Lors de leur sommet qui a eu lieu du 26 au 27 Juin 2014 à Malabo, les chefs d’Etats africains ont voté en faveur d'une modification du Statut de la Cour africaine de justice et des droits de l'homme qui confère l'immunité aux chefs d'Etat durant la totalité de leur mandat, y compris pour des chefs d'inculpations de génocide, de crimes de guerre, et de crimes contre l'humanité. »
La modification apportée à l'article 46a bis indique « qu’aucune charge ne pourra être retenue ou maintenue devant la Cour contre un chef d'Etat ou de gouvernement en exercice ou quiconque agissant ou habilité à agir en cette qualité, ou contre tout autre haut responsable, sur la base de ses fonctions, pendant la durée de son mandat. » Dans un contexte comme celui de l’Afrique ou l’impunité permet depuis des décennies aux puissants et aux riches d’écraser les pauvres et les faibles, c’est un mauvais départ pour la Cour africaine de justice et des droits de l’homme.
Cette clause a le cynique inconvénient de demander aux victimes de nos chefs d’Etats en exercice de patienter. C’est faire passer la politique avant la justice, les moyens avant la fin. C’est faire passer la protection des potentiels bourreaux avant celle des potentielles victimes, la raison d’état avant la raison morale. Elle nous expose, toi et moi, à toute forme de répressions et de violations au nom de raison d’Etat. Une telle décision est l’expression d’une solidarité corporative nauséabonde. Elle est moralement inacceptable. Dans la Bible, Jésus a un passage très instructif sur le bon leadership.
Il dit : « Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n'est pas le berger, et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s'enfuit, parce qu'il est mercenaire, et qu'il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis. » (Jn 10, 10-15)
Oui, le bon berger donne sa vie, se sacrifie pour ses brebis. Mais la fameuse clause sur l’immunité donne le feu vert aux mercenaires qui nous gouvernent pour « dérober, égorger et détruire » les brebis. Deux dimensions essentielles du bon leadership sont l’esprit de sacrifice et l’exemplarité. Nos dirigeants doivent être les premiers à donner un bon exemple dans le respect des droits de l’homme pour encourager les citoyens à en faire de même. Mais une fois de plus, ils ont cédé au nombrilisme sur une question aussi fondamentale. On ne peut pas construire le panafricanisme sur une telle fondation.
Ce serait bâtir sur du sable : « La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. » (Mt 7, 27). Les Africains doivent tous ensemble dire NON ! En signant et en faisant signer cette pétition, vous contribuez à bâtir un panafricanisme fondé sur l’exemplarité du leadership politique. Voici le lien: Elle est est destinée à l’Union Africaine pour demander aux chefs d’Etats africains de supprimer cette clause mortifère !
P. Ludovic Lado, Jésuite et panafricaniste.
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