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Si cette histoire est vrai, Abdallah Adamou est le champion des Fey Man du Cameroun... il a embrouillé tout le monde !

Selon les services spéciaux du Cameroun et de France, Abdallah Adamou est le présumé ciboulot de l'opération qui, en novembre 2013, avait jeté le prêtre français dans les fourches de Boko Haram.


 Antenne des renseignements généraux de Maroua, ce 08 avril 2016. Une chronique amère se raconte à voix basse. "En territoire camerounais, le Père Georges Vandenbeusch n'a jamais été enlevé par Boko Haram. La trame de ce rapt soumis à un plan d'embouteillage, a permis d'évacuer d'emblée l'hypothèse d'importants relais terroristes dans le pays. Tel un prestidigitateur, le nommé Abdallah Adamou, le chef de gang, avait subtilisé l'attention de tous".

Sous cape, un officier nous rapporte les résultats des investigations (coordonnées avec les services spéciaux camerounais et nigérians) de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de France (à laquelle la section antiterroriste du parquet de Paris avait confié une enquête pour "enlèvement et séquestration en relation avec une entreprise terroriste", après le kidnapping du prêtre français à Nguetchewé dans l'Extrême-nord du Cameroun, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013).

La voix aiguisée par une colère froide, celle que suggère ce rapport remis le 14 mars 2016 aux autorités françaises par la DCRI, le flic s'emporte: "Un seul oiseau ! Un seula pu rouler le monde entier !" Ce drôle d'oiseau dans le ciel du polar, c'est Abdallah Adamou. Natif du Mayo-Louti (Nord-Cameroun), cet homme de la quarantaine a imposé sa silhouette business dans l'Extrême-nord où il a grandi. Partout, il joue à fond cette carte. Sa voix, reconnaissable à son timbre légèrement éraillé, entretient un détachement constant par rapport aux gens de la " basse classe ". Bien plus, il a un catalogue hallucinant à son actif.

"Avec lui et par lui, Boko Haram a attaqué, tué, enlevé et quelques fois libéré", énumère des doigts l'officier, après une brève plage de silence. Depuis, une suspicion croissante s'est installée et a signé récemment la mise aux arrêts du célèbre manoeuvrier des libérations d'otages au Cameroun. Tonitruante, la nouvelle de sa capture a décroché la une des journaux du pays, il y a quelques semaines. "Nous avons été confortés dans cette arrestation par la confrontation des éléments obtenus à partir des enquêtes menées par le parquet de Paris et de celles menées par nos soins en interne. Tous retournent le couteau dans l'implication des nationaux dans les kidnappings de 2013  dans la région de l'Extrême-nord", apprend-on, ce 25 avril 2016, au secrétariat d'Etat à la Défense à Yaoundé.

Colossal

"C'est finalement une affaire tentaculaire ", balance un cadre de la cellule anti-terroriste du Bataillon d'intervention rapide (Bir) à Maroua. C'est que le soldat relève beaucoup d'invariants dans l'enlèvement du prélat français. Dans son propos, se croisent le temps qui a précédé l'annonce de la revendication, les repérages à Kourgui (près de Mora) et l'érudition du "négociateur attitré " du Cameroun auprès de la secte nigériane. Les mots effeuillent principalement le scénario mis en place par Abdallah Adamou pour enlever le curé principal de Nguetchewé : "D'après les témoins que nous avons auditionnés, ce monsieur avait été aperçu dans la ville (à Kourgui, NDLR) le mercredi 06 novembre 2013. Les indices dont nous disposons convergent tous vers une reconnaissance du terrain par l'intéressé et sa bande".

Recoupées auprès d'autres personnes dans la même bourgade, ces informations sont confirmées : "Nous l'avons vu, c'était le jour du grand marché. Il était accompagné d'un militaire", relate, à l'unisson, un groupe de commerçants. Ce "militaire ", devine-t-on, est "l'homme en treillis" qui a servi de guide à la quinzaine d'individus armés. Ceux-là même qui ont attaqué le presbytère de Georges Vandenbeusch. "L'opération a duré quarante minutes",
retraçait pour l'Agence France Presse (AFP), le Père Henri Djongyang, quelques heures après les faits. "Les hommes n'étaient pas masqués, l'un d'eux portait un treillis tandis que les autres étaient habillés en civils", brossait alors le vicaire devant les journalistes. Dans les milieux des renseignements de la région, on déduit qu'après avoir mis la main sur le sermonnaire français, commençait alors "le brouillage des pistes".  

Contre-pied

Selon le rapport de la DCRI auquel a eu accès l'antenne des renseignements généraux de Maroua, "le chéquier, l'ordinateur du Père Vandenbeusch et bien d'autres effets retrouvés sur la route du Nigéria, à Darlé précisément, avaient été abandonnés à dessein. Le temps pour les ravisseurs de mettre l'infortuné dans un endroit secret à Magdémé au petit matin, sur la Nationale N°1. Abdallah Adamou était présent. Pas en chair et en os mais par personne interposée. Reste que c'est lui qui avait identifié la cible, donné toutes les informations".

"Il est clair qu'à ce moment, la direction de Boko Haram ne pouvait pas revendiquer l'enlèvement du Père Vandenbeusch puisqu'elle n'avait pas encore "la marchandise", démontre, en choeur, un groupe d'agents de renseignements camerounais ayant travaillé sur le dossier à Maroua. Ils assurent que ravisseurs de Georges Vandenbeusch ont éparpillé de faux indices à la sortie ouest de Nguetchewé (plus proche du Nigéria) avant de fondre dans les montagnes de la sortie nord vers Magdémé.

Magdémé-Limani-Nigéria

Pour rallier la première ville à la seconde, le cadrage est serré. L'itinéraire, long de près de 100 kilomètres, est plein de bandes de soldats mobilisés par l'armée camerounaise. Dans cette zone montagneuse, les populations (chrétiennes et musulmanes) mixent le sujet Vandenbeusch et leur quotidien. Tout mouvement de personnes devenant suspect, les pistes entrelacées de la savane sont sollicitées. Seule option : la moto. Aliou, l'un des deux bergers cités dans le rapport de la DCRI, nous confie d'ailleurs les caractéristiques dudit engin roulant et de son équipage. "Trempés de sueur, deux des trois occupants de la moto neuve ne se couvraient pas le visage.

Leur prudence ne contrastait pas avec leurs outrances plus calibrées Il y avait un homme au milieu. Son visage semblait couvert de cirage ou de charbon. Celui-là avait des gangs noirs aux mains et un turban noir autour de la tête. Titubant entre lucidité et naïveté, il ne parlait pas. Les deux autres parlaient en haoussa". Comme on peut l'imaginer, "l'homme au milieu" n'était autre que le Père Vandenbeusch. Comme on peut l'imaginer aussi, les ravisseurs du prêtre français lui ont appliqué un maquillage. Certainement aussi, ils ont quadrillé ses prises de paroles, jusqu'à Limani. Là attendent Abdallah Adamou et le nommé Bama (réputé proche du premier, ce dernier est depuis fiché par les services spéciaux nigérians dans le cadre de plusieurs affaires de vols de voitures, dont l'une d'elles a été revendue à Cavaye Yéguié Djibril en 2007). Nous sommes le 15 novembre 2013 dans la nuit. Pour filer vers le Nigéria, et compte tenu du facteur temps qui joue dans un enlèvement, celui-ci doit faire l'objet d'une planification élaborée. Abdallah Adamou, qui ne franchit pas la frontière, a du "bon sens" dans ses politiques de casting.

Il charge Bama de conduire une voiture de marque Land Cruiser, à bord de laquelle prennent place le Père Vandenbeusch et quatre autres personnes. C'est l'itinéraire Bama-Maïdiguri qui est choisi. Quelques heures plus tard, Boko Haram revendique l'opération. "Pris comme tel, analyse le géo-stratège Joseph-Vincent Ntuda Ebode, cela montre que plusieurs personnes ont leur rôle à jouer dans une opération d'enlèvement avec séquestration. Plusieurs personnes jouent des rôles différents: assurer une surveillance des lieux, saisir la cible, effectuer une diversion, effectuer le transport de la personne séquestrée dans un endroit secret, surveiller la personne séquestrée, sans compter la planification et le contrôle de l'opération, la négociation et, si applicable, la distribution de la rançon".

En effet, la même personne ne peut à la fois faire les plans, saisir l'otage, conduire le véhicule, garder l'otage jour et nuit et mener les négociations. Pas de leader, pas de personnalité dominante, mais un ensemble où chacun existe fortement avec les autres. Et pour cet ensemble, le Père Vandenbeush est sûrement un bon produit : il est Français (la deuxième nationalité la plus enlevée au monde, derrière les Chinois et devant les Allemands, selon la journaliste française Dorothée Moisan, auteure de "Rançons : enquête sur le business des otages", publié chez Fayard ), et la France est solvable (elle aurait, à en croire le journaliste Olivier Ravanello de I>Télé, versé 5,1 millions d'euros contre le relâchement de la famille Moulin-Fournier en avril 2013).

Entre temps, les autorités françaises affichent leur perplexité. Romain Nadal, porte-parole du Quai d'Orsay, déclare ne pouvoir "se prononcer sur une piste en particulier". "Nous n'avons pas d'informations claires et définitives sur les motivations et l'identité des ravisseurs. On prend quelque risque en disant que c'est Boko Haram. Aujourd'hui, n'importe qui peut être tenté d'enlever un Français", ajoutet- il.

Top chrono

Le 20 novembre 2013, les tractations commencent. Selon une source sécuritaire rencontrée à Maroua, Abdallah Adamou "de retour au Cameroun ", devient l'aimant stratégique attirant toute la limaille politique et militaire du pays. Ce d'autant plus que jusqu'ici, il est parfait dans ce rôle massif et étoilé des libérations d'otages de Boko Haram. Il est sollicité par les autorités camerounaises via le "Lawan" d'Achigachia, petit village situé dans le Mayo-Tsanaga.


Cette source révèle qu'au cours d'une "séance de travail " avec le gratin militaire local, il a d'abord exhibé ses états de service avec la satisfaction d'une mission rondement accomplie comme envoyé très spécial dans une contrée à la fois mortifère et férocement intolérante : "J'ai couru de gros risque pour cette famille ! (les Moulin Fournier, enlevés à Dabanga le 19 février 2013 et libérés deux mois plus tard, ndlr)", confesse-til dans le cabinet du gouverneur de la région de l'Extrême-Nord. Awa Fonka Augustine, le patron des lieux au moment des faits, le taquine sur son business d'automobiles. "Je suis rentré de Limani le 16 novembre 2013, j'y étais pour régler un contentieux avec la douane ", répond-il, confus. Pour "brûler le sujet" au plus vite, il décrit seulement la scène des terroristes de Boko Haram se passant un bébé vivant en l'envoyant dans les airs, jusqu'à ce que l'un d'eux décide de le rattraper sur la lame de sa baïonnette.

Pour montrer la pénibilité de l'exercice qu'on lui demande, il raconte les chemins d'ossements humains qui mènent jusqu'à la base de Boko Haram (qu'il refuse de localiser, "pour ne pas mourir, selon lui"). Il averti sur la rançon qui doit être livrée en billets de banque dont l'authenticité sera minutieusement vérifiée par Abubakar Skekau luimême. Elle doit être versée dans les plus brefs délais, au milieu des restes de problèmes. Pour Abdallah Adamou, elle conditionne le OK du chef de Boko Haram (un texte manuscrit en haoussa, authentifié de son empreinte digitale trempé dans du sang humain). Comme lors de la libération de la famille Fournier, un cadre de la surveillance du territoire de Maroua, présent à cette "discussion", mentionne que, dans la foulée, le négociateur exige l'exclusion des agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). "Il a préféré travaillé avec le général israélien Maher Herez (le patron du Bir)", affirme le policier.

Integration.org : Jean-René Meva’a Amougou

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