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JE SUIS CAMEROUNAIS, JE SUIS INTÉGRISTE par Florian Nguimbis

Beaucoup de gens disent qu’à travers mes textes, je présente une image biaisée du Cameroun et que je me nourris des frustrations de toute une population pour faire du buzz. Etrange vision que celle là. Certaines personnes n’ont toujours pas compris que dénoncer n’est pas haïr, et qu’au-delà de la violence de certains textes, j’essaye de distiller l’amour que j’éprouve pour ce pays. Suite à un débat il ya quelques temps avec un «grand intellectuel» camerounais, ce dernier me faisait remarquer ma naïveté sur la question de la laïcité et de la tolérance religieuse au Cameroun.
Généralement pessimiste quant à ma vision de l’évolution du Cameroun, sur ce point là je relevais le fait que nous soyons tout de même un exemple de stabilité sur le plan de la cohabitation entre les diverses communauté religieuses. Tollé, car il paraît que lorsqu’on s’appelle Florian Nguimbis et qu’on porte la casquette officielle de «pourfendeur du Renouveau» - je me demande toujours où et quand j’ai acheté cette casquette - on n’a pas le droit de dire du bien du Cameroun.

J’ai ri hein ? Le problème des gens qui veulent parler du Cameroun, est que pour la plupart ils le voient soit de loin, soit à travers le prisme de leurs gros diplômes sortis tout droit des universités occidentales dont potentiellement hors contexte. Moi je parle de choses simples ; de choses que je vis au quotidien. Comment je vis la tolérance au quotidien?
Chez nous au Cameroun, lorsque tu prends le bus de Garanti Express, tout le long du trajet Yaoundé-Douala il n’est pas rare que le chauffeur vous fatigue les oreilles avec des sermons et des clips pentecôtistes! Toi le voyageur, musulman, athée ou autre, tu secoues seulement la tête en sifflotant "je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut, en Jésus mon Roi..." ça ne tue pas !
Quand je vais acheter de la viande de boeuf chez mon boucher, je me fiche de savoir que tous les abattoirs du pays égorgent les bêtes selon le rituel halal. Moi quoi là dedans? Depuis quand la façon d'égorger le boeuf a rendu le soya moins bon ?
Quand on va à la cathédrale des catholiques le dimanche matin, en sortant il est très courant de tomber sur des mendiants musulmans en train de quêter l’aumône tout le long de l'escalier. Est ce que l'argent a une religion? On donne, ils prennent ! Quand tu vas à Texaco Ecole de Police manger du soya, le gars, un musulman te vend la viande ici, te sert au bar là bas. Quand l'heure de la prière sonne, il crie Allah ouakbar sur sa natte toi tu hurles à côté "la bière c'est combien ici" ?
Quand les militants du Grand Parti s’en vont danser au bord des rues pour saluer l’arrivée et le passage du pape, vous croyez qu’on trie en fonction de la religion ? Il suffit d’avoir l’habit des flammes et ton billet de banque est assuré après quelques coups de rein de bienvenue. Au marché Congo à Douala, quand sonne l’heure de la prière les vendeurs chrétiens éteignent leur sono et autres hauts parleurs chinois pour permettre aux musulmans de s’écouter prier.
Est-ce que le commerce s’en porte mal ? Jamais ! Je me souviens même d’une période où les chansons de la célèbre chorale la voix du Cénacle étaient tellement populaires que nous autres mécréants nous les dansions en boîte de nuit, bière dans une main, belle de nuit dans l’autre. Asimba ééééé !
Oui Asimba, le miracle. Miracle d’une société où on s’agenouille pour prier le matin et on frappe à la porte du marabout le soir. Qu’on soit d’accord ou non, cet état des choses n’est nullement une vue de l’esprit, mais un acquis. Je ris en contemplant nos «cousins» gaulois qui se battent pour savoir si les gens ont le droit ou non de porter un morceau de tissu en guise de voile. Yeuch ! Comme on dit chez nous, quelqu’un porte sa chaussure ça te serre? Venez chez nous au Cameroun !
Chez nous à Yaoundé ? Une femme vêtue du voile intégral ne peut que susciter la curiosité : «Mama ! Avec la chaleur-ci tu t’en sors ?». Et puis c’est tout, la vie continue. Certains y voient une certaine naïveté. D’autres même font des analogies macabres avec la situation en Centrafrique : «ils étaient comme vous, qui vous dit que bientôt vous ne serez pas comme eux».
Oui c’est bien là le propre de cette classe prétendument éclairée, les intellectuels. Au lieu de se battre pour préserver les acquis et les consolider, nos chers savants préfèrent jouer les oiseaux de mauvais augure en nous prédisant le pire au nom d’un pessimisme de mauvais aloi qui cache mal la faiblesse de leur implication dans le développement de notre pays.
Même si je me méfie des importations et les religions musulmanes ou chrétienne en font partie, force est de reconnaître qu’elles font partie de notre histoire. Le fait de s’appeler Florian Nguimbis à lui seul est le symbole du choc entre l’animisme de mes ancêtres et la conversation aux idéaux judéochrétiens de mes parents. Me battre contre a autant de sens que rayer une partie de l’histoire de ma lignée, à moi de choisir ce que je fais de cet héritage.
Pourquoi m’encombrer de haine et de violence alors que je n’ai pas eu à choisir ? On me parle de naïveté. Pour moi la naïveté c’est la politique de l’autruche actuellement en cours face à Boko Haram dans le Nord du pays. Cette danse Bafia de deux pas en avant, deux pas en arrière du gouvernement quant à savoir si on s’associe ou non au Nigeria pour combattre ce mouvement islamiste qui de plus en plus se sert des villages frontaliers comme base arrière et zone de recrutement. Pour moi la naïveté c’est de ne pas considérer comme problématique la montée de l’intégrisme chrétien via le mouvement des Eglises de Réveil, mouvement dans lesquels la frontière entre secte, supermarché et parti politique est de plus en plus ténue.La naïveté consiste à ne pas régler le problème de ces chefs religieux, toutes communautés confondues qui le jour travaillent pour Dieu et l’obscurité venue, pactisent avec César. Ces problèmes font partie de la dimension historique d’une nation qui se construit. Ce que je fustige c’est le silence coupable de ces «intellectuels ». Cette élite qui ne comprend pas qu’un acquis n’est pas la chose la plus difficile à avoir, mais que le challenge réside dans sa consolidation au quotidien, qui est une équation dont la fragilité n’est plus à démontrer.
Ils nous prédisent une fin comme en Centrafrique, la volée en éclat de ce beau mirage qu’est la laïcité, la diversité religieuse, la liberté de culte. Mais pour moi la vraie question à laquelle il leur faudra répondre c’est «qu’avez-vous fait ou proposé, vous messieurs les serviteurs de l’esprit pour consolider cette richesse ?» A part le moment venu aller jouer les analystes éclairés sur les chaînes de télé occidentales, qu’aurez-vous fait ? Quand le soleil brille, il fait beau partout, même dans les cimetières. Et au milieu des robinets secs de notre pays, au milieu du taux de mortalité hallucinant du paludisme, au milieu de l’obscurité si efficacement distillée par AES Sonel, au milieu de la navigation à vue censée nous conduire vers une émergence trompeuse dans un futur lointain, oui, au milieu de tout ça, il existe encore de petits ilots, trouées dans la forêt obscure de notre développement qui nous font dire que nous sommes tout de même fiers de notre pays.
Et ceci nous ne le devons pas à la vision futuriste d’un quelconque politicien, ou à la dextérité de quelque Grand Timonier. Il s’agit du style de tout un peuple, un cameroonian way of life qu’on devrait étoffer et préserver pour espérer faire de ce pays le géant qu’il mérite de devenir. Peace !
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2 commentaires:

  1. Plus de souci pour vos problèmes sentimentaux ou sociaux
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