Neuf jours après les évènements tragiques de Kolofata attribués à la nébuleuse Boko Haram, les langues ne cessent de se délier. Une rupture saccadée de l'omerta qui renseigne chaque jour davantage aussi bien sur les circonstances de cette attaque, que sur l'identité des assaillants, de leurs complices, et du mode opératoire. Si une foultitude d'interrogations épaissit encore le brouillard autour de cette affaire, des faits permettent cependant de saisir tout ou partie de la vérité.
L'on sait aujourd'hui par exemple que le 25 juillet au soir, le dispositif sécuritaire spécial qui comprenait notamment un char de guerre déployé à Kolofata, a été levé et affecté à Kousseri. Pour des raisons inavouées. Et que deux jours plus tard, aux environs de 5h40 minutes, des individus non identifiés, s'exprimant en langue Kanuri, ont fait irruption à la résidence du vice-Premier ministre après l'avoir pilonné à l'arme lourde, et neutralisé tous les hommes affectés à sa sécurité.
L'on sait aussi que les chefs du Boko Haram nigérian -la nébuleuse qui revendique, entre autres, le rapt des 223 lycéennes de Chibok dans le l'Etat du Borno au Nord-Est du Nigéria et l'explosion des bombes dans la capitale Abuja- a nié son implication dans l'attaque de Kolofata. En témoigne sa non-revendication par la secte. L'on sait également que pendant que sa résidence était prise d'assaut, Amadou Ali, alerté par Seini Boukar Lamine, le sultan de Kolofata, a aussitôt contacté les autorités militaires et administratives a Maroua situé à une centaine de kilomètres de Kolofata.
L'on sait que l'attaque a duré environ quatre heures et que les secours ne sont arrivés sur les lieux qu'une heure et demie après le départ des assaillants. L'on sait que des négociations ont d'ores et déjà été ouvertes avec les ravisseurs des 17 otages dont Mme Ali née Françoise-Agnès Moukouri. L'on sait en outre que quelques heures après l'attaque, le vice-Premier Ministre est resté flegmatique à l'annonce des informations faisant état de la libération par l'armée nigériane de son épouse. Allant jusqu'à confier à des proches que seule la vue et le contact physique avec celle-ci lui ferait accorder du crédit à cette «nouvelle».
On sait donc toutes ces choses, mais l'on en ignore encore beaucoup. Du coup, l'on s'interroge: Pourquoi et qui a donné l'ordre de lever le dispositif spécial de sécurité affecté à Kolofata? Les autorités militaires compétentes pouvaient-elles ignorer qu'Amadou Ali, très actif ces derniers temps dans la campagne anti-enrôlement des jeunes de Kolofata dans les rangs de «Boko Haram», constituait une cible prioritaire? Pourquoi malgré tous les appels au secours lancés par l'ancien ministre de la Défense, les renforts ne sont jamais arrivés en temps et en heure? Quoiqu'il en soit, des indiscrétions glanées dans l'entourage de l'ancien garde des Sceaux, et Secrétaire Général de la Présidence de la République, renseignent qu'il ne se sentait pas tout à fait en sécurité.
La preuve, son épouse qui avait coutume de se rendre à Kolofata au moins une semaine avant la fête du Ramadan pour y distribuer l’aumône aux pauvres conformément aux usages religieux, ne s'y est rendue cette année, que trois jours plus tôt. N'eût été l'insistance d'un proche qui l'a retenu à Maroua, le vice-Pm aurait regagné lui-même Kolofata la veille de l'attaque. La suite aurait été plus macabre!
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