Dans le débat sur le Franc Cfa, ses partisans mettent en avant ses « avantages » pour les pays membres pour justifier le maintien du statu quo.LES « AVANTAGES » VIRTUELS DU FRANC CFAInflation et croissance économique. Selon eux, la « stabilité macroéconomique », c'est-à-dire de faibles taux d'inflation, du fait de l'arrimage à une monnaie « forte »et l'absence de risque de change créeraient ainsi un environnement favorable à l'investissement et à la croissance. Mais la comparaison avec des pays, ayant leurs propres monnaies, montre que ces derniers ont des taux de croissance plus élevés que ceux des pays de la zone Franc. C'est le cas du Ghana, qui a enregistré une croissance moyenne de 9,2% sur la période 2010-2013, mais dont le taux d'inflation a dépassé 10% sur la même période.
1- La Mauritanie, avec un taux d'inflation de 5,3%, a enregistré une croissance moyenne de 5,5% sur la même période. En revanche, le Sénégal, deuxième économie de l'Uemoa, dont le taux d'inflation est inférieur à 2%, a aussi le plus faible taux de croissance, soit 3,5% sur la période 2010-2013.
2 - En fait, on a noté que les taux de croissance des pays ayant leurs propres monnaies ont des performances supérieures à celles des pays africains de la zone Franc. C'est le cas notamment dans l'espace Cedeao.
3 - Zone Franc et flux de capitaux. Par ailleurs, la « stabilité macroéconomique »n'a pas été un avantage pour les pays africains. En effet, la libre circulation des capitaux entre les pays africains et la France favorise plus la fuite des capitaux que les investissements directs étrangers (Ide). Les statistiques montrent que les pays africains qui reçoivent le plus d'Ide sont ceux qui sont riches en pétrole et en ressources minières, pas nécessairement ceux ayant des monnaies « stables ». Par exemple, le Ghana et le Mozambique reçoivent plus d'Ide que le Sénégal ou la Côte d'Ivoire, les deux locomotives de l'Uemoa, en Afrique de l'Ouest, ou le Cameroun, en Afrique centrale. Seul le Congo sort du lot à cause des investissements dans le secteur pétrolier.
4 - Au vu de ce qui précède, le Franc Cfa est loin de constituer un « atout » pour les pays africains. En fait, il constitue une véritable hypothèque sur les possibilités de développement de ces pays.Le piètre bilan économique et social des pays Cfa Sur le plan économique et social, le bilan des pays africains membres de la zone Franc au cours des 50 dernières années est l'un des plus médiocres du continent. Sur les 15 pays africains membres de la zone Franc, 11 sont classés comme « pays moins avancés » (Pma) par les Nations unies, dont 7 dans l'Uemoa, 3 dans la Cemac et les Comores. Seuls le Cameroun, le Congo, la Côte d'Ivoire et le Gabon échappent à cette catégorie. En outre, les indicateurs de développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) montrent que parmi les 22 pays ayant l'indice de développement humain le plus faible, la grande majorité (14) est composée de pays membres de la zone Franc.
5 - Il y a certes plusieurs facteurs qui expliquent cette situation, mais incontestablement, la question monétaire est parmi les facteurs les plus importants.
ÉCONOMISTE, SIGNATAIRE DE LA LETTRE OUVERTE À LA BCEAO (La suite dans votre numéro de demain)
1 Annuaire statistique 2014 de la Banque africaine de développement
2 Fmi, Perspectives de l'économie mondiale », octobre 2014
3 Dieng, Seydi Ababacar, « La compétitivité du FCfa comparée aux autres monnaies de la Cedeao », Dakar, Réussir No.84, janvier 2014, pp.34-35
4 Bad, Annuaire Statistique pour l'Afrique 2014
5 Pnud, Rapport sur le développement humain 2014
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