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LETTRE OUVERTE D’UN POLITOLOGUE AUX ÉCONOMISTES DU RÉGIME QUI ENTERRENT LE CAMEROUN ET DISSOLVENT LE LIEN SOCIAL par Dr Vincent-Sosthène FOUDA

Les rentrées universitaires sont à nos portes. Je voudrais donc m’acquitter d’un devoir intellectuel après la très longue entrevue que le Professeur Nanfosso a accordée à Cameroon Tribune et qui semble, sauf erreur de ma part servir de canal d’orientation à l’économie de notre pays et à sa gouvernance ouvrir une autre voie.
J’ouvre à mon tour cette voie pour permettre une lecture critique du Document de Stratégie Pour la Croissance et l’Emploi [DSCE] mis en place en 2010 par Louis Paul Motaze. Ce document qui sert de fil d’Ariane à la politique économique qui est appliquée dans notre pays depuis la dernière élection présidentielle. En effet, l’augmentation du prix des hydrocarbures et l’analyse qui en a été faite par les économistes du pouvoir nous a montré que ces derniers sont détenteurs d’un « savoir » ésotérique concernant la véritable nature du keynésianisme y compris de sa perversité en général et de l’économie dans notre pays en particulier.

C'est leur droit le plus élémentaire de s’adonner à des arguties théologiques à propos de la vraie signification de ce que Keynes a vraiment dit et sans doute l'exercice de ce droit rend-il justice à leurs capacités; mais il arrive que ceux qui ne sont pas victimes des révélations inédites et des illuminations dont les économistes du régimes en place dans notre pays se piquent d'être les bénéficiaires soient tenus, pour leur plus grand bien, de se faire une idée de la chose par des voies beaucoup plus sûres; bref, il arrive, que nonobstant le monopole de la corporation dont ils se sont institués les chiens de garde, le vaste mouvement de pensée et d'action que fut le keynésianisme est parfaitement accessible à ceux pour qui l'étude de la société ne doit avoir aucun respect pour les corridors étroits du savoir administré ou pour les petites jalousies académiques, encore moins pour les identités personnelles terrorisées et stérilisées à tout jamais sur leur brindille de science, ceci soit dit en passant - si le chapeau vous va, ne vous gênez pas - contrairement au « lunch » qui depuis vingt ans fait roter de nombreux « savants », c'est gratuit.
Voici donc quelques exemples de textes qui ont sans doute fait l'objet d'une fuite dans le public puisque je n'ai pas eu besoin de votre permission pour en prendre connaissance : Hugh Dalton, un mauvais informateur évidemment, puisqu'il a suivi les cours de Keynes et qu'il a eu recours à ses services lorsqu'il était à l'Échiquier, dit ceci :
The new approach to budgetary policy owes more to Keynes than to any other man. Thus it is just that we should speak of the "Keynesian revolution". (...) We may now free ourselves from the old and narrow conception of balancing the budget no matter over what period, and move towards the new and wider conception of balancing the whole economy.
Dans un passage sur « le nouveau rôle de l'État » Buchanan, qui fait pourtant partie de votre famille immédiate, impute tous les péchés du monde au keynésianisme :
The Keynesian captures of the economists, therefore, carried with it a dramatically modified role for the state in their (sic vision of the world. In this new vision, the state was obliged to take affirmative action toward ensuring that be taken with clearly defined objectives in view.
Without Keynes, modem budgets would not be quite so bloated, with the threat of more to come, and inflation would not be the clear and present danger to the free society that it has surely now become.
The legacy or heritage of Lord Keynes is the putative intellectual legitimacy provide to the natural and predictable political biases toward deficit spending, inflation, and the growth of Government.
The full employment act becomes law in the United States in 1946. The President's Council of Economic Advisers was created, reflecting the political, recognition of the enhanced role of the economists and of economic theory after Keynes.
Peut-être est-ce votre intérêt pour les idées pures qui vous a détourné de cette chose vulgaire et profane que fut le mouvement keynésien?
As codified for the million over three decades by Samuelson's text book and its many imitators, Keynesian theory (or rather neo-Keynesian conventional wisdom) emphasized that markets could be relied upon to function much as neoclassical theory promised, as long as aggregate demand was sustained. Unemployment could be reduced to some hard core rate — say 3 percent for the United States — by injecting the economy with appropriate fiscal stimuli via Government spending.
Les implications de la théorie keynésienne (telle qu'elle fut comprise objectivement, c'est-à-dire réellement, historiquement) sont donc simples : « if demand is right, supply will look after itself ». Votre malheur, apparemment, c'est de faire partie de ceux qui savent que cette interprétation était mal fondée : maintenant que la fausse interprétation appartient à l'histoire, cependant, la vraie est condamnée au délire privé. Voici un autre exemple de la fausse interprétation :
Ainsi donc (selon les classiques), les investissements publics devaient être cantonnés dans certaines limites, afin que la productivité et le niveau de vie puissent être accrus en priorité. Encore une fois, cette attitude est logique, pourvu que l'on se trouve dans le cas particulier visé par les économistes classiques, c'est-à-dire dans celui où l'épargne est automatiquement investie. Mais si, en situation de plein emploi, l'épargne désirée est supérieure à l'investissement désiré, l'investissement public cesse d'être une mauvaise chose en soi; il peut au contraire devenir une bonne chose. En effet dans une telle situation, on peut tout aussi bien maintenir l'emploi en accroissant les investissements publics ou même les dépenses publiques de consommation qu'en accroissant l'investissement privé ou la consommation privée.
Toutes ces belles paroles reviendront tout à l'heure dans notre « industrie » locale d'enquêtes publiques :
Granted the Keynesian premises, the message translated into the language of vulgar keynesianism, was simple in the extreme. Put crudely it was that any consumption which maintained aggregate demand at a level at which resources would be fully employed was good. Keynes had dealt a death blow at the old ideas of prudence and saving; consumption was the new watchword.
Keynes, nous dit aussi Barraclough, ne fut pas la seule source du keynésianisme; mais avec le « fearsome weapon of aggregate demand management », il lui a fourni sa pièce centrale. Telle est la vision qu'ont les « sociologues » du mouvement keynésien : ils se fient à ce qu'en disent Hansen, Dalton, Samuelson ou Galbraith et vous laissent tout seul avec la vérité; ils croient donc que le keynésianisme tournait autour de la responsabilité de l'État en matière de gestion économique globale, que son but était de pallier aux insuffisances de la demande et que son maître mot était la consommation.
Mais voilà, je le pense et je le dis en sincérité, le Professeur Nanfosso et ses amis ne sont pas seulement la police de la vraie théorie keynésienne; Ils sont aussi des éminents représentants, à ce qu'on me dit, des sciences comptables (ou autrement administratives) dans le domaine de l'industrie, du lien social et de la fracture qui va avec, de la santé et même des industries numérique et environnementale. À propos de « l'industrie » de la santé, il faut dire en passant que la blague commence à être un peu usée et que nos économistes auraient intérêt à se pencher sur « l'économique », comme ils le nomment dans leur propre cercle, des idées neuves dans leur propre « industrie » idéologique.
« Le rationnel » de ma suggestion, ici, découle de ce que ça fait cent ans que des personnes pleines d'imagination « étendent » les fameux concepts néo-classiques à toutes les branches de « l'industrie » humaine et il semble que la substance originale soit devenue très mince dans le processus de cette extension. Je ne sais pas comment se porte la productivité marginale de la théorie, mais je suis sûr que c'est seulement parce qu'elle ne coûte rien qu'elle est encore en exploitation. On l'a étendue récemment aux rapports matrimoniaux, à « l'industrie » de la fabrication des personnes et, de là, à toute « l'industrie » des rapports sociaux; j'imagine que cela fait de la concurrence pour l'industrie scolaire, pour l'industrie de la santé, pour l'industrie politique, pour l'industrie de l'homicide et pour toutes les autres PME (petites et moyennes économiques)... Plusieurs, à coup sûr se demandent où je souhaite en venir. Je ne suis pas un ingénieur de l’économie comme Babissakana mais j’ai pris l’habitude de lire sur l'économie et très souvent de la comprendre avec parfois un dictionnaire de l’économie à la main.
J’ai pensé soumettre à la lecture des Camerounais la note introductive du chapitre 2 du Document de Stratégie Pour la Croissance et l’Emploi [DSCE] afin que chacun puisse juger de la pertinence des propos de nos économistes et surtout de la justesse de la santé de leurs réflexions :
Les orientations stratégiques nationales s’articulent autour d’une vision à long terme dans laquelle s’inscrivent des stratégies nationales. La présente stratégie de croissance et d’emploi qui couvre la première décade de la vision se donne des objectifs en droite ligne avec les objectifs à 2035 de la vision de développement. Le présent chapitre vise à présenter les objectifs du DSCE en les articulant avec la vision. Il comprend : une vue d’ensemble de la vision, les objectifs de la vision, les objectifs du DSCE et les considérations clés pour la mise en route de stratégie.
Que veulent dire ces arguties économiques pour le commun des Camerounais, sinon une tentative de distraire les esprits éveillés et d'enfermer la grande masse de notre population dans une illusion ? Nous assistons là à la naissance et à l’affirmation-consolidation d’un non-sens économique dont les conséquences à courte comme à longue échelle se font déjà sentir et surtout se vivent déjà sans espoir de réajustement dans le sens positif de ce terme. Je voudrais ici utiliser autant que possible les documents, les publications et les analyses de nos économiques et ceci en toute modestie pour fins d’illustration (cum granos salis).
Pour renforcer la reprise économique amorcée depuis une décennie et l’asseoir durablement, le Cameroun se devait d’inscrire ses politiques de développement dans une perspective plus lointaine. C’est ainsi qu’est apparue la nécessité d’une Vision Prospective de nature volontariste, préalable à toute stratégie de développement. A la suite d’une démarche participative associant tous les acteurs de développement de la Nation et fondée sur les Grandes Ambitions du Chef de l’Etat, les études structurelles du système, les aspirations des populations camerounaises et les engagements internationaux souscrits par le Gouvernement, il s’est dégagé une vision partagée du Développement au Cameroun à l’horizon 2035. Elle se formule ainsi qu’il suit : « LE CAMEROUN : UN PAYS EMERGENT, DEMOCRATIQUE ET UNI DANS SA DIVERSITE ».
Est-il possible de questionner un tant soit peu la notion de « reprise économique » convoquée ici ? Pour parler de reprise il est nécessaire qu’on s’entende sur le fait que le Cameroun par le passé a été un pays développé voire même industrialisé et que de façon accidentelle il ait perdu ce rang qui lui était reconnu suivant les critères reconnus par tous. Ce qui ne semble pas être le cas... Ensuite parler de renforcement de la reprise économique… afin de l’asseoir durablement aurait lui-même nécessité un préalable de nouveau absent ici. Notre pays n’a jamais été qu’un pays sous-développé et tous les efforts que nous faisons visent à le sortir du sous-développement. Ceci passe donc nécessairement par un réel investissement dans les infrastructures et par la formation et non par l’alignement de slogans et la manipulation des concepts dans lesquels nos économistes ne mettent rien sinon ce qu’ils sont les seuls à comprendre et qu’ils inoculent au peuple dans une camisole de force.
Le goulot d’étranglement est là, dans un mauvais diagnostique et dans l’application du pire des traitements qui puisse exister. En économie l’on ne peut parler de projection que sur la base des investissements réels qui permettent alors de se dire sur la base de calculs compréhensibles par tous, qu’un palier et encore un autre pourra être atteint si l’on améliore tel ou tel autre secteur, si tel ou tel autre paramètre est respecté. Pour ce qui est du Cameroun aucune condition énoncée ici n’est remplie bien au contraire !
Nous sommes dans un pays où il n’existe point d’enquête gouvernementale visant à évaluer le moral des ménages. Il n’y a donc pas d'outil de légitimation scientifique de ce qui est affirmé par les économistes du pouvoir malgré toute leur bonne volonté. Dans la conduite quotidienne des affaires du pays qui nous est offerte, il y a même un refus de compréhension de l’ensemble des interventions étatiques par ceux-là mêmes qui les mettent en place, les pensent parce que l’application ne les concerne pas. Notre pays ne connaît pas la notion de new economic. Puisque le Professeur Roger Tsafack Nanfosso a jugé bon, dans son entretien du 20 juillet 2012, de nous montrer comment la revalorisation des prix des hydrocarbures à la pompe pouvait être utile aux petits ménages. Je vais ici essayer de montrer une petite partie des failles de son analyse.
« 74% des subventions au super sont captées par les riches. » Cette affirmation surprenante de notre agrégé en économie ne nous montre point comment il arrive à ce pourcentage. Pire encore les chiffres qu’il avance ne s’appuient sur aucune étude menée ni connue, ainsi 13% seulement des pauvres bénéficieraient des subventions sur le pétrole lampant qui est subventionné à 100% ! Nous aurions accordé du crédit à la première affirmation du Professeur Roger Tsafack Nanfosso s’il avait avoué s’appuyer sur une étude de la Banque Mondiale rendue publique le 18 avril 2012 à Washington, intitulée « les subventions aux prix des carburants en Afrique. Nous pouvons lire ceci dans « Africa’s Pulse » qui est une analyse semestrielle des enjeux influençant les perspectives économiques du continent noir. Modestement nous avons pris la peine de lire attentivement ce document.
À en croire les résultats de cette étude, « ces subventions sont trop élevées et représentent une perte moyenne de 1,4% du produit intérieur brut (PIB) pour chaque pays. » Par un montage dont il est seul expert, le professeur Roger Tsafack Nanfosso a su partir d’une étude générale du continent noir pour une application particulière au Cameroun par induction. Le rapport dont il est fait allusion ici n’a jamais traité du cas spécifique du Cameroun, sur 25 pays étudiés sur le continent, (sans le Cameroun), six, principalement des exportateurs de pétrole, ont dépensé, en 2011, 2% ou plus de leur PIB pour les subventions du carburant. Si nous partons des chiffres officiels avancés par les pouvoirs publics, 1.089 milliards alloués aux subventions des carburants soit la répartition de 143 milliards en 2010, 323 milliards en 2011 et 400 milliards prévus en 2012. Quel est le PIB du Cameroun dans les années concernées ici soit 2010, 2011 et 2012 ? Ces chiffres équivalent-ils à 2% de notre PIB ? La réponse est évidente non !
Maintenant l’enquête menée par la Banque Mondiale et qui est visiblement exploitée par le professeur Roger Tsafack Nanfosso à l’insu de son plein gré dit ceci : « Les résultats d’enquêtes menées dans 12 pays à travers le monde (exceptée au Cameroun – c’est nous qui nous le soulignons) montrent que ces subventions « bénéficient en grande majorité aux familles aisées. » Les familles aisées dans les pays riches pour le professeur Roger Tsafack Nanfosso deviennent, dans son entretien, « 74% des subventions au super sont captées par les riches. » Ce qui est un non-sens scientifique ! Nous devons cependant reconnaître que le prix du pétrole (des carburants) demeure élevé dans tous les pays du monde excepté dans certains pays du Golfe, certains pays de notre continent ayant augmenté les prix du carburant à la pompe et sur leur marché interne. C’est le cas du Ghana qui a augmenté de 30% les prix du carburant en janvier 2011. Dans le même sens, nous pouvons citer le Mozambique qui a augmenté le prix du carburant en 2011 de 10% en avril et de 8% en juillet et la Guinée Équatoriale qui a adopté des mesures pour réduire sa
subvention du carburant. Sur ces quelques exemples, peut-il nous être accordé une interrogation simple ? Quel est le salaire moyen dans ces pays ? Ce que l’on appelle communément le SMIC (Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance) ? Au Ghana il est de 75,30 euros soit en Cfa 46.000 environ, le SMIC au Cameroun est de 28.000 CFA environ ! Au Mozambique on ne parle pas de SMIC, le salaire devant être convenu directement entre l’employeur et l’employé. En Guinée Équatoriale, le SMIC est de 915,70 euros soit 599,325 Cfa – ce sont les chiffres que communique la Banque Mondiale.
Produire plus pour consommer plus
Toutes les théories de l’économie moderne nous disent qu’il faut produire suffisamment pour assurer un niveau de consommation élevé et permettre en même temps une rapide accumulation de capital de production. Notre pays produit très peu à cause des politiques d’austérité mises en place par le DSCE et appliquées de manière sauvage. Les questions évidentes que nous devons nous poser face à la production sont les suivantes : Quelle quantité de ressources doit-on affecter à la consommation sur la base de l’évaluation de notre population interne ? Quels biens seront consommés dans quelles proportions et comment sera partagée cette consommation entre les citoyens ?
Ces questions relativement nouvelles se posent quotidiennement et il est généralement convenu qu'elles ne peuvent être résolues de façon satisfaisante par le seul jeu des initiatives personnelles. C’est pourtant ce qu’affirme le DSCE ! La complexité et le dynamisme de nos sociétés à la fois traditionnelle et moderne rendent l'individu incapable de maximiser isolément et individuellement son propre bien-être et rendent également nécessaire une action publique collective pour maximiser le bien-être de la société en général. Voilà l’échec de la MIRAP et bien d’autres structures gouvernementales que je m’en vais nommer, certaines existent sur le papier et sont absentes sur le terrain, d’autres sont sur le terrain mais n’ont jamais été évaluées pour permettre aux décideurs de mener une politique évaluative :
Pouvons-nous nous poser à juste titre la question de savoir quel est l’action du CADEL (Comité d’Appui au Développement Local) dans notre pays ? Quelle est son action sur le terrain ? Que sont devenus les CRE (Conseils Régionaux pour l’Emploi) ? A-t-on jamais mis en commun le DSRP qui est le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté et le DSCE ? C’est cette mise en commun qui devrait permettre d’évaluer les efforts faits par le gouvernement pour sortir nos populations de la misère dans laquelle elles sont plongées depuis trop longtemps déjà.
De nombreuses enquêtes sont prescrites dans le DSCE notamment les ECAM (Enquête Camerounaise Auprès des Ménages), les EDSC (Enquête Démographique et de Santé Cameroun), les EESI (Enquête Nationale sur l’Emploi et le Secteur Informel). Est-il possible de savoir quand et où ont lieu ces enquêtes, par quel organisme elles sont menées et où peut-on en trouver les résultats ? Je laisse le soin aux Camerounais de poursuivre cette série de questions nécessaires pour comprendre que nous allons droit dans le mur et ceci depuis un bon moment déjà.
Le DSCE est donc une fosse collective pour les populations Camerounaises et une hérésie de l’économie. Rien n’est fait pour le transfert des revenus vers les familles ou les individus qui en ont le plus besoin alors que là réside le facteur unique de stabilisation de la consommation ouverte plus haut dans notre analyse.
Comment le Professeur Roger Tsafack Nanfosso et les économistes du régime ont-ils pu l’oublier ?
Que ce genre d'argument biscornu soit tout à fait fumeux, même un « sociologue » s'en rend compte; mais si les économistes du régime nient qu'il s'agit là de références au courant keynésien, c'est qu'il faut les abandonner à leur sort et à leurs propres arguments fumeux. Sur ce plan, peut-être convient-il de leur faire pleinement confiance. Sous la plume de Essama Essomba le vendredi 20 juillet 2012, nous pouvons lire que « 70% des subventions au carburant Super sont captées par les 40% des revenus les plus élevés, et que les 20% des revenus les plus faibles ne tirent même pas les 1% de ces montants » ! Arrêtons-nous sur cette affirmation un instant pour essayer de comprendre où nous conduit le Prof Roger Tsafack Nanfosso. Les pauvres c’est-à-dire environ 70% de la population ne bénéficient que de 13% sur le pétrole lampant alors même que ces mêmes pauvres s’éclairent à 87% à la lampe tempête selon les chiffres de la Banque Mondiale. Sauf à faire dans la prestidigitation, les économistes du pouvoir doivent revoir leurs analyses pour nous faire avaler leurs conclusions et leurs orientations économiques. Le professeur Roger Tsafack Nanfosso et ses nombreux amis ne s’arrêtent pas là, pour eux : « Il y a même une troisième étude qui estime que le quintile (20%) de population le plus riche profite de près de 80% des avantages tirés du gel des prix des carburants tout simplement parce que les ménages riches consomment plus de produits pétroliers que les ménages pauvres. Autrement dit en somme, ce ne sont malheureusement pas les pauvres, qui étaient pourtant la population cible de cette idée généreuse, qui bénéficient des subventions. » C’est la suite de l’article de Cameroon Tribune et il est légitime de nous poser la question de savoir quelle est l’origine de la deuxième et troisième étude citées ici ! Le constat sur le terrain, terrain que nous fréquentons nous amène à mettre en doute lesdites études mais aussi à interroger à nouveau le DSCE 6 ans après sa mise en place. Une évaluation ne serait-elle pas la bienvenue ?
Un débat public est nécessaire sur les orientations économiques de notre pays
De la gestion économique, on passe ainsi à la gestion politique, donc à la gouvernance et on prend ainsi en otage le devenir d’une Nation et d’un peuple. Cette idéologie-là, j’en suis certain n'est manifestement pas celle de nos idéologues économistes du régime en place. Elle n’est pas de leur ressort puisque même celles qui relèvent de leur « branche » leur échappent : ils sont donc condamnés à vivre, comme une mouche vit dans le présent et un poisson dans l'eau, dans l'invisible certitude de leurs croyances. Cependant, faites-nous le plaisir de garder dorénavant vos leçons pour ceux qui ne méritent pas mieux. J'espère pour eux qu’ils acceptent la main tendue pour un véritable débat au lieu de s’enfermer dans Cameroon Tribune où eux-seuls ont droit à la parole, ou dans leur bureau. Le Prof Jean Tabi Manga dans un ouvrage récent paru à la SOPECAM, se réapproprie le concept d’Emergence laissé aux mains moins expertes des politiques organiques du RDPC, il est urgent que celle-ci (l’émergence) soit un modèle alternatif fondé sur le respect de la nature, le respect de l’humanité et la régulation des désordres du monde. Le maraboutisme économique ne saurait servir de politique économique à un pays comme le nôtre, il est urgent que les uns et les autres s’en rendent compte pour que la page du DSCE soit définitivement tournée. Le Prof Jean Tabi Manga dans un ouvrage récent paru à la SOPECAM, se réapproprie le concept d’Emergence laissé aux mains moins expertes des politiques organiques du RDPC, il est urgent que celle-ci (l’émergence) soit un modèle alternatif fondé sur le respect de la nature, le respect de l’humanité et la régulation des désordres du monde1. Le maraboutisme économique ne saurait servir de politique économique à un pays comme le nôtre, il est urgent que les uns et les autres s’en rendent compte pour que la page du DSCE soit définitivement tournée. Pour Laughlin, l’émergence remet en cause le primat du réductionnisme. Celui-ci inspire au contraire les grandes théories de la physique cosmologique, notamment la M. Théorie ou théorie du Tout, puisqu’elle vise à donner en quelques équations les recettes permettant de reconstruire notre univers dans tous ses aspects. La M.Théorie repose sur le postulat qu’en analysant les entités complexes de ce monde, par exemple les atomes, on peut en extraire les éléments fondateurs qui permettront ultérieurement de reconstruire ces entités complexes ou de les modifier. Il s’agit donc d’une démarche réductionniste analytique, conforme à ce que proposait Descartes : réduire le tout à ses parties, pour mieux le comprendre. D’où vient-il donc que tout nous soit imposé sans débat scientifique et interdisciplinaire au préalable, que des universitaires comme nous s’enferme dans leur discipline et prennent en otage la pensée et le devenir d’une Nation comme la nôtre ? L’émergence ne remplace pas une explication par une autre puisque précisément elle se borne à constater l’inexplicable. Elle ne permet pas en général de comprendre pourquoi tel phénomène complexe apparaît. A fortiori elle ne permet pas de prévoir comment évoluera ce phénomène. Elle permet seulement d’affirmer que cette apparition n’est pas due à un miracle mais qu’elle relève d’un processus physique. Elle est un peu comparable en cela à la théorie de la sélection darwinienne en biologie. La diversification des espèces s’explique en général par la sélection darwinienne, mais le détail de celle-ci comme la façon dont l’évolution se poursuivra à l’avenir ne peuvent être explicités par ce principe général. Ils ne peuvent qu’être constatés a posteriori 10.
10 Jean Tabi Manga, conférence prononcé le 20 juillet 2011 à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun et intitulée, Le temps de l’Afrique, le temps du monde : ou propos sur l’Emergence de l’Afrique.
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