La date du 06 novembre marque bien l’accession de
Monsieur BIYA à la magistrature suprême au Cameroun. Elle devrait être source
de réjouissances pour tous les camerounais, comme signe d’alternance politique.
Mais si ce fut le cas dès les débuts de la prise du pouvoir par Paul BIYA et sa
clique, les camerounais s’en sont rapidement mordus les doigts. Le changement
entériné était loin de constituer celui qu’ils auraient attendu.
Une journée de la honte, de sombres souvenirs, de regrets
pour les camerounais qui ont accepté la chute du Cameroun.
Si l’on se rappelle que ladite accession était consécutive
à un acte de trahison de la part de M. BIYA à l’endroit de Feu le Président
AHIDJO (en effet la méthode de l’imposteur pour prendre le fauteuil pour lequel
il était pourtant pressenti frisait un coup de poignard dans le dos du
président AHIDJO), l’on doit légitimement regretter aujourd’hui d’avoir été
complice même passif d’un tel acte odieux.
D’ailleurs, la suite des évènements devait illustrer les
projets perfides de Paul BIYA qui s’élança très vite dans une campagne de
dénigrement de son prédécesseur à l’effet d’acheter les consciences des
camerounais. Il en résulta d’ailleurs (avec notre complicité), l’interdiction
de séjour au Cameroun du Président AHIDJO, après que Paul BIYA ait, par un
décret n° 84-73 du 16 mars 1984, et dans un cynisme sans précédent, supprimé la
pension de retraite et les avantages en nature dus à l’ancien président de la
République du Cameroun. Il était évidemment trop tard pour les Camerounais qui
devaient se rendre compte de l’erreur qu’ils avaient commise en acclamant le
traître ; hélas bien sûr, celui-ci était déjà dépositaire du pouvoir et pouvait
dès lors manipuler les opinions à sa guise.
Ce qui se passe aujourd’hui et que je dénonce confirme
bien que M. BIYA n’a jamais eu de bonnes intentions pour le Cameroun et les
Camerounais, sinon pour lui-même et ses camarades de parti, ses frères de clan
dont il a constitué une bourgeoisie insolente, qu’il tente tant bien que mal à
éradiquer aujourd’hui. Le programme des mutins publié dans Cameroun Tribune du
9 juin 1984 s’attaquait déjà à la dérive d’un régime qui n’avait duré que
quinze mois décrites comme étant pour le Cameroun « les heures les plus sombres
de son histoire ». Il relevait pour le Cameroun des maux qui restent
d’actualité : « son unité mise en péril, la paix interne troublée, sa
prospérité économique compromise, sa réputation nationale ternie ».
Que c’était juste et prémonitoire.
De nos jours, nous vivons encore la même ère décrite
depuis 1982 où « la Constitution était ballottée au gré des considérations de
la politique politicienne. Le gouvernement et ses agents, propulsés à la tête
des rouages de l’Etat, agissaient avec comme pour seule devise non de servir la
nation, mais de se servir. Oui, tout se passait comme s’il fallait se remplir
les poches le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard ».
Pour tromper la vigilance de la population désabusée par
un régime irresponsable, une « sorte de traque » est désormais lancée. Mais en
fait, Paul BIYA ne traque que ceux de ses nombreux bourgeois qui, non contents
d’avoir des comptes bancaires bien fournis, des châteaux et villas, des
familles à l’avenir bien tracé, ont souhaité le voir partir comme il fit pour
le président AHIDJO. La décadence de l’économie camerounaise aujourd’hui,
l’érection du tribalisme en système de gouvernement, les intrigues, les
menaces, les complots, les crimes contre la jeunesse entachent la date du 06
novembre d’opprobre et devrait nous faire à tous, un pincement à l’estomac.
Honte à nous d’avoir acclamé ce bourreau du Cameroun.
Que l’on fête chaque année cet odieux évènement ne
constitue qu’une tentative par le régime dictatorial de se faire une joie, se
sachant déniché de sa supercherie. Comme quoi l’on n’a pas honte de son visage.
Ces réjouissances sont évidemment folkloriques car elles ne célèbrent aucune
réalisation positive, si ce n’est qu’elles sont axées sur l’évènement lui-même,
comme représentant une victoire contre la vertu.
En réalité, le fameux
06 novembre a résulté à la destruction du Cameroun dont les signes sont : sa
partition en de petites entités ethniques, son désastre économique,
l’incertitude du sort de la jeunesse, la politisation de tous les domaines
d’activité, etc. Cette réalité fait tomber aujourd’hui chez ceux qui ont
survécu aux âpretés du régime du dictateur BIYA, les espoirs qu’ils avaient
placé au 06 novembre : véritable journée de honte. C’est cela que les
camerounais ont en esprit et que M. BIYA en fasse une fête nationale ne peut
que les choquer, eux qui désormais ont découvert le vrai visage de ce fossoyeur
du Cameroun.
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