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FRANK BIYA, BRILLANT FINANCIER PATRIOTE OU SIMPLE RAPACE ? par Brice Nomo


Que l’ancien élève cancre du collège de la Retraite de Yaoundé se soit transformé en véritable as de la finance au point de réaliser une opération juteuse sur les titres de la dette de l’État du Cameroun avant de se rétracter? si tel semble le cas comme le laisse entendre ses défenseurs, seule la justice pourrait élucider le citoyen sur cette mystérieuse affaire des titres OTZ. En attendant les conclusions éventuelle cette justice - si jamais elle venait à s’y intéresser – force est de constater que le fils ainé du président est tout sauf brillant et ce malgré d’importants moyens mis à sa disposition durant sa scolarité, à l’image de son géniteur qui aura dilapidé tout le patrimoine nationale en 30 ans de règne.
Quel lien existe t-il entre la principauté de Monaco et la Communauté Helvétique? Ces états sont surtout des lieux de villégiature prisés par les fortunés de ce monde. Rien d’étonnant donc si le président et son fils cultivent la même passion pour le luxe; c’est dire que le fils suit habilement les traces de son père qui d’ailleurs faut-il le rappeler ici a une conception très libidinale de l’exercice du pouvoir, faite de jouissance et d’inaction. Mais avant de poursuivre mon analyse, une clarification s’impose. Je ne suis en aucun cas contre toute forme de jouissance ou encore de glorification des réussites individuelles si seulement elles sont le fruit d’un dur labeur mais aussi et surtout obtenues dans des conditions dignes et honnêtes. Au moment où les informations circulent sur le véritable tour de magie opéré par un certain Frank Biya, fils de l’inamovible chef suprême des Forces Armées d’un pays pauvre très endetté, j’aimerais ici apporté ma modeste contribution sur cette véritable affaire d’état qui n’en finit pas d’alimenter nos conversations.
Délit d’initié sous fond de népotisme
Comment peut-on expliquer au commun des mortels que le fils du président ait pu investir sur la dette d e son pays exsangue et se faire une plus value aussi importante sans que cela n’émeuve l’opinion? Il n’est point ici question de « jeter en pâture aux carnassiers sinon aux charognards de l’histoire » Frank Biya, n’en déplaise à notre cher griot du parti-état (RDPC ), il s’agit tout simplement d’une question de bon sens. Car nous sommes en face d’un conflit d’intérêt doublé d’un délit d’initié d’une évidence triviale. Refuser de l’admettre serait faire preuve de cécité intellectuelle. Pour élucider mon propos, j’aimerais qu’on observe sans détours les faits en nous basant sur les définitions des termes et expressions qui sont au cœur même de la polémique à savoir: Le conflit d’intérêt, le délit d’initié et le népotisme.
La notion de conflit d’intérêt est assez large mais facile à cerner. Si on s’en tient à cette définition basique fournit par la branche française de Transparency International, il est mentionné ce qui suit:
«Un conflit d'intérêts naît d'une situation dans laquelle un agent public a un intérêt personnel de nature à influer ou paraître influer sur l'exercice impartial et objectif de ses fonctions officielles. L'intérêt personnel de l'agent public englobe tout avantage pour lui-même ou elle-même ou en faveur de sa famille, de parents, d'amis ou de personnes proches, ou de personnes ou organisations avec lesquelles il ou elle a ou a eu des relations d'affaires ou politiques. Il englobe également toute obligation financière ou civile à laquelle l'agent public est assujetti. »
 Par ailleurs, il est également mentionné qu’ « Un conflit d'intérêts naît d'une situation dans laquelle une personne employée par un organisme public ou privé possède, à titre privé, des intérêts qui pourraient influer ou paraître influer sur la manière dont elle s'acquitte de ses fonctions et des responsabilités qui lui ont été confiées par cet organisme ».
Ensuite intéressons nous au terme de délit d’initié; selon le site de trader finance, «le délit d’initié consiste dans le fait de détenir une information confidentielle sur une entreprise et de l’utiliser pour faire des opérations à son profit ou en faire profiter autrui avant que cette information ne soit devenue publique et n’est entraînée une baisse ou une hausse des cours de bourse de l’entreprise. Le détenteur de cette information a donc une obligation de confidentialité jusqu'à ce que l'information soit connue de tous ».
Enfin, le dictionnaire Larousse définit le népotisme comme un « abus de quelqu’un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux membres de sa famille ».
Sans toutefois être brillant juriste ou encore éminent linguiste comme le Pr Fame Ndongo, ou même un excellent communicateur comme M. Issa Tchiroma Bakary, force est de constater qu’en regardant les faits avec un brin d’objectivité on s’aperçoit qu’il s’agit bel et bien d’un grossier délit d’initié sous fond de conflit d’intérêt, agrémenté par une politique de népotisme assumée. Qui sont les parties prenantes dans cette scabreuse affaire de titrisation de la dette intérieure de l’État du Cameroun vis-à-vis des entreprises publiques baptisés « Obligations du Trésor à Coupon Zéro (OTZ) »? M. Edouard Akame Mfoumou à l’époque Ministre de l’Economie et des Finances et frère du confident et conseiller juridique du président de la République M. Foumane Akame toujours en poste; M. David NKOTO EMANE, Directeur Générale de la CAMTEL; Dieudonné Evou Mekou, Directeur Général de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), neveu du chef de l’Etat; M. Motaze actuel Ministre en charge des services à la Primature et Directeur Général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) au moment des faits; Il est a noté que toutes ses personnes sont issues de la même aire géographique  que le chef de l’État. On y retrouve ensuite le principal intéressé M. Frank Biya actionnaire majoritaire d’AFRIONE SARL et son acolyte M. Christian Mataga, Directeur Général de ladite structure, fils de l’ancien Directeur-Adjoint du Cabinet Civile de M. Paul Biya, le défunt Philippe Mataga; et enfin Alamine Ousmane Mey, l’actuel Ministre de l’Économie et des Finances et à l’époque des faits Directeur Général d’Afriland First Bank. Comment peut-on penser autrement? Généralement en pareil circonstance, il serait anormal pour un Président de la République de nommer son neveu à un poste aussi sensible que la direction du CAA et pis encore de laisser son fils acheter la dette du pays pour ensuite la revendre; c’est certes économiquement faisable, mais c’est moralement inconcevable et pénalement condamnable. Les dirigeants de ce pays par ce fait ont simplement prouvé aux observateurs que le  Cameroun mérite bien sa place en haut du tableau des pays les plus corrompus dans le classement élaboré par Transparency International. Comment peut-on penser que le fils du président dans une opération aussi délicate avec pour protagonistes son cousin Germain (DG de la CAA), et ses cousins lointains (Motaze, Nkoto Emane…) sans oublier le tonton (Edouard Akame Mfoumou) ou son ami d’enfance (Mataga) pourrait être traité équitablement, comme les autres? Traiter le fils de l’homme fort d’Etoudi comme un citoyen ordinaire, dans un pays où le clientélisme est roi relève de l’utopie. On sait qu’il est impossible de dire non au fils du prince connaissant le contexte socio-politico-culturel de notre pays. Alors au regard de nos réalités locales, on est en droit de penser que Frank Biya a bel et bien tiré profit de son appartenance au « Cameroun d’en haut » pour se faire du beure dans cette affaire. La nomination récente d’Alamine Ousmane Mey pourrait ainsi être interprétée et à juste titre comme une récompense pour son aide à la réalisation de cette transaction qui s’apparente à de la feyménia d’un autre genre; de même, le silence sur les méthodes de gestion jugées peu orthodoxes à la CAMTEL tout comme à la CAA par les observateurs avertis sonnent comme des signaux visant à conforter les dirigeants de ces entreprises dans leur rôle alors que des voix s’élèvent pour demander des comptes sur leur gestion épicière de la fortune publique.
Frank Biya, ancien élève cancre du Collège de la Retraite de Yaoundé
Maintenant essayons de nous appesantir sur le cas de Frank Biya, le principal concerné de cette affaire des OTZ. Qui a oublié ce jour où, lors de la proclamation des résultats du BEPC, la foule amassée à l’annonce du nom de ce dernier s’est mise á huer le responsable chargé des délibérations avec un « wouuuuuuh, 7 de moyenne, 7 de moyenne!». Car en réalité, Frank Biya, fut un véritable cancre à tel point que sa réussite au BEPC surprit plus d’un cette année la. Il se dit d’ailleurs qu’à cause de lui, la note de délibération fut abaissée aux alentours de 8/20 pour permettre aussi aux autres de bénéficier de la grâce du fils du président. Cet élève aux résultats médiocres suivit par la suite des études supérieures aux USA aux frais du contribuable camerounais: frais d’éducation dans une université américaine, logement, escorte (car il était accompagné durant son séjour d’un garde du corps de la Garde Présidentielle, tel un véritable chef d’État) sans oublier d’autres avantages dont il serait inutile d’énumérer ici. Une fois diplômé, c’est naturellement au Cameroun à la SNI qu’il est venu fourbir ses armes « par amour pour le pays » diront certains.
Après quelques aventures plus ou moins fructueuses dans les affaires (notamment l’exploitation forestière, domaine dont on connait l’opacité dans l’attribution des licences), l’ainé de la fratrie Biya élira par la suite domicile dans l’hexagone et plus précisément à Monaco comme plusieurs millionnaires de la planète, non sans avoir fait main basse sur le patrimoine de ce pays qui lui aura tout donné. Si Frank Biya avait à l’instar d’autres brillants économistes (et Dieu seul sait combien le Cameroun en a produit) fait fortune à Wall Street (New York) ou à la City (Londres), nous n’en serions que très fiers en nous disant que l’investissement du pays aura porté des fruits. Mais évidemment qu’aucune maison de courtage fiable n’avait intérêt à embaucher ce parvenu dont la seule compétence est d’être le fils d’un tyran.
La vérité et rien que la véritéMême en accordant à notre stratège financier le bénéfice du doute, il reste tout de même inconcevable que le fils du chef de l’état, à la tête d’une fortune colossale amassée vraisemblablement de manière illicite dans un pays dont le père aura contribué à ruiner par son incompétence, ne puisse pas rendre des comptes. Aujourd’hui, il est possible de savoir comment Bill Gates a construit sa fortune, à travers son géni qui l’a amené à concevoir le fameux logiciel Windows. Comment Frank Biya a-t-il bâtit la sienne? de quelle passe droit a t-il pu bénéficier pour obtenir de telles garanties de la part des banques dans ce coup sur les OTZ et probablement sur d’autres affaires dont on ignore encore?
Veut-on nous faire croire, comme le soutient mordicus une certaine presse que M. Frank Biya qui préfère le soleil de Monaco et les belles voitures de luxe ait cédé les titres à perte par amour pour le pays ? Peut-être s’est-il rendu compte de sa bourde ? ce n’est point exclu. Et Il n’est nullement ici question de jeter un quelconque anathème sur Frank Biya qui a peut-être été floué par des personnes mal intentionnées qui ont voulu se servir de lui pour réaliser leur plan démoniaque en délestant ainsi le Cameroun d’importantes sommes d’argent pour ensuite les stocker en Suisse ou à Monaco comme c’est d’usage. Si le fils du président reste toujours à nos yeux présumé coupable dans cette affaire rocambolesque, on est tout de même en droit de se poser la question sur l’état de déliquescence avancée de notre pays mis sous coupe réglé par une élite clanique, incompétente; une véritable république bananière ou le népotiste et le clientélisme ont été érigés en mode de gouvernance. Il est pourtant une règle connue et acceptée de tous en démocratie; lorsqu’on est membre de famille proche d’une personnalité publique, non seulement on se doit de publier l’étendu de son patrimoine, mais surtout on s’abstient de tout ce qui est manifestement un conflit d’intérêt. Il revient à la justice de faire la part des choses mais connaissant le Cameroun, cela reste un vœu pieux.
Les temps ont changé pour les fils des dictateursHeureusement pour nous, les temps changent et la justice universelle est en marche. Qui aurait pensé un seul instant que Hannibal Kadhafi, le fringant fils du Guide quitterait la Libye sur la pointe des pieds en laissant derrière lui toutes ces voitures de collection et son yacht en construction? Il y a encore une semaine c’était la vente aux enchères des effets ayant appartenus à la famille Ben Ali. Il faut y croire, les crimes commis finiront par se payer et Frank Biya tout comme son père s’ils sont reconnus coupables n’y échapperont pas. Il ne nous appartient pas ici de faire un procès, car cela n’est nullement notre intention. Mais les faits révélés dans cette sombre affaire ajoutés aux multiples incongruités décelées dans la gestion toute épicière du président Biya de son pays, laissent peser un fort soupçon de culpabilité sur son fils et ses acolytes, véritables fossoyeurs de la fortune publique.
Il revient donc à cette justice jusqu’ici atone de se consacrer immédiatement à ce dossier une fois passées les fêtes. Et c’est d’ailleurs là que le bât blesse, car si le Cameroun est sur le papier très armé juridiquement pour lutter contre la prévarication des biens publics, la réalité sur le terrain  est tout autre. Le Tribunal Criminel Spécial (TCS) créé récemment reste inaudible, aucune enquête parlementaire à ce jour n’a été diligentée (malgré les efforts de l’honorable Nintcheu), la CONAC fait la sourde oreille, le ministre de l’information si peu discret et toujours prompt à prendre la parole pour jouer les sapeurs-pompiers a contre toute attente rabattu son caquet; bref tout indique que dans cette affaire qui touche à la famille présidentielle, le mot d’ordre est bouche cousue.
Seul, notre célèbre griot, le professeur Fame Ndongo qui n’a pas hésité à enfiler les vêtements de pompier (pyromane ?) pour expliquer sans vergogne aux camarades du parti que l’action de Frank Biya révélait d’un acte patriotique ! Le silence entretenu par les principaux incriminés peut être perçu par la population comme un aveu de culpabilité; sinon pourquoi un tel mutisme? est-ce un mépris de cette vache à lait qu’est ce vaillant peuple camerounais, déshumanisé, clochardisé et humilié durant ces 30 années de règne sans partage du président Biya? ou alors est-ce une tactique pour mieux se préparer, bien rassembler les preuves avant de contre-attaquer? on s’y plairait à rêver. Mais connaissant bien le clan Biya qui a toujours joué sur l’usure, le président prendra son temps comme à son habitude et trouvera la parade le moment venu à travers une subtilité dont il en a le secret, le moyen de baisser l’attention sur ces affaires gênantes en remaniant par exemple son gouvernement pléthorique et inefficace. Peu importe la stratégie à adopter par le doyen d’âge des chefs d’États de la zone CEMAC, la plainte déposée contre son fils en France a toutes les chances d’aboutir et rien n’arrêtera le cours de l’histoire.
Peut-être saurons nous un jour si Frank Biya élève jadis cancre s’est métamorphosé en brillant financier au point de devenir un redoutable charognard prêt à porter le coup de grâce sur le patrimoine d’un pays mis à genoux par son père ou alors s’est il tout simplement mué en philanthrope en venant au secours de son pays asphyxié par les politiques bancales imposées par les institutions de Breton Wood ? Si la justice chez nous reste étonnamment sélective, partiale voire incompétente, elle pourrait se montrer impitoyable sous d’autres cieux. Theodorin Obiang fils de l’autre dictateur et vice-président de la République de Guinée Equatoriale en sait quelque chose; les virées nocturnes parisiennes de ce dernier ne sont plus que de lointains souvenirs et ses véhicules de luxe sont aujourd’hui la propriété de la police française qui s’en sert justement pour traquer les biens mal acquis de certains potentats africains. Wait and see !

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