économie nationale. Il s'agissait pour lui, de traduire dans les faits, la politique de rigueur et de moralisation prônée depuis six ans par Paul Biya.
Acte d'autant plus surprenant que la fonction ministérielle reste encore considérée au Cameroun comme une position d'enrichissement facile, mais pas toujours licite et ou on préfère le silence à la démission. Mais une fois hors du gouvernement, cette «grande gueule, ce «fort en thème» ne la ferme pas.
M. PIUS OTTOU EN RÉANIMATION DEPUIS PRÈS D'UNE SEMAINE
C'est lors d'une ultime tentative que quelqu'un a fini par décrocher le téléphone du Pr. Pius Ottou, qu'on tente de joindre en vain depuis quelques jours. Ce mardi 18 mars 2014 à 15h 52, lorsque le téléphone sonne pour la 5è fois, c'est la voix d'une jeune fille qui répond au bout de fil.
D'une voix fluette elle dit: «Allô». L'auteur de ces lignes se présente et demande à parler au Pr. Pius Ottou. L'interlocutrice, qui se présente comme sa fille répond: «il est en réanimation». Où est-il interné et depuis quand, relance le reporter. «C'est depuis vendredi 14 mars 2014: Ndlr. Il est à l'hôpital Jamot», répond-elle. De quoi souffre-t-il? Maddy Ottou répond d'une voix naïve: «Il a mal aux poumons». La conversation ne va livrer aucune autre information d'envergure.
Le Pr. Pius Ottou est surtout connu en temps ordinaire comme un intellectuel qui n'a pas sa langue dans poche. Ses critiques visent plus les collaborateurs du Chef de l'Etat. Morceau choisi: «Quand est-ce qu'on travaillera pour bâtir le Cameroun, et ne faire que cela, car, on ne demande à personne «d'adorer» qui que soit, on demande à contrario à chacun de travailler avec les autres en toute honnêteté et loyauté, là est toute la nuance».
Au sujet de la privatisation des entreprises au Cameroun, un journaliste lui demande un jour: «Est-ce que vous mettez en cause le patriotisme de ceux qui ont mené les privatisations, en les accusant d'avoir bradé ces entreprises, au profit de leurs propres intérêts»?
Réponse du Pr. Pius Ottou «Je confirme! On a effectivement bradé les entreprises camerounaises. Mais il est encore temps de rattraper cela». il ajoute: «C'est tout simplement parce que ceux qui sont les vrais repreneurs de ces sociétés, ce sont des Camerounais. Le bonheur du Cameroun leur importe peu. Ce qui compte, c'est leur dynastie et sa puissance. Ce genre de phénomène conduit toujours à la "yougoslavisation". C'est-à-dire que vous balkanisez le Cameroun, ça va conduire à un éclatement. On ne peut pas concevoir une société sans équilibre social. »
Des déclarations comme celles rappelées plus haut sont légion. 
Partagez sur Google Plus

About BIGDeals

This is a short description in the author block about the author. You edit it by entering text in the "Biographical Info" field in the user admin panel.
    Blogger Comment
    Facebook Comment

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Laissez nous un commentaire sur cet opinion.