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LA FRANCE VA-T-ELLE INTERVENIR MILITAIREMENT AU CAMEROUN ? par Patrice Nganang

Les nouvelles qui nous viennent de France sont claires: celle-ci parle de guerre. La mobilisation mondiale du 11 janvier 2015, pour le soutien aux caricaturistes assassinés par des terroristes, aura fabriqué une force morale dont toute politique a besoin – ‘l’union nationale’, est la transformation politique de cet élan de solidarité qui autrement, politiquement ne serait que feu d’artifice. Car qu’est-ce que cela donnerait donc que plus d’un million de personnes, que des personnalités du monde entier, que plusieurs dizaines de chef d’Etat et de gouvernement, se soit dépassés le plus rapidement possible pour marcher à Paris ? Quel serait l’impact comptable de telle mobilisation, si ce n’est la fabrication d’un socle moral pour une action politique qui, pour un président de la république française handicapé par une côte de popularité abyssale, arrive au bon moment ? En politique il n’y a pas d’action gratuite, mais le flair veut aussi que les moments d’unanimité soient ceux qui permettent de faire passer les lois les plus controversées. La France sort à peine d’un débâcle militaire en Syrie, elle qui avait été la plus vocale des partisans de la politique guerrière contre Assad. Laissée assoiffée d’une guerre qui n’a au final pas eu lieu, avec son arsenal d’émotions intact, la voilà qui se retrouve avec la violence du champ de bataille syrien qui explose dans sa propre cour, violence faite cependant par des enfants nés chez elle ! Il demeure qu’ici s’applique l’adage qui veut qu’un cadavre ne visite pas son tombeau. Une seconde intervention française en Syrie est impossible du seul fait de la débâcle syrienne silenciée.


Et pourtant, l’élan moral veut une action pour transformer en victoire ce qui a été porté comme émotion le 11 janvier. La guerre contre le terrorisme est une phrase qui ne se dit pas de manière inopportune, en se rasant le matin. Et la France qui était engagée au Mali, avec un certain succès, n’aura pas besoin de se fabriquer une seconde intervention malienne, en rappelant qu’un des tueurs de Paris était malien d’ascendance ! Pourtant il faut bien agir, et c’est là où notre pays entre en jeu – car jusque-là, le singulier du Cameroun était qu’il se trouve aux avant-postes de la guerre contre le terrorisme en Afrique – avec le fait qu’il partage avec le Nigéria la frontière la plus chaude de l’implantation de Boko Haram -, mais aussi qu’il a la particularité d’avoir été le lieu où s’est plusieurs fois manifesté la politique anti-terroriste française qui s’est discréditée avec les attentats de Paris : l’apaisement. Et comment ! Plusieurs fois des rançons payées aux terroristes de Boko Haram, ont permis la libération d’otage français. Si l’on se souvient que, selon un article republié en son temps en France, celle-ci était le leader indiscutable en Occident des pays payant des rançons aux terroristes, il devient évident que Yaoundé a un problème, car le tyran y trouvait matière à propagande ! Or voilà, Paul Biya a été nommément cité par le leader de Boko Haram dans une vidéo qui a fait bruit ; il a dans cette foulée demandé l’aide internationale, à laquelle d’abord le Tchad a répondu, lui qui jusque là n’avait pas encore, était réticent à ameuter l’opinion camerounaise sur les dangers de ce qui se passe au Nord du Cameroun.

La réalité est fracassante quand on la confronte avec la politique de l’Autruche. On ne gagne pas une guerre avec la propagande seulement. Cela, les Français l’ont compris, qui pas à pas évoluent, et donc abandonnent leur politique d’apaisement des terroristes. La demande de confrontation est de plus en plus vocale. La déclaration de guerre totale lancée à Paris par le président François Hollande, avec à ses côtés les présidents camerounais et nigérian vient de recevoir dans le million de marcheurs de Paris, l’onction morale dont elle avait besoin. Paul Biya était absent. Et pourtant la France se mobilise pour la guerre. Elle a dans son dos le vent de l’opinion internationale qui l’encourage dans sa nouvelle politique. Un sommet sur le terrorisme se tiendra en février à Washington. Le France ne pourra pas n’y parler que de son engagement militaire sur ces terrains où les Etats-Unis mènent le jeu ; elle ne pourra pas n’y parler que du Mali, de cette campagne qu’elle vient de son propre aveu, de clore ; elle ne pourra pas n’y parler que de Syrie pour mentionner une fois de plus cette débâcle que le non-soutien d’Obama lui a fait subir. Eh oui, il faudra bien qu’elle dise que cette gangrène de Boko Haram qu’elle a voulu jusque là contenir dans le Nord du Cameroun doit être extirpée, plus par des payements de rançons aux terroristes, mais par la violence. Il faudra bien qu’elle confronte ce foyer ardent qui depuis bientôt deux ans brûle au Cameroun. Les images de ces camions transportant des soldats français à Ngaoundéré pour aller en République centrafricaine nous reviennent en esprit. En fait la question n’est plus de savoir si la France interviendra dans notre pays, la question est de savoir quand. En attendant, le Tchad qui comme au Mali, comme en RCA, joue toujours les avant poste, est accueilli en libérateur a Kousseri, par les populations camerounaises.
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