Les informations rendues publiques par Jeune Afrique sont d’une extrême gravité. Connaissant le sérieux de cet hebdomadaire qui a eu par le passé, faut-il le rappeler, des accointances connues avec le régime, il est difficile de donner du tort à ceux qui pensent que l’information relative à l’assassinat de M. Guerandi Mbara est crédible. Compte tenu de l’ancienneté des faits rapportés dans cet hebdomadaire panafricain, il est en tout point de vue hallucinant que le régime de M. Biya n’ait pas cru bon de communiquer sur le rapt au moment des faits et surtout de devoir donner sa version des faits depuis la publication de l’ «enlèvement-assassinat» de ce compatriote qui, comme bien d’autres, a pourtant bénéficié de la loi d’amnistie de 1990. Le silence assourdissant des rossignols habituels du régime est fort inquiétant. Nous ne sommes plus à la période obscure des années 60-70. Nous sommes dans un Etat qui se dit de droit et qui ne saurait à ce titre tolérer les méthodes de la Gestapo.
Si M. Guerandi Mbara est détenu dans un cachot quelconque, qu’il puisse s’exprimer devant la juridiction compétente en matière d’infractions qui lui sont reprochées. Si par extraordinaire il a été exécuté par les tortionnaires du régime, les responsables de ce crime d’Etat doivent être immédiatement traduits devant les tribunaux du pays. Dans les deux cas de figure, le régime de M. Biya a violé de façon flagrante et intolérable la Constitution de notre pays qui dispose dans son Préambule que :
- La liberté et la sécurité sont garanties à chaque individu dans le respect de ses droits.
- Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie au cours d’un procès conduit dans le strict respect des droits de la défense.
- Toute personne a le droit à la vie et à l’intégrité physique et morale. Elle doit être traitée en toute circonstance avec humanité. En aucun cas, elle ne doit être soumise à la torture, à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Biya et ses sécurocrates ont également violé la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées qui indique dans son article premier ce qui suit : Alinéa 1: « Nul ne sera soumis à une disparition forcée ». Alinéa 2: « Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu'elle soit, qu'il s'agisse de l'état de guerre ou de menace de guerre, d'instabilité politique intérieure ou de tout autre état d'exception, ne peut être invoquée pour justifier la disparition forcée ».
Cette Convention précise dans l’article 2 que : « Aux fins de la présente Convention, on entend par « disparition forcée » l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi. » Et dans l’article 3 que : « Tout État partie prend les mesures appropriées pour enquêter sur les agissements définis à l'article 2, qui sont l'œuvre de personnes ou de groupes de personnes agissant sans l'autorisation, l'appui ou l'acquiescement de l'État, et pour traduire les responsables en justice».
Quelque soit le bout par lequel on prend cette affaire d’Etat, ce qu’il convient désormais d’appeler l’« Affaire Guerandi » ne fait que commencer. Le peuple camerounais doit connaître la vérité, toute la vérité. M. Biya a intérêt à lui rendre compte.
Fait à Douala le 16 septembre 2014
Jean Michel Nintcheu, Député SDF
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