«Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Laurent Esso, a été longuement reçu en audience par le président Biya. La teneur du tête-à-ête est bien entendu restée secrète, mais on imagine que les échanges entre les deux hommes ont tourné autour des circonstances de la mise aux arrêts de Louis Bapès Bapès. Manifestement, le chef de l’Etat n’était pas au courant de la rocambolesque procédure judiciaire engagée contre le Minesec». Ce n’est pas un communiqué du gouvernement relayé par le très officiel Cameroon-Tribune. Malgré ces prudentes supputations de notre confrère Mutations, le débat est toujours d’actualité: que savait le président Biya sur cette arrestation ‘surprise’? Où était-il et quand l’a-t-il su pour que «surpris par l’arrestation du Minesec», «personnellement» il ait «exigé la mise en liberté de Louis Bapès Bapès» ? Comment expliquer que dans une République au présidentialisme rigide, où tout va à Etoudi et tout vient d’Etoudi, le principal employeur d’un ministre, -si l’on écarte la farce de «Premier ministre, chef de gouvernement» accolée à Philémon Yang-, ne soit pas au courant de la déconvenue carcérale de son futur-ex collaborateur ?
Pour moins que cela, parce que ne se disant pas informé à l’époque des initiatives diplomatiques d’Eteki Mboumoua, son ancien ministre des Affaires étrangères, le chef de l’Etat l’avait limogé sans façon. Selon un observateur, depuis son fameux "il suffit juste d'un coup de tête M. Chinje et vous n'êtes plus rédacteur-en-chef" lancé dans sa réponse à une interview à la télévision nationale en 1987, pour justifier que le ministre des Affaires étrangères, William Eteki Mboumoua, ait été limogé sans façon, «le PR n'a pas fini d'administrer des coups de tête à ses Hommes. Mais c'est bien la première fois qu'on voit un dignitaire de ce régime quitter le cadre de son bureau douillet pour se retrouver l'instant d'après dans une cellule infecte». Les responsables de cette manœuvre qui foule aux pieds le sacro-saint ‘habeas corpus’ en vigueur dans les pays démocratiques vont-ils rendre gorge ? Comment expliquer que quelques heures après l’embastillement de Bapes Bapes, son collègue de la communication ait été autorisé à justifier ‘l’incident’ ? : «Monsieur Louis Bapès Bapès a été placé en détention provisoire pour détournement de deniers publics» .? Libéré grâce à ‘l’immense magnanimité du chef de l’Etat’, le provisoire locataire de Kondegui est reparti au travail jeudi dernier, comme si de rien n’était, comme si à 71 ans et une humiliation après, rendre son tablier est un crime de lèse-majesté.
En attendant, le gouvernement en folie s’expose à la place publique. L’honneur d’un toujours membre du gouvernement est foulé aux pieds afin que nul n’ignore que ni lui, ni aucun autre ‘n’est rien’ dans la galaxie du Renouveau. Comme suite logique, médiatiquement et judiciairement, des réseaux de tous bords se battent pour la succession sans fin de Biya. La prison est le point de chute par excellence des règlements de compte. Qui actionne ou tolère ces réseaux ? Selon l’honorable Joshua Osih, «Monsieur BIYA se sert de la Justice pour régler ses problèmes politiques». Et d’ajouter: «Je pense que l’opération épervier est à tête chercheuse. Tout le monde le sait. L’on spécule sur des noms et dresse des listes. Cela montre que l’on trompe tout le monde. Soit l’on arrête tous ceux qui ont commis le même délit, soit l’on arrête certains comme on le voit aujourd’hui. Dans ce dernier cas de figure l’on arrive à des arrestations à tête chercheuse».
Il n’y a rien à dire, le pays est moralement en lambeaux. Le gouvernement s’offre en spectacle à la face du monde. Boko Haram le sait-il, lui, qui profite de la porosité de nos frontières pour des fins inavouées ? L’opinion n’a pas encore tiré les leçons du cas Bapes Bapes que nous apprenions que deux prêtres italiens et une religieuse canadienne âgée de 80 ans ont été enlevés dans la nuit de vendredi à samedi dernier à l’Extrême-Nord du Cameroun, où l’on se souvient, un prêtre et une famille de Français avaient été kidnappés en 2013 par le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram. Qui s’en préoccupe quand chacun à la succession en ligne de mire ? Ce qui suscite cette interrogation du Messager: « faux décret, informations et prises de décisions approximatives, soupçons de règlement de compte et d’humiliation. Qui dirige quoi au Cameroun? » Parlons-en : qui gouverne désormais l’Etat en folie ? Les réseaux ? Le cabinet civil ? Les collatéraux de la République ? A chacun son morceau du triangle national ?
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