C’est pourquoi notre destin et notre histoire sont uns et indivisibles, et nos combats pour la paix et la prospérité du pays poursuivent le bonheur de tous. Les temps sont venus où il est encore nécessaire de se rappeler les principes ci-dessus et de se parler en frères.
Le Front de Résistance Citoyenne, une coalition de vingt six (26) organisations de la société civile , voudrait se joindre à toutes les forces démocratiques de notre pays pour agir pacifiquement et empêcher les manipulations de notre Constitution par le Président Blaise Compaoré, qui, à travers des manœuvres relevant de la fraude à la Constitution, cherche à tous prix à se maintenir indéfiniment à la tête de l’Etat foulant ainsi au pied le serment qu’il a fait devant notre Peuple, les valeurs cardinales de la parole donnée et les principes sacrés de la démocratie. Or l’article 166 de notre Constitution dispose : « La trahison de la patrie et l’atteinte à la Constitution constituent les crimes les plus graves commis à l’encontre du peuple ». La révision de notre Constitution, au seul profit du Président Compaoré, serait une forfaiture car la la démocratie implique le respect du Droit non seulement pour les prérogatives que ce dernier nous confère mais aussi pour les contraintes qu’il nous impose.
En toute illégalité, illégitimité, inopportunité et contre tous les codes d’honneur, le Président Blaise Compaoré a déclaré sa volonté de se maintenir vaille que vaille au pouvoir. Cette déclaration est une véritable rupture annoncée de la paix sociale si chère aux Burkinabè, car vouloir se maintenir plus longtemps au pouvoir, c’est perpétuer la société actuelle dans laquelle la béance de la fracture sociale est indicible, faite d’une pauvreté lancinante, d’une polarisation de la richesse au niveau d’un groupe qui distribue entre ses membres les rentes issues de la concentration des pouvoirs politiques et financiers, de la corruption et de la patrimonialisation de l’État ; c’est perpétuer les injustices et l’impunité ; c’est retarder encore davantage notre pays à accéder au développement humain équitable auquel les Burkinabè aspirent ; c’est en définitive travailler à la « dégradation de la solidarité et du sens du bien commun au profit d’un individualisme prédateur »
C’est pourquoi le Front de Résistance Citoyenne tient à apporter sa contribution à la lutte pacifique de notre peuple contre les tentatives de confiscation et de monopolisation du pouvoir pour que la transition démocratique dans notre pays se poursuive sereinement et que la paix sociale soit préservée.
En adressant le présent message à nos frères des corps d’Armée et de Sécurité, le Front de Résistance Citoyenne tient à partager avec eux ses préoccupations face à un pouvoir dont le long règne n’apporte plus rien à notre pays mais qui entend se maintenir malgré tout. Aux termes de l’Article 37 de notre Constitution, le Président Blaise Compaoré doit se retirer du pouvoir en 2015 et, éventuellement se porter candidat en 2020 s’il en éprouve encore le besoin, C’est cela la marche normale de l’histoire politique de notre pays que prescrit la Constitution du 2 juin 1991. Sa tentative de se maintenir coûte que coûte au pouvoir, après y avoir passé près de 30 ans, est contraire à notre Constitution, aux engagements internationaux qu’il a signés et ratifiés au nom du Burkina Faso, et à tous les engagements issus des cadres de concertation et autres mécanismes alternatifs qu’il a lui-même suscités : Collège de Sages, Journée Nationale du Pardon, Comité National d’Ethique, Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs, Conseil Consultatif pour les Réformes Politiques, etc.
Le Front de Résistance Citoyenne tout en vous vous félicitant pour votre détermination à vous réconcilier avec le Peuple pour la construction de notre beau pays le Burkina Faso voudrait vous interpeller face à la volonté affichée des tenants du pouvoir d’instrumentaliser les forces de défense et de sécurité, eux qui affirment à qui veut l’entendre qu’ils ont les armes, qu’ils ont la force et qu’ils vont imposer leur volonté.
Ce sont ces propos et attitudes bellicistes qui amènent le Front de Résistance Citoyenne à vous adresser ce message afin que vous ne soyez pas les complices d’une forfaiture en retournant les armes du Peuple contre le Peuple pour défendre les intérêts d’un individu et de son clan. La raison de notre lutte n’est aucunement partisane, elle vise le bien commun et l’intérêt de tous. Voilà pourquoi il serait absurde que les moyens ultramodernes de maintien de l’ordre achetés grâce aux deniers publics et exhibés ces derniers temps soient déployés contre vos frères civils qui, les mains nues, réclament par leurs manifestations pacifiques le respect de notre Constitution.
Ne nous trompons pas de combat. La modification de l’Article 37 ne profite qu’au Président Blaise Compaoré et à son clan. Le maintien de cet article en l’état profite à tout le Peuple, donc à nous tous, fils et filles du Burkina Faso.
En la matière et il n’y a pas si longtemps, les évêques du Burkina Faso, dans une pénétrante lettre pastorale, insistaient sur la nécessité d’une gouvernance qui poursuive le bien commun. A ce propos ils rappelaient les propos éclairants et plus que d’actualité du Pape Jean Paul II qui soulignait que « L’exercice du pouvoir politique doit se baser sur l’esprit de service qui, joint à la compétence et à l’efficacité nécessaires, est indispensable pour rendre « transparente » et « propre » l’activité des hommes politiques, comme du reste le peuple l’exige fort justement. Cela requiert la lutte ouverte et la victoire contre certaines tentations, comme le recours à des manœuvres déloyales, au mensonge, le détournement des fonds publics au profit de quelques-uns ou à des fins de « clientélisme », l’usage de procédés équivoques et illicites pour conquérir, maintenir et élargir le pouvoir à tout prix. ».
Ne nous faisons pas d’illusion ! Dans le défi ainsi lancé à son Peuple, le Président Blaise Compaoré fonde ses espoirs sur les Forces de Défense et de Sécurité pour vaincre. Il nous faut tous avoir beaucoup de discernement pour voir et agir. Nées de la même sève de vie que le reste du Peuple et soumises aux conditions difficiles de l’ensemble de la société nationale, agirez-vous pour la préservation des intérêts d’un seul individu et de son clan ou au contraire pour la sauvegarde des intérêts moraux menacés de l’ensemble de la communauté nationale ?
En ces moments où le Burkina Faso joue son avenir, chacun de vous, face à la présente cabale contre notre Constitution :
doit s’interroger pour savoir : « C’est pour le bien de qui ? »
doit toujours avoir présent à l’esprit que l’usage de la force en République est reconnu aux forces de défense et de sécurité pour protéger l’intérêt général et le bien commun ;
doit s’interroger pour savoir : « C’est pour le bien de qui ? »
doit toujours avoir présent à l’esprit que l’usage de la force en République est reconnu aux forces de défense et de sécurité pour protéger l’intérêt général et le bien commun ;
doit avoir conscience qu’en exécutant servilement les ordres il est susceptible d’engager sa responsabilité pénale.
Tout au long de l’histoire du Burkina Faso, dans la dignité et l’honneur, nos Forces de Défense et de Sécurité ont toujours rejeté l’ignominie en se tenant aux côtés des plus vulnérables pour les protéger. C’est cela sa mission et c’est ce que le Front de Résistance Citoyenne tenait à rappeler à travers la présente interpellation.
Le Front de Résistance Citoyenne réaffirme son attachement à la paix et à la cohésion sociale du Burkina Faso, aux valeurs de fraternité et de respect de la parole donnée qui ont toujours constitué le ciment de la vie des Burkinabè. C’est cela que le Front de Résistance Citoyenne veut sauvegarder par sa lutte résolue contre la modification de l’Article 37.
Pénétrons-nous de ces mots du Ditanyè :
« Au-delà des armes, la flamme au cœur »
Que Dieu garde toujours notre pays sous sa providentielle protection.
« Au-delà des armes, la flamme au cœur »
Que Dieu garde toujours notre pays sous sa providentielle protection.
Ouagadougou, le 30 octobre 2014
Pour le Front de Résistance Citoyenne
Le Porte Parole
Dr Luc Marius IBRIGA
Dr Luc Marius IBRIGA
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