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68e ANNIVERSAIRE DE L’UPC: Aux origines de la politique camerounaise, il y avait le 10 avril 1948

Comprendre les origines de la politique au Cameroun et les origines de l'Upc pour comprendre pourquoi rien ne marche et pourquoi les acteurs politiques sont dévoyés au Cameroun.De nombreux journalistes, prétendument spécialistes des questions politiques au Cameroun, sont aujourd'hui à la traîne de la compréhension des données politiques, précisément parce que par paresse ou par ignorance, ils refusent de rentrer à la source de la connaissance de l'histoire politique de ce pays. C'est le constat qu'on peut tirer des rendus offerts par les médias à l'occasion du 68e anniversaire de l'Union des Populations du Cameroun, le 10 avril 2016 dernier. Que l'on soit partisan ou adversaire de l'Upc, les acteurs politiques et surtout les hommes de médias ont un devoir à connaître comment la politique a commencé au sein du territoire qui est le Cameroun sous peine d'être pris dans le vertige et le tourbillon des batailles périphériques qui discréditent la politique et ceux qui la pratiquent.

Voici les fondamentaux de ce qu'il faut savoir : Dans un espace plus grand que l'actuel Cameroun, était établie une possession allemande appelée Kamerun. Pour matérialiser cette possession, les Allemands y ont dressé leur drapeau sur le plateau Joss à Douala le 14 juillet 1884. Ils coloniseront ce territoire Kamerun pendant 30 ans jusqu'à la première guerre mondiale. Battus par la coalition des Anglais et des Français, les Allemands seront chassés du Kamerun qui sera alors dégermanisé au profit de la France et de l'Angleterre qui se partageront le Kamerun en une zone francophone et une zone anglophone, suivant en cela un mandat de la Société des Nations (Sdn) qui est l'ancêtre de l'Organisation des Nations Unies (Onu). Lorsque la deuxième guerre mondiale éclate, le Cameroun prend part à la guerre par des batailles qui se déroulent sur son territoire et surtout par ses fils qui sont recrutés pour tenir des fusils. A la fin de la guerre, il existe au Cameroun, une classe de ses fils qu'on peut qualifier « d'indigènes évolués » qui se lèvent pour demander que les populations de l'ancien territoire allemand, le Kamerun puissent dans un premier temps se réunifier et ensuite qu'ils puissent se gérer par eux-mêmes. Pour ce faire, le 10 avril 1948, ils créent un parti politique pour parvenir à leur fin. Ce parti est l'Union des Populations du Cameroun qui se crée à Douala avec trois objectifs : 1/ Obtenir la Réunification du Cameroun francophone (placé sous mandat de la France par la SDN) et du Cameroun britannique (placé sous mandat de la Grande Bretagne par la SDN). 2/ Obtenir l'Indépendance du Cameroun et 3/ Lutter pour l'élévation du standard de vie des populations de ce territoire (ce qui peut se comprendre aujourd'hui comme lutter contre la pauvreté).

DEFAITE MILITAIRE

En raison du caractère évolué de ses membres, l'Upc à l'origine choisit de mener son combat en usant les voies du droit. C'est pourquoi ses leaders, notamment Um Nyobè, Felix Roland Moumié, Ernest Ouandié font le tour du territoire pour collecter les signatures des populations pour en faire des pétitions qu'ils vont déposer aux Nations Unies. Une orientation qui prospère de sa création jusqu'en 1955 quand à la suite des soulèvements des populations sous l'instigation de l'Upc, l'administration coloniale française interdit par décret l'Upc et emprisonne ses leaders qui sont alors traqués, exilés et tués. Le combat prend une tournure violente et l'Upc qui n'y était vraiment pas préparée perd la guerre militaire qu'on lui a imposée.

La suite se passe sans l'Upc. Les deux premiers points de son programme sont réalisés sans elle. Le Cameroun francophone accède à l'indépendance le 1er janvier 1960 et sa gestion est confiée à Ahmadou Ahidjo et les siens, c'est-à-dire des personnes qui ne voulaient pas de l'Indépendance.La Réunification qui était le premier point de son programme, est obtenue le 1er octobre 1961. En partie. Puisque pendant que le Southern Cameroon (les actuelles régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest) rejoint la mère patrie, une autre partie, le Northern Cameroon est annexée au Nigéria suite à un référendum truqué par les Anglais sous le manteau de l'Onu. Par la force, la ruse et l'imposture, les puissances coloniales ont exclu l'Upc (qui se définit comme l'âme immortelle du peuple camerounais) de la gestion du Cameroun. L'Upc devient ainsi un cas à part. Partout en Afrique et dans les pays colonisés, les partis qui ont été créés pour obtenir l'Indépendance ont pu gérer leur pays au moment de l'avènement de cette indépendance, cas du Fln en Algérie, de la Swapo en Namibie, de la Zanu au Zimbabwé ou de l'Anc en Afrique du Sud, exemples qui peuvent être multipliés en prenant les cas soudanais, kenyans, mozambicains et autres.

Il s'en suit évidemment un dilemme : Quelle est la place qu'il faut donner à l'Upc aujourd'hui ? Faut-il la ranger dans les livres d'histoire en se donnant bonne conscience sur le fait que sa mission a été achevée avec sa défaite militaire ? Ou alors faut-il se battre pour réparer une injustice et une imposture pour conjurer cette espèce de malédiction qui plane sur le jeu politique camerounais qui avance avec un péché originel ?

Telles sont les réflexions qui chatouillent certaines consciences en ce jour où l'Union des Populations du Cameroun fête son 68e anniversaire dans une relative confidentialité. Pourtant la politique a commencé au Cameroun un certain 10 avril 1948 !
Ouest Echos : Michel Eclador Pekoua
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