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LETTRE OUVERTE AU MINISTRE RENÉ EMMANUEL SADI par Joachim Tabi Owono

Excellence Monsieur le Ministre,Nous avons l’honneur, en notre qualité d’Elite et de Leader d’opinion, de porter à votre haute attention ce qui apparaît désormais comme la délocalisation de fait de la Préfecture de Mbalmayo, et la décrédibilisation du Préfet du Nyong et So’o.
En effet, Excellence Monsieur le Ministre, en date du 26 Mai 2015, les Camerounais du Pays tout entier ont suivi avec stupéfaction, la remise à Yaoundé de «l’effort de guerre» du Département du Nyong et So’o, à un Préfet en tenue de commandement, dans les bureaux du Délégué Général à la Sûreté Nationale, en présence du Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, tous deux élites de ce Département. Ce fait apparemment anodin mais inédit et extrêmement grave, appelle à réfléchir sur un certain nombre de points:

1 - Conformément à la réglementation en vigueur dans notre Pays et jusqu’à preuve du contraire, la création des départements, la désignation des chef-lieu de départements, et la nomination des préfets, sont du domaine exclusif et discrétionnaire du Président de la République, Chef de l’Etat;
2 - Par la volonté du Chef d’Etat et par Décret présidentiel, le chef-lieu du Département du Nyong et So’o devant abriter les bureaux du Préfet, représentant personnel du Président de la République dans l’Unité administrative, est bien la ville de Mbalmayo;
3 - Par le même mécanisme, le chef-lieu du Département du Mfoundi, devant abriter les bureaux du Préfet, représentant personnel du Président de la République dans cette Unité administrative, est la ville de Yaoundé; 
4 - La cérémonie du 26 Mai dernier, abondamment couverte par les médias publics et privés, au cours de laquelle le Préfet du Nyong et So’o a lancé un appel à tous les fils de "son" département, s’est bien déroulée dans le Département du Mfoundi, en l’absence du Préfet de ce département;
5 - La dite cérémonie officielle s’est tenue dans les bureaux du Patron des Forces de Sécurité, non dépositaire d’un pouvoir hiérarchique direct sur le Préfet de son département d’origine;
 
6 - Il aurait été plus courtois de remettre ces fonds collectés à Mbalmayo, au Préfet, dans ses bureaux, ou sur la place des fêtes de ladite ville ;
7 - Bref, il ne s’agirait ni plus ni moins de la part de ces personnes-ressources du Parti au pouvoir, que d’un manque total de respect, d’un assujettissement pur et simple, voire d’une infantilisation de l’Autorité administrative ; 
8 - Enfin, dans ces conditions, on est en droit de se demander si ceux des natifs du département, qui se sont hasardés à avoir une opinion politique contraire, et qui ne comptaient jusque là que sur la présence effective et la neutralité du Chef de l’Unité administrative garant de l’ordre public et de la coexistence pacifique, pourront encore se sentir en sécurité dans leur Nyong et So’o …
Excellence Monsieur le Ministre,
Au vu de ce qui précède, et compte tenu de la gravité de la nouvelle situation créée par certains camerounais qui se sont sciemment substitués au Chef de l’État, nous vous saurons gré de bien vouloir prendre les mesures qui s’imposent, afin que la légalité républicaine et démocratique revienne dans cette partie du territoire camerounais.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Ministre, l’expression de nos sentiments les plus respectueux.
Par Joachim Tabi Owono, Président national de l'AMEC
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