Entre l’oeuf et la poule… par Pauline Poinsier-Manyinga
On dit que le poulet que nous consommons à Yaoundé, Ebolowa, Bafoussam et Dieu seul sait où encore, serait désormais, impropre à la consommation, et donc, inapte pour la santé. On dit que ce poulet-là est contaminé par la grippe aviaire, et que cette grippe aviaire-là, ôter la vie à l'homme ! Voilà pourquoi, depuis quelques jours, la côte d'alerte a été atteinte.
Voilà pourquoi chaque matin en se réveillant, les Camerounais s'attendent à entendre que c'est leur localité, leur ville, leur village, qui se retrouve désormais en mauvaise posture dans cette curieuse échelle de Richter, avec l'ordre de l'administration de démolir tous les poulets de la ville, de la région, du village, de la localité ! Il se rapporte que dans les zones déjà infectées par le fléau, les fonctionnaires chargés de mettre à exécution ce plan d'action font dans le zèle lourdaud, comme d'habitude, et avec une mauvaise joie évidente! A Bafoussam, Ebolowa, ces fonctionnaires-là ne se sont pas contentés de calciner les poulets ou les élevages de poulets : avec un malin plaisir, ils s'en sont pris aux biens des commerçants, saccageant les étals, les cages, détruisant les bancs, les hangars etc.
Toujours, avec le même plaisir malsain. Pourtant, les ordres de la hiérarchie étaient clairs : détruire les poulets, et désinfecter les zones concernées. Mais la casse est certainement, la nouvelle forme de désinfection administrative Le plus curieux, c'est que ces mêmes personnes si promptes à détruire les espoirs des commerçants ou des éleveurs soient, comme frappées d'amnésie, quand il s'agit d'agir avec intelligence sur la base de la cause à effet. En effet, si les poulets sont frappés d'interdiction, que faiton des oeufs ? C'est aussi simple que çà ! On n'entend que très peu, ou alors pas du tout, parler des oeufs !
Ces oeufs que les poules, avec l'appui des coqs conquérants, pondent. Ces oeufs qui en couvant, produisent des poussins, ces poussins qui nous donnent de ce merveilleux poulet dont nous sommes tous, si friands ! Très sincèrement, comment peut-on jeter la pierre au poulet, tout en continuant à couver avec des yeux les oeufs qu'ils ont pondus? Ces oeufs-là ne sont-ils pas un danger pour la santé, notre chère santé ?
Jusqu'à présent aucun communiqué officiel n'interdit nulle part, les oeufs à la consommation. C'est donc sans stress que les boulangeries-pâtisseries aussi bien à Bafoussam, Ebolowa, Yaoundé etc., continuent de vaquer consciencieusement à la fabrication de gâteaux.
Les restaurants proposent des omelettes, ou des salades garnies d'oeufs durs. Des marchands d'alvéoles se prêtent volontiers au jeu de questions- réponses pour essayer d'expliquer à la télé pourquoi les oeufs, malgré tout, restent chers. Ailleurs, ce devrait plutôt être la débandade ! Dans un pays qui se respecte, le commerce du poulet et des oeufs ne devrait plus faire son plein d'oeuf Pas en ce moment précis.
Les citoyens devraient être plus méfiants ! Ce sont des vies qu'on expose. L'oeuf et la poule sont voués au même sort. Depuis la nuit des temps, les sages s'interrogent : d'où vient la poule ? De l'oeuf ! D'où vient l'oeuf ?
De la poule ! Et inlassablement. Les ovipares mine de rien, nous renvoient à ne pas sous-estimer les limites de notre propre savoir. Prétendre connaître la réponse, c'est comme d'essayer vider la mer dans un trou creusé à même le sable de la plage
En d'autres termes, entre l'oeuf et la poule, il ne faut pas mettre le doigt
Le Jour : Pauline Poinsier-Manyinga
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