Cela fera bientôt 03 mois (depuis le 08 mai) que le monstre dont je suis le fils biologique et porte le nom – Engo – est sorti d'une incarcération de 14 ans pour des accusations de détournements de deniers publics au Cameroun. Pendant ces (14) années, jamais je n'ai ménagé de mon temps, de mon énergie, de mes modestes moyens et de mon intelligence (oui, j'en ai un peu !) pour (r)établir son innocence et son honneur, face à une infernale machine judiciaire, et surtout à une opinion publique camerounaise toute acquise à l'idée de sa culpabilité.
Jamais je n'ai épargné le pouvoir en place au Cameroun, dont celui qui l'incarne, Paul Biya, du travestissement des institutions de la République – notamment la Justice – dans de sombres et sordides règlements de comptes personnels et internes au sérail politique camerounais.
Il n'y a pas un chef d'État dans mes différents pays de résidence (Etats-Unis, France, Australie) ; pas une organisation non-gouvernementale, intergouvernementale (comme l'ONU), pas une personnalité d'influence croisée ou rencontrée au hasard… à laquelle je ne me suis pas ouverte (discrètement) sur l'incarcération de Pierre Désiré Engo depuis le 03 septembre 1999. Et, devant l'indifférence ou la timidité des réactions, j'ai dû, avec l'aide de mon épouse Fabienne Engo, opter, en décembre 2001, pour une ligne de défense plus cohérente et formelle. Je me suis à cette fin attaché les services d'un ténor du barreau parisien, Me Paul Lombard, sans jamais tenir compte du passif de notre relation personnelle et familiale ; de celui de sa proximité avec un régime et un pouvoir avec lequel je ne partage, pour tout dire, pas la même philosophie. Mais je l'ai défendu corps et âme parce que j'en suis le fils, que je porte le nom et je n'ai, surtout, pas voulu voir son déshonneur (à lui) se répandre sur nous et nos descendants.
Force est de constater que la réelle difficulté n'aura peut-être pas consisté à extraire ce montre de sa cage carcérale de 14 années, mais de devoir de nouveau vivre, dans ma chair et mon esprit, ses horreurs au quotidien. Car l'homme Pierre Désiré Engo, entré à la prison centrale de Kodengui le 03 septembre 1999, n'a rien perdu de sa cruauté, ni de sa capacité de nuisance envers ses proches, bien au contraire. Et, au moment où je suis obligé bien malgré moi d'écrire ces lignes (certainement les plus difficiles que j'ai eu à mettre sur un papier), un huissier de justice de Yaoundé vient de servir une citation à comparaître le 07 août pour divorce à ma mère, avec expulsion immédiate du foyer conjugal.
De quoi peut-il donc bien accuser Mme Engo et ses enfants ?
Le monstre prétexterait avoir été abandonné par les siens (dont son épouse depuis 1965 et ses quatre enfants) pendant ses 14 années d'incarcération, ces derniers s'étant emparés de tous ses biens ou les ayant dilapidés à son insu. Et, puisque je suis ainsi (in)directement interpellé et ne pouvant (pour des raisons évidentes) être appelé à témoigner devant le Tribunal de grande instance du Mfoundi jeudi prochain, je me dois de dire ceci :
- Au moment où Pierre Désiré Engo est incarcéré à la prison centrale de Kodengui de Yaoundé, le 03 septembre 1999, tous ses enfants sont déjà majeurs et autonomes. Le seul encore à la charge directe du couple, qu'il formait alors avec ma mère, est mon petit-frère Manfred Engo parce que handicapé (qu'il voudrait d’ailleurs mettre à la porte avec ma mère dans les prochaines heures). Je vis à cette époque à San Francisco, du fruit de mon travail au San Francisco Chronicle et n'ai plus eu le moindre contact avec l'intéressé depuis notre séparation, à Paris en septembre 1995.
- Notre mère, Anaba Amvela Madeleine épouse Engo - dont il a fait courir la rumeur qu'elle se serait installée en France avec un amant français – continue de vivre au quartier Odza à Yaoundé (qu'elle n'a d’ailleurs plus pu quitter depuis 1999) avec sa modeste retraite d'ancienne fonctionnaire du ministère de l'Agriculture, et perçoit de temps en temps des aides financières de ses enfants, plus des revenus locatifs des biens détenus en commun avec monsieur Engo. Elle lui prépare à manger, lave son linge et lui rend visite au pénitencier de Kodengui. Et ce n'est que fort des humiliations que Pierre Désiré Engo lui fait subir (refus systématique de la recevoir, présence ininterrompue des ses maîtresses à ses côtés, multiplicités des résidences secondaires avec femmes à Yaoundé…) que j'ai dû implorer ma mère de faire le deuil de son mariage et de laisser, désormais, l'épouse de mon dernier petit-frère Hervé porter les repas à monsieur Engo tous les jours en prison (ce qui fut fait au moins pendant 08 ans !).
- Le supposé abandon par les siens, avancé par M. Engo, participe de la légende d'un homme pathologiquement malhonnête qui n'a en réalité jamais voulu répondre de ses frasques et forfaits : entretien des maîtresses et d'enfants illégitimes avec des deniers suspects (y compris en Europe), non assistance à son épouse et abandon récurrent de domicile conjugal... permanence d'une double ou triple personnalité. Et c'est cet homme-là qui a été incapable de passer ne serait-ce qu'une nuit dans son domicile conjugal du quartier Odza, à Yaoundé, depuis sa libération obtenue le 08 mais par nos soins, qui ose aujourd'hui servir une citation pour divorce à son épouse abandonnée en réalité depuis des temps immémoriaux ?Que celles et ceux qui ont vécu et continuent de vivre de sa rente aient la décence de lui demander de laisser sa femme et ses enfants légitimes tranquilles. Nous méritons aussi de mener une vie paisible après tant d'années d’opprobre.Maître Alice Nkom, célèbre avocate au barreau du Cameroun, défendra les intérêts de notre mère Madeleine Anaba épouse Engo. Et il va sans dire qu'ensemble, nous mettrons la même détermination à lui (re)donner son honneur que celle que nous avions précisément mise pour extraire le monstre de son trou de la prison centrale de Yaoundé à Kodengui.Fabienne et Joël Didier Engo
Paris, le 02 août 2014
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