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Comment Paul Biya a humilié Gervais Mendo Ze par Souley ONOHIOLO

Le pays a eu le réveil lourd hier, à cause d’une information, fort embarrassante et spectaculaire. Le professeur Gervais Mendo Ze qui apparaissait tel un intouchable, un enfant terrible sous la protection du président de la République Paul Biya, a été placé sous mandat de détention provisoire et conduit tard dans la nuit, après 23 heures,  à la maison d’arrêt de Kondengui où, il a passé sa première nuit. Selon nos sources, le prof qui est arrivé dans l’enceinte du Tcs,  aux environs de 10 heures du matin, après avoir été longuement auditionné et secoué par les éléments du corps spécialisé d’officiers de police judiciaire, il est présenté au procureur général à 21heures 45 minutes, puis devant le juge d’instruction dans les alentours de 22heures 30 minutes. C’est à  23heures 15minutes que, tête de file d’un cortège où, on retrouve quatre co-accusés dont un certain Amang à Bitiéni (anciennement membre de la commission financière de la Crtv), Gervais Mendo Ze, inculpé et informé des chefs d’accusation, est conduit en prison.

Triste et interminable, le mercredi noir aura été une journée d’enfer pour Sa Majesté le chef traditionnel de 3ème degré du village Otoakam, une petite bourgade comme les autres, perdue dans l’arrondissement de Sangmélima. De bout en bout, conscient et convaincu que le film d’horreur dont il était le 1er rôle allait dans le sens de l’abaissement et de la mortification de sa personnalité, Gervais Mendo Ze, dont les nerfs ont été mis à rude épreuve, a  touché du doigt, les cruelles réalités d’une humiliation marquée par la haine et le zèle des forces de l’ordre. Eprouvé dans sa fierté et sa dignité ; blessé dans son amour-propre, le spécialiste des idées originales, chef d’orchestre et auteur-compositeur des louanges et des chants d’exaltation à la gloire du président de la République Paul Biya.


Même les plus durs, épurent
En attendant le démarrage du procès de l’ex-Dg de la Crtv et la découverte des charges qui pèsent sur lui, au rang des griefs qu’on avance pour épingler  l’infortuné ex-ministre délégué de la Communication, on peut citer : le scandale de l’opération de l’arrimage de la Crtv sur satellite. Dans ce cas, longue est la liste des caciques et autres apparatchiks du pouvoir ayant trempé dans cette opération qui a connu un grand fiasco et qui rappelle, les marchés de gré à gré, concédés à Eugène Akame, avec la bénédiction de son père alors ministre de l’Economie et des finances et la protection de Jacques Fame Ndongo, ministre de la Communication de l’époque. La descente aux enfers de l’énigmatique  directeur général qui a trôné entre 1988 et 2005, à la tête de l’une des entreprises les plus en vue et les plus convoitées,  peut s’expliquer aussi, par la mauvaise gestion des fonds collectés au titre de la redevance audiovisuelle (Rav). Les malheurs du professeur Mendo Ze, sont allés grandissants, après sa chute et sa décadence au mois de janvier 2005. Tour à tour, il aura été entendu au tribunal de grande instance du Mfoundi puis, mortifié par le conseil de discipline budgétaire et financière.

Reconnu le 04 février 2009, coupable des fautes de gestion, Gervais Mendo Ze,  est redevable au trésor public, des faramineuses sommes de 2,616 milliards de Fcfa. Frappé d’une amende spéciale de 02 millions de fcfa, il est prononcé à l’encontre de Gervais Mendo Ze, une déchéance de droits civiques pour une période de cinq années. Comble de paradoxes, le prof entame un long séjour carcéral, au moment où, ironie du sort, cette déchéance de ses droits civiques était en passe d’être arrivée à son terme et qu’il espérait pouvoir compter sur une nouvelle promotion. L’autre son de cloche laisse croire que face à l’actualité brûlante qui vient du Burkina-Faso, Gervais Mendo Ze, a été donné en sacrifice, tel un agneau, par le régime du Renouveau aujourd’hui en crise d’impopularité. Mais en grattant le verni sur tous les ongles, l’ex-Dg de la Crtv, n’est-il pas comme bien d’autres gestionnaires de la fortune publique, victime de la mal gouvernance  érigée en système de pillage et de gouvernance. Comment expliquer la longévité de certains Dg ?  Pour le cas d’espèce, après la mort du ministre Henri Bandolo, président du conseil d’administration de l’office nationale de radiodiffusion télévision camerounaise (Crtv), l’ex-Dg de la Crtv, était le seul et tout puissant maître du jeu. Il a pendant longtemps fonctionné, sans conseil d’administration, sans Dga. De quoi se permettre toutes sortes de libertés, de dérives et d’emprise sur le patrimoine financier et matériel de la Crtv. Charge banale, mais dont le prof  n’est pas exempt de tout reproche, c’est celle de ses innombrables largesses. Confondant les caisses de l’Etat à ses biens propres, Gervais Mendo Ze, est victime et paye le prix pour sa grande prodigalité. Voulant résoudre les misères et la pauvreté dans le monde, les dons aux nécessiteux, aux services religieux peuvent l’avoir également perdu.
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