Ce Cameroun sans lineamenta ne peut avoir d’aggiornamento ! Le paquebot en déroute a besoin du peuple Par Dr Vincent-Sosthène FOUDA
Il y a des moments où chacun d'entre nous se doit de prendre ses responsabilités face à l'histoire. C'est peut-être pour nous ce moment, le moment politique au Cameroun retient son souffle. La presse écrite même en trainant le pas a fini par relayer la non consommation du budget d'investissement au Cameroun alors que la croissance du pays est plombée à un niveau végétatif de 3% depuis 2011. Les accidents de circulation se succèdent sur nos routes, 115 accidents mortels dénombrés pour les six premiers mois de l'année 2016, des ponts entiers s'écroulent et ensevelissent des dizaines de passagers, des braquages en rodéo ont lieu dans les domiciles des ministres et autres directeurs généraux, le concours d'entrée à l'Ecole Nationale Supérieure de Police est une grande supercherie sans émouvoir qui que ce soit ! Bref, le devenir du Cameroun est sur les cartes postales et des photostops qui traduisent à suffisance l'état d'esprit qui est le nôtre collectivement aujourd'hui.
Les assassinats ciblés se poursuivent au nom d'une justice populaire, tout ceci dans l'indifférence de tous et de chacun. Le pouvoir actuel et ceux qui le porte à bout de bras sans véritablement l'exercer ou l'incarner montrent à la face du monde qu'ils sont dorénavant " un objet sans objet ", mieux un objet de musée que personne ne daigne visiter, une société à irresponsabilité illimité. Tout le monde sait déjà quand tout cecu va s'effondrer mais personne n'a le courage de le précipiter ; Aujourd'hui c'est un impératif, une nécessité, le gouvernement Yang et ceux qui le portent doivent rendre leur tablier. Le Cameroun est une somme de problèmes sans solution, il est acquis que la chronique des jours qui passent est un concentré de la décadence morale du pouvoir en place et de la coterie etoudienne à tous les niveaux de responsabilité.
Un gouvernement rend son tablier pour deux raisons généralement, soit il a atteint les objectifs qui lui ont été assignés soit il ne les a pas atteint. Pour le cas YangPhilémon, il est passé largement à côté du redressement économique qui était sa mission première. Ce gouvernement a ajourné sa propre feuille de route, paralysé tout le pays, produit un DSCE qu'il n'arrive pas à lire lui-même mais qui pose tout de même un diagnostic qui mérite qu'on s'y attarde.
Les 2/3 du Cameroun vont mal, très mal même et le Cameroun explosera si jamais ce gouvernement ne démissionne pas par simple principe républicain. Remettons en cause le mandat du ministre des transports dans les accidents qui endeuillent les familles dans l'indifférence totale du gouvernement camerounais, remettons en question le mandat du ministre des finances qui n'arrivent pas à donner aux ex-employés des 48 sociétés d'Etat liquidées ou restructurées ce qui leur revient de plein droit. Remettons en cause le ministre de la santé publique avec ses nombreuses casseroles, remettons en cause le ministre des domaines avec les problèmes des indemnités et leur longue file de prisonniers de la préfectorale ! Que nous reste-t-il donc de ce gouvernement ?
Le gouvernement camerounais est indéfendable, c'est ce que se confient en privé ses caciques et ses géniteurs. Ce n'est peut-être pas le plus grave, le plus grave est dans le fait que politiquement les 34 années de règne du renouveau ne soient pas défendables. Il est presque impossible de trouver un pays en Afrique qui en 34 ans a mis au chômage autant de ses concitoyens, créé si peu d'emploi, perverti la morale et l'éthique de sa population ! Très peu aujourd'hui accepte d'éteindre la bougie d'anniversaire, les masses, les courtisans incriminent le créateur et veulent tourner la page car ils découvrent que hier ils ont participer au démantèlement de l'économie en vendant les sociétés en pièces détachées, ils ont monté des dossiers pour envoyer leurs amis d'un jour en prison, beaucoup y ont perdu la vie et anéanti leur propre famille, chose plus qu'importante au Cameroun.
Après 10 ans en prison il n'y a plus ni avant ni femme qui vous attend à la sortie ! La jeunesse est dans la rue, dans la grande beuverie découragée et convaincue que sa génération n'aura jamais rien. Cette jeunesse humiliée en regardant de l'autre côté de la clôture sait que ses " maîtres " mentent et surtout qu'ils ne sont pas si heureux que cela.
Vivement la deuxième république
La première république, non je ne l'aime pas avec son cortège de mensonges. Ce régime bancal de soumission de la majorité par une infime minorité, dans son costume taillé sur mesure par un couturier on ne peut plus complaisant ! Depuis la disqualification de l'UPC du processus de construction de notre pays, oui ce sont les mêmes qui voudrait qu'on réponde au président de la république " Oui mon Général ".
Nous sommes dans le coup d'Etat permanent dans un cortège de misère comme ce fut le cas avec baby doc à Haïti car le Président Biya n'est pas Ahmadou Ahidjo et n'est pas non plus le Roi Christophe, il lui manque l'amour de son peuple. Le peuple camerounais doit prendre conscience qu'inviter le gouvernement à partir c'est donner un coup de main au président de la République et donner un coup de main c'est préparer l'avènement de la deuxième république dont nous ne pouvons plus faire l'économie. Il est nécessaire de mettre l'establishment en ballotage franc et massif, ceci avec fermeté. L'establishment doit comprendre que le peuple ne se nourrit pas de l'épervier et de ses victimes, que la construction d'un pays est un programme et comme tout programme il y a la conception et l'application. S'il n'y a pas de lineanta il n'y a point d'instrumentum laboris et au final on ne saurait avoir d'aggiornamento. Voilà pourquoi la catastrophe du régime sous lequel nous ployons depuis des années est de croire lui-même qu'il est dupe de bonne fois alors que chaque jour un peu plus il s'enferme dans sa propre hypocrisie.
Un jeune médecin en service à l'hôpital général de Yaoundé m'a interpellé il y a quelques jours et me demandait si la politique est un fait divers ? Mais que non mais les problèmes qui concernent les populations peuvent être des faits divers qui demandent des solutions politiques au risque de se transformer en véritable torrent qui emporte tout sur son passage. La bataille au sein du Conseil Electoral (ELECAM) n'est un fait divers mais un torrent qui emporte les espoirs d'une transition de raison dans notre pays.
Cette structure ne serait pas en mesure d'assurer même le service minimum – pourtant c'est un gouffre d'argent, l'argent que notre pays n'a pas ! Nous payons donc plus de 500 personnes pour leur égo, pour des batailles de cuisine, pour enterrer la République ! Ce qui est vrai à ELECAM l'est aussi au Ministère de l'Energie et de l'Eau, à la SOPECAM, à la CDE, à ENEO et où sais-je encore ? Le peuple est dans l'obscurité et sent mauvais parce qu'il ne peut pas s'éclairer et se laver. Nous nesommes donc plus au stade des propositions qui ont jusque-là rencontrées le silence de l'establishment, c'est au peuple de donner le coup de balais nécessaire pour que la maison soit propre et rangée. C'est cela la transition elle n'est pas un chaos mais une responsabilité citoyenne, c'est que j'appelle l'action agissante.
Le peuple doit chasser le gouvernement Yang en meute, donner deux mois au président de la république pour qu'il prenne conscience que nous ne le voulons plus, trouver une nouvelle équipe gouvernement tourner résolument vers le social. Il est de notre devoir républicain de ne pas nous auto-émasculer selon le dicton Ekang. Il nous revient d'être des soldats organisés pour agir ensemble sur les mêmes objectifs et ces objectifs-là sont sous nos yeux. Remettre alimentairement le Cameroun où il était en 1982, si nous ne pouvons pas faire mieux, car oui nous étions autosuffisants. Que les journalistes cessent de protéger celui qui les paupérise car il y a seulement dix ans, le budget du ministère de la communication était à 3 milliards et chaque délégué département de la communication sur les 49 départements que compte notre pays avait une enveloppe de fonctionnement de 1 million cinq cent mil francs qu'est ce qui justifie que dix ans après, avec une enveloppe budgétaire de 10 milliards les délégués se retrouvent avec 450 000 francs CFA ?
Pourquoi quand certains journalistes le dénoncent d'autres encensent un travail qui n'en est pas un ? Il n'y a pas plus au Cameroun une profession noble, les professeurs d'université sont paupérisés, les médecins clochardisés, les agriculteurs et les paysans humiliés, les commerçants affamés ! La mémoire collective est abimée, effacée ! Le silence du gouvernement, son jeu de cirque laisse pantois tant il est caricaturale de l'esprit de cynisme qui les hante plus qu'il ne les habite.
Les forces de défense nationale sont en alerte maximale, pourquoi ? C'est la panique à bord car le Boko El Haram tant craint, budgétivore n'est pas encore aux portes de la capitale dont nous savons tous que tant qu'elle respire c'est le Cameroun tout entier qui vit. Les ministres, les directeurs généraux, tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir parlent dans l'affolement après avoir espéré que le silence pur permettrait de passer entre les gouttes, c'est le cas de Basile Atangana Kouna, Edgar Alain Abraham Mebe Ngo'o, Martin Belinga Eboutou, Joseph Anderson Le, Louis Paul Motaze, Jacqueline Koung A Bessike et de Issa Tchiroma Babary.
Pourquoi Yang Philémon doit-il démissionner ?
La question devrait être renversée. J'ai esquissé une réponse plus haut. Sinon quoi ? Quelle est cette façon de ne pas pouvoir assumer quoi que ce soit ? Les réussites comme les échecs plus les échecs tout de même ! Le Premier Ministre doit assumer devant la société camerounaise l'échec de son plan économique. C'est un échec suprême de ne pas inscrire les projets du président de la république dans les faits. Cela dure déjà et la session parlementaire en cours n'aurait dû s'ouvrir qu'avec une nouvelle équipe gouvernementale ! Mais le président de la République est loin du pays ! Si le président de la république ne demande pas au premier de ses ministres à lui donner sa démission, il se tire lui-même une balle dans le pied au point de se sectionner l'artère fémorale avec donc risque de se vider en très peu de temps de tout son sang. L'échec de la mise en musique des directives du président de la République incombe au chef d'orchestre en premier. Personne vous me direz n'a voulu l'échec ou la non mise en musique des directives du président de la république, c'est justement au nom de cette logique que nous devons nous demander pourquoi il y a échec si personne n'en a voulu. C'est donc bien une incompétence de ne pouvoir mettre en musique une partition que l'on a entre les mains. Tout autre raisonnement produit pour dégager l'incompétence de l'équipe gouvernementale va emporter le chef de l'Etat lui-même.
Qui à son domicile accepte ce que nous vivons aujourd'hui dans nos domiciles respectifs ? Qui accepte que dans certains départements de notre pays le budget d'investissement ne soit consommé qu'à 15% ? Que des investissements commencés à deux mois de la fin de l'exercice budgétaire ne soient réalisés qu'à 10% ?
Qui accepte que dans la mouture du Code de la Famille proposé, il soit reconnu le caractère universel de la famille qui légalise de fait l'homosexualité et la gestation pour autrui dans notre pays ? Qui peut comprendre la fin de la parenté dans notre pays ? Qui comprend que le ministre de la justice s'enferme dans son bureau avec deux ou trois magistrats pour proposer au peuple un nouveau Code Pénal sans consulter les autres corps liés à la justice, les avocats, les huissiers, les notaires ?
Le pouvoir est au peuple
Le pouvoir est au peuple par et pour le principe qu'il est le seul à savoir et à déterminer ce qui est bien pour lui. La loi du nombre est donc au-dessus de la minorité régnante même si à un moment donné cette minorité a reçu mandat du peuple. Il est légitime et légal que la majorité conteste ce qui est fait par la minorité régnante. Toute la démocratie repose sur l'évolution de ce nombre, sur ses positionnements. La démocratie n'est pas basée sur la qualité des individus mais sur leur nombre, c'est le nombre qui crée la puissance, c'est le nombre qui produit, provoque une transformation qualitative et des individus qui constituent le groupe. Yang n'est donc pas indispensable, il est changeable avec l'ensemble de son gouvernement par la seule et unique volonté du nombre c'est-à-dire du peuple et le président de la république gagnerait à l'écouter. Le gouvernement Yang par ses méthodes de gouvernance a retourné l'asymptote de croissance des camerounais vers moins l'infini au point de nous donner une image négative de nous-mêmes alors qu'il aurait dû oeuvrer à changer notre situation sociale. Je parle ici des sujets plus profonds comme comment savoir et déterminer ce que les individus que nous sommes perçoivent d'eux-mêmes ?
Ceci ne peut se faire que dans un univers global. Nous voulons d'un gouvernement qui place l'homme au cœur de sa politique et de son action qui tienne compte de l'environnement, de la protection de nos cours d'eau, de notre forêt, de notre faune, nos forêts surexploitées doivent être reboisées. Il faut un Observatoire Nationale des Forêts, de la Faune et de l'air et de l'eau dans notre pays, c'est un travail que ne parvient pas à faire le ministère de l'environnement ! Nous voulons d'un gouvernement qui se préoccupe du futur de la jeunesse camerounaise et non qui se préoccupe de son propre devenir centré sur la gestion de carrière de ses membres. Nous voulons d'un gouvernement tourner vers le savoir endogène parce que l'objectif premier de l'éducation est de répondre aux questions qui se posent à notre milieu de vie et d'avoir la capacité de les anticiper. Voilà un autre échec du gouvernement Yang qui ne donne point à la jeunesse les clefs de lecture du monde de demain. « Les historiens des techniques défendent en effet l'idée selon laquelle les outils complexes ne sont jamais inventés spontanément mais résultent de l'accumulation successive de nombreux changements mineurs. "1 Dès lors, «ce processus, nommé culture cumulative, nécessite les innovations produites par un individu soit transmise àd'autres individus." Le mécanisme de cette transmission, puis celui de la capacité à accumuler les savoirs au point qu'ils constituent une base de nouveaux savoirs plus complexes, est le moment essentiel du phénomène dont nous parlons c'est-à-dire l'éducation. Commençons par voir comment cela fonctionne. Ce processus est tué au Cameroun par cette équipe même si elle n'a pas fait pire que les précédentes. Le Cameroun ne mise plus que sur les talents individuels ; les génies pour se bomber la poitrine dans un pays qui a misé sur l'éducation de masse !
Qui le ne voit pas ?
L'émergence de techniques complexes ne peut être expliqué à soi seul, ni par l'intelligence individuelle, ni par le mécanisme d'apprentissage social. « L'explosion culturelle du paléolithique supérieur n'a pas été homogène ni dans l'espace ni dans le temps. Cela suggère que la complexification culturelle ne résulte pas directement de l'apparition soudaine de capacités individuelles spécifiques, et que d'autres facteurs sont susceptibles de déclencher l'émergence ou la disparition de pratiques culturelles complexes. " Si nous ne reformons pas l'école, alors oui il ne nous sera pas possible d'avoir des ouvriers qualifiés demains, nous ferons de la médecine générale mais nous ne comprendrons pas la complexité du corps humain donc ne pourrons jamais pratiquer des chirurgies complexes. Nous ne comprendrons pas les nouvelles maladies qui surgissent tous les jours si nous ne sommes pas capables de soigner celles déjà plus anciennes.
Nous devons donc non pas essayer mais passer à autre chose de plus vrai avec des hommes et des femmes qui se sentent impliqués dans le futur et dans le devenir du pays et de ses hommes. Ce ne sera pas avec l'équipe gouvernementale actuelle. Cette équipe quoi qu'elle fasse et dise est au bout de son cycle de vie, elle ne peut pas se régénérer car plus un groupe est petit (ils le sont par rapport à la masse que nous sommes) plus la chance que celui-ci assimile les connaissances complexes est faible disons nulle. C'est la raison pour laquelle l'eau finit toujours par faire céder la digue.
Le président Biya a encore une marge de manoeuvre infime mais elle existe et il se doit de la saisir s'il veut sortir par la grande porte de l'histoire des peuples et des Nations.
Par Dr Vincent-Sosthène FOUDA Socio-politologue
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