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Sur les traces des prostituées de luxe à Yaoundé par Rosine Ntolo

Tenir compagnie à des hommes fortunés contre rémunération est le quotidien atypique de ces prostituées de luxe.

Tout commence à 8h au quartier Mimboman, précisément au lieu-dit Terminus. Une image anodine capte d'emblée toutes les attentions, ce mardi 4 octobre 2016. Une femme, la trentaine environ, habillée en tenue légère est assise toute somnolente sur la rive d'un caniveau. Ses poignets et ses chevilles présentent des lacérations. à ses côtés se trouve un téléphone portable dernier cri.

Une posture qui suscite interrogations et commentaires. "C'est encore une prostituée que le jour a surpris au carrefour. Donc il n'y a rien d'intéressant là", lance un passant. Approchée, celle que nous nommerons Blandine (pour des raisons de confidentialité) déclare : "J'ai passé la soirée à Royal Hôtel (un établissement hôtelier situé à la montée Ane Rouge dans la capitale camerounaise), avec un homme en tenue, un Colonel. Nous avons bu. Je pense avoir été droguée car, je ne me rappelle plus la suite. Je sais juste que je me suis réveillée le matin, mes dessous avaient disparu. Menottes aux poignets et aux chevilles, ce n'est que grâce à une femme de chambre que j'ai pu me libérer. J'ai marché jusqu'ici à pied", se lamente-t-elle.

Blandine n'avait pas fini ses propos qu'une voiture de luxe, de couleur rouge fuchsia et de marque Toyota, se gare. à l'intérieur, quatre femmes, celles qu'on appelle communément les "filles de l'heure". Toutes arborent des tenues qui laissent entrevoir des parties de leurs corps fuselés. L'une porte par exemple une courte jupe en cuir de couleur rouge, un collant quasi transparent et une chemise courte manche de couleur blanche renouée par un noeud laissant ainsi visible le ventre et les seins. Aux pieds, elle arbore une botte à talon aiguille en cuir.

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Elles descendent du véhicule et volent au secours de Blandine. Elles l'escortent jusqu'à l'automobile, d'un pas lent et mesuré. Une situation intrigante qui pique la curiosité du reporter. En vue de comprendre la manoeuvre, nous décidons de parler avec la plus âgée d'entre elles. Pressée et visiblement irritée, la "doyenne", comme on l'appelle, nous balance une carte de visite sur laquelle on trouve évidemment ses cordonnées.

Elle croit naturellement être en présence d'une jeune fille intéressée. Une proie facile. Une fois le contact établi, la toute première conversation nous renseigne sur le fait qu'il s'agit là d'un réseau d'escorts girls bien implanté dans la ville de Yaoundé. En français facile, il s'agit des filles qui choisissent de tenir compagnie à des hommes fortunés contre rémunération. "Ma fille, tu es très belle et surtout naturelle. Tu as beaucoup d'atouts : tu es naturelle, tu as une très belle peau, un visage d'ange et tu dégages une très bonne aura que les personnalités aiment de nos jours. N'as-tu jamais pensé à utiliser ton charme pour te faire beaucoup d'argent?", nous demande-t-elle.

Nous  acceptons alors de jouer le jeu et nous nous lançons dans l'aventure. Josepha, celle qui nous prend sous son aile, est visiblement la patronne d'un véritable "réseau" où sexe et autres prodigalités règnent en maîtres. équipée de quatre ordinateurs en réseau, neuf téléphones portables, treize adresses internet et trois lignes téléphoniques, Josepha gère d'une main de fer son "business". Qui a été mis en place depuis bientôt quatre ans dans son domicile de Bastos (quartier chic de la capitale), qu'elle partage avec sa troupe. Un groupe composé d'une trentaine de filles dispatchées par secteurs. Celles-ci proposent, sous divers pseudonymes, de tenir compagnie à des hommes "friqués " contre rémunération. Derrière un bureau, tel un directeur d'une administration centrale, le patron des lieux orchestre les allées et venues de sa troupe.

Aucun moyen n'est laissé au hasard pour attirer le maximum de clients. Notamment un groupe Whatsapp (un réseau social disponible sur téléphone portable), qui est une vitrine à la fois publicitaire mais beaucoup plus un instrument de transmission d'informations. "Bonjour, Tindel, longs cheveux blonds yeux bleus. J'aime votre savoir-vivre, votre maturité, votre connaissance de la vie. Pour vous messieurs de plus de 40 ans. Seniors bienvenus. Tarif heure 15.000 FCFA, tarif soirée 30.000 FCFA, tarif week-end 100.000 FCFA à 300.000 FCFA", peut-on lire sur l'un de ces groupes. La quinquagénaire propose également des albums photos de ses filles. Le carnet d'adresses est ahurissant. Les hommes politiques, les enseignants, les artistes, etc. se comptent parmi ses clients. Une clientèle que Josepha tient à entretenir. Pour cela, elle veille au grain et scrute méthodiquement les sorties et rentrées de ses filles.

Punition

Il est 17h et Pascaline (27 ans) vient de recevoir un message de son "boss", lui précisant son itinéraire de la soirée. Elle doit rejoindre un client pour passer la soirée. Une telle soirée se peaufine avec minutie. Il faut se pomponner. "Je dois être très belle et surtout sexy, car le vestimentaire compte beaucoup pour arriver à soutirer le maximum d'argent au client", explique-t-elle. Le cap est mis sur l'Hôtel des députés. Elle est reçue par un client en costume-cravate, la quarantaine sonnée. Il se présente comme étant François. Un nom de code naturellement. Parce qu'ici, il n'est pas important de connaître les noms réels des uns et des autres.

Tout se passe dans l'anonymat. Après les commodités d'usage, une hôtesse apporte des rafraîchissements, du whisky, des glaçons et des jus naturels qui accompagneront la conversation tout au long de la soirée. Sur la table, les deux tourtereaux se dévorent des yeux. Aucune information ne laisse filtrer sur le contenu du sujet des échanges. Seuls, les gestes langoureux, les regards perçants et les éclats de rires feutrés expliquent que tout semble marcher comme sur des roulettes.

Une fois le contact établi, il est temps de passer aux choses sérieuses. Direction la chambre d'hôtel, les câlins et caresses des tourtereaux impatients au couloir, renseignent sur la nature des activités qui vont s'y dérouler. Deux heures plus-tard, Pascaline rejoint la direction du réseau au quartier Bastos pour une mise au point. "ça s'est bien passé", lance-telle en direction de la patronne et des autres filles présentes. C'est également l'occasion de dresser les points positifs et négatifs de la virée. Un débriefing grandeur nature ! Pascaline en profite pour déplorer l'excentrisme de son client. "Comme d'habitude, François a demandé à m'attacher mais j'ai rejeté sa demande", murmure-telle.

En effet, les filles ne sont pas obligées de coucher avec les clients, apprend-on. Elles le font en fonction des affinités et des liens tissés avec les habitués de la maison. Comme dans toute entreprise, il faut se soumettre au règlement intérieur en vigueur. Les sorties en dehors des heures de travail sont rares, 08h-17h exclusivement. Ce temps est mis à profit pour divers soins de beauté. Le motif de punition ultime pour ces prostituées de luxe ?

être déclarée enceinte ou malade après la visite médicale, obligatoire. "Il faut que la qualité et la régularité du produit ne souffrent d'aucun aléa", apprend-on. à l'observation, étudiantes ou ménagères le jour  elles sont nombreuses qui une fois la nuit tombée sont des prostituées de luxe à Yaoundé. Toutes espèrent trouver le bon "filon" pour pouvoir subvenir à leurs besoins. La misère qui frappe la jeunesse camerounaise n'est pas le seul motif de cette dépravation. Le choix des raccourcis et de la facilité poussent davantage les jeunes filles à emprunter ces chemins de traverse.

Mutations : Rosine Ntolo


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