Cette guerre est un sujet extrêmement délicat. Je veillerai à en parler avec tout l’esprit de responsabilité qui doit caractériser celui qui a conscience de la délicatesse de la situation.
D’abord, il faut affirmer une position de principe. Tous les Camerounais de toutes les familles politiques, les binationaux, en tout cas les Camerounais, qu’ils soient d’origine ou d’adoption, doivent être unis comme un seul homme, contre l’invasion obscurantiste du groupuscule islamiste Boko Haram au Cameroun et en Afrique. Moi, j’ai affirmé dès le départ des intrusions de ces extrémistes obscurantistes dans le Nord Cameroun, mon soutien à l’armée camerounaise. Parce que, pour une fois l’armée camerounaise joue pleinement le rôle qui est le sien, à savoir la défense de l’intégrité du territoire du Cameroun, la défense de la sécurité des citoyens. Donc le premier principe que j’énoncerai c’est :
solidarité indéfectible envers les militaires camerounais qui défendent à l’heure actuelle nos frontières.
Maintenant, entrons aux détails de l’affaire. J’ai été personnellement choqué par la dernière déclaration du président de la République au moment de partir aux Etats-Unis, à propos effectivement de cette guerre nécessaire contre Boko Haram. J’ai cru percevoir dans cette déclaration, ce que j’appelle une sorte de confusion mémorielle. Le président de la République, sur le perron de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, a dit que le Cameroun vaincra Boko Haram comme il a vaincu autrefois, les maquis, les mouvements révolutionnaires, comme il a vaincu autrefois les manifestants des villes mortes.
Il a peut-être oublié de citer d’autres épisodes, peut-être qu’il voulait aussi dire comme il a vaincu autrefois les putschistes de 1984, il aurait aussi pu dire comme il a vaincu tout récemment les émeutiers de 2008 pour compléter sa liste.
Je trouve, du point de vue de l’analyse politique de ce discours, que le président de la République a fissuré ce qui doit être l’union sacrée des Camerounais contre Boko Haram. Pourquoi est-ce qu’il l’a fissuré ? Mettre sur le même plan les combattants de l’indépendance et les terroristes islamistes Boko Haram, c’est un affront grave, d’autant plus que lui-même, le président de la République, a instruit une loi qui, dès 1990-1991, réhabilitait les héros de la lutte nationaliste d’indépendance du Cameroun.
Ruben Um Nyobe n’est pas Shekau Aboubakar. Ruben Um Nyobe n’est pas comparable à un type de Boko Haram qui vient assassiner, imposer une religion obscurantiste, brutaliser les femmes et soumettre l’Etat à la fin de toute expression pluraliste.
De la même façon, les villes mortes de 1991 avaient lieu dans le cadre d’une revendication du pluralisme démocratique au Cameroun. On ne peut pas comparer les manifestations des villes mortes des années 1990 où nous étions d’ailleurs étudiants à l’Université de Yaoundé, on ne peut pas comparer cela avec ce que Boko Haram est entrain de faire. Pendant les villes mortes, combien d’hommes ont débarqué, égorgeant les femmes, tuant dans des localités entières, brulant les maisons ? Combien de vice-premiers ministres ont été attaqués pendant les villes mortes ? Je pense que le président Biya, sur ce point, a manqué de respect d’une manière incroyable envers le peuple camerounais, en tout cas, l’opposition camerounaise.
Enfin, ce qui m’a choqué là dedans, c’est que pour une fois sur cette question là, comme autrefois pour les Lions Indomptables, les Camerounais sont unis. Je ne vois pas dans le discours politique camerounais, dans les familles politiques camerounaises, qui peut se lever et prétendre qu’il y a quelque chose à faire politiquement avec Boko Haram. Boko Haram ne fait pas de la politique. Boko Haram fait de la barbarie. Donc ni l’opposition, ni le pouvoir aujourd’hui au Cameroun n’ont intérêt à être assimilé à Boko Haram.
Home / Uncategories / Opinion du Pr Franklin Nyamsi sur la guerre entre le Cameroun et la secte Boko Haram
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