Le livre qu’il publie en 1987 égrène les détails du combat économique à venir : Pour le libéralisme communautaire avertit des dangers d’un capitalisme aveugle, tout autant qu’il prescrit la régulation de l’Etat comme l’unique garantit de la redistribution des fruits de la croissance. Mais, hélas ! Paul Biya est seul à cerner les contours d’un discours que peu de gens comprennent et assimilent le moins. En 1989, la crise économique atteint et frappe la Cameroun, de plein fouet, à cause de l’imprévision, ou plutôt, simplement parce que personne n’a rien compris aux avertissements du chef de l’Etat, depuis le premier discours d’investiture prononcé le 6 novembre 1982, à l’Assemblée nationale. Plus tard, la conséquence coule de source. La crise économique est là. Inévitable Elle est fulgurante, galopante. En peu de temps, le système bancaire commercial s’écroule. La gabegie condamnée par Paul Biya est passée par là. Plusieurs banques ferment boutique. La crise économique est aggravée par le spectre de la crise politique qui englue le Cameroun dans les péripéties du multipartisme, en 1990. Les « Villes mortes » de 1991 paralysent le port de Douala et Yaoundé, Bafoussam et d’autres villes du pays, et font perdre plus de 100 milliards FCFA de recettes publiques à l’Etat. En 1994, le Cameroun et les pays de la zone CFA voient leur monnaie être dévaluée de 50 % de sa parité avec le Franc français. Le président Paul Biya doit se montrer ingénieux pour sortir son pays du marasme économique qui l’étreint.
La valse des réformes
Devant la grave crise économique, il a fallu beaucoup de courage pour éviter le chaos. Dans certains pays voisins, l’Etat était à genou et affichaient onze à quinze mois de salaires impayés. Au Cameroun, il a fallu être ingénieux : baisser les salaires afin d’honorer les engagements mensuels de l’Etat, convertir la dette intérieure en titres, déflater les effectifs de la Fonction publique afin d’alléger la masse salariale de l’Etat, et pour constituer des réserves financières et continuer d’assurer les investissements publics, tout en s’acquittant de la dette extérieure, et des conditionnalités de la Banque mondiale et du FMI, pour espérer passer l’examen du Point d’achèvement de l’initiative PPTE, et bénéficier de la manne d’allègement du stock de la dette bilatérale et multilatérale. Parallèlement à ces mesures drastiques, le chef de l’Etat, Paul Biya, prescrit le retour à l’agriculture, en prêchant lui-même par l’exemple par des investissements champêtres dans son Mvomeka’a natal. En filigrane, les Comices agropastoraux reviennent à la mode, pour la compétitivité et l’usine à tracteurs d’Akak trace les sillons de l’agriculture de seconde génération. Le pays tient le cap. En 1998, les banques se relèvent. À partir de l’an 2000, le chômage est combattu avec âpreté. Et les institutions de financements des projets en faveur des femmes et des jeunes ne manquent pas à l’appel des innovations : la banque des Pme, le Pajer- U, le Piaasi sont autant de repères pour lutter contre le chômage, dans le cadre du DSCE, en marge des recrutements massifs des jeunes à la Fonction publique (pas moins de 300 000 emplois offerts depuis la dernière de la décennie).
Les projets structurants, malgré la guerre contre Boko Haram
Outre le redressement économique direct qui a permis de mettre en place le DSCE et sur pieds le Plan d’urgence triennal, les plus grands chantiers de développement permettant d’assurer la navigation du Cameroun vers l’émergence proviennent des projets structurants. Méthodique, Paul Biya est passé des « Grandes ambitions », au cours du septennat 2007-2011, à la politique économique des « Grandes réalisations », depuis 2011. Quatre ans plus tard, le Cameroun de Paul Biya s’illumine. Le pays est un vaste chantier de projets structurants. Les fronts sont divers et multiples. L’énergie trône sur le piédestal des investissements, en vue de l’industrialisation du pays. Le gouvernement en a fait sa priorité. Paul Biya tient à construire la fondation de l’émergence par un approvisionnement efficient en électricité. Combattre les délestages est un défi. Les pénuries d’électricité sont en baisse. En dehors de l’apport en énergie de la centrale à gaz de Kribi et les centrales thermique de Yassa, la mise en eau partielle du barrage réservoir de Lom-Pangar est un indice expressif de la victoire énergétique progressive du Renouveau national.
En amont des chantiers énergétiques, les travaux de construction des barrages hydro-électriques de Mekin et Memve’ele, se poursuivent et ont dépassé le cap de réalisation global de 60 %. En aval, en plus, des barrages en chantiers, ceux d’Edea et Song-Loulou continuent d’améliorer l’offre actuelle. Une entreprise de transport de l’électricité, la SONATREL vient d’être créée pour faciliter l’accès dans des zones rurales et les sites d’exploitation minières de l’Est où vont bientôt s’extraire le fer de Mballam, le Cobalt et le Nickel, le diamant de Mobilong… La construction d’infrastructures figure sur le tableau de bord des réalisations du Renouveau. De nombreuses routes ont été construites à l’instar de l’axe reliant Ngaoundéré à Garoua-Boulai, la Ring-road reliant Bamenda-Mamfe-Ekok ou l’axe Kumba-Mamfe. Le volet santé est en pôle position : l’hôpital de référence de Sangmelima, l’hôpital gynéco-obstétrique de Douala et le Centre des urgences de Yaoundé sont opérationnels. Dans le même sillage des investissements, le port en eau profonde de Kribi est réalisé à plus de 93 %, le deuxième pont sur le Wouri prend de plus en plus forme. Tout à côté, les CAN 2016 et 2019 sont de gros investissement et constituent de précieux raccourcis vers l’émergence claironnée en 2035. Les infrastructures sportives sont d’ores et déjà en chantier. Les stades de Bafoussam et de Limbe sont pratiquement achevés. Comme on peut le constater, le Cameroun avance, n’en déplaise aux terroristes de Boko Haram qui ont imposé au Cameroun une guerre inopinée et coûteuse, on peut s’en satisfaire, la guerre contre Boko Haram n’a pas fait changer de priorité au président Paul Biya. L’émergence du Cameroun, à l’horizon 2035, reste au centre du pari économique du Renouveau.
Patrice Roland Talla, économiste, Douala.
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