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Voici ce que veulent les Anglophones du Cameroun par Jean-Marc Soboth

Résultat de recherche d'images pour "Jean-Marc Soboth"Depuis plusieurs semaines, une série des manifestations populaires embrasent les villes anglophones du Cameroun dont Bamenda, Buea, Kumba… Des morts sont déjà tombés sous les balles des forces de l’ordre. On n’avait presque jamais entendu parler des Anglophones dans ce pays considéré comme ancienne colonie française. Au fait, qui sont les Anglophones du Cameroun?

Jean-Marc Soboth: Les Anglophones sont nos frères du protectorat allemand qui, après la première guerre mondiale et les accords Versailles en juin 1919 furent confiés par la Société des Nations (SDN, future ONU) à deux des puissances ayant théoriquement remporté la guerre, en l’occurrence la Grande Bretagne et la France. C’était un régime de mandat et ensuite de tutelle à la deuxième guerre mondiale. Juridiquement, ce pays n’a jamais été une colonie ni française ni britannique. Les puissances européennes devaient restituer le territoire tel quel, après en avoir préparé les populations à l’autodétermination, mais aucune ne l’a fait. On a notamment fait du British Southern Cameroons une entité étatique qu’on a obligée à s’associer soit au Nigéria soit au bloc français à l’indépendance.
Le protectorat allemand avait été saucissonné et réduit drastiquement comme il est de coutume dans l’histoire des possessions coloniales. La France s’est frauduleusement arrogée des pans entiers du territoire de la Deutsche Kolonie Kamerun qu’elle a intégrés à ses colonies voisines du Gabon, du Congo, et de l’Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine). La France y a pratiqué l’indigénat (travaux forcés, etc.) le plus rude alors qu’on faisait croire à une œuvre civilisatrice.
De leur côté, les Britanniques ont choisi le site stratégique du Mont Fako où se trouvait d’ailleurs la capitale allemande, Buea.

Pour faire court, il y a donc eu l’indépendance du Cameroun français en janvier 1960. Elle a été obtenue de haute lutte par de brillants nationalistes ayant à leur tête le syndicaliste Ruben Um Nyobè. Au Southern Cameroons britannique, l’ONU a initié un référendum en février 1961. On leur a imposé deux alternatives : se rallier au Nigéria où ils étaient déjà ou s’associer aux frères du Cameroun français. Préparés par Um Nyobè, ils choisirent la réunification avec leurs frères et sœurs du Cameroun français. Ce faisant, la plus grande partie d’entre nos compatriotes qui étaient dans le Nord (Northern Cameroons ou Cameroun septentrional) s’en allèrent au Nigéria provoquant ainsi le premier contentieux à la Cour Internationale de Justice entre le régime Ahmadou Ahidjo et les Britanniques. Aujourd’hui les Anglophones représentent 20% de la population, donc entre 4 à 5 millions de personnes.
Les Anglophones exigent le retour à l’État fédéral institué en 1961 mais qui a pris fin avec le processus référendaire de mai 1972. Ce retour en arrière n’est-il pas un recul dans l’histoire du Cameroun?
Là, vous inversez les rôles. Le recul c’est plutôt la création d’un État unitaire inutile et, entre autres, la suppression d’une des deux étoiles du drapeau qui marquaient les retrouvailles de 1961.. Les étoiles symbolisaient un précédent historique mais aussi le fait que la grande majorité des nos frères du Kamerun allemand nous avaient été arrachés soit par la France, soit par la Grande-Bretagne avec l’autre référendum de 1961 au Northern Cameroons.
Les Francophones ont toujours l’impression que leurs compatriotes anglophones sont revenus au bercail comme on revient chez ses parents sans aucune procédure juridique. Ils croient qu’il suffit de se répéter que « le Cameroun est un et indivisible » face à des compatriotes qu’ils ne fréquentent pas. Ce qu’on oublie c’est qu’il y a eu des accords qui ont abouti à la mouture fédérale de 1961. Il y a eu des garde-fous juridiques. On ne devait pas toucher à l’intégrité de la fédération. On ne devait se retrouver ni à la Francophonie ni au Commonwealth, etc. Où en est-on aujourd’hui? Comme dans tous les États fédéraux du Monde, les États fédérés bénéficient d’une importante autonomie locale avec un premier ministre, un gouvernement élu; il y avait le président fédéral comme aux États-Unis. Le pouvoir fédéral s’exclut de la gestion locale.
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La loi référendaire de 1972 a tout centralisé à Yaoundé. Il semble que c’était pour permettre à la firme française Elf d’exploiter le pétrole découvert au large du Rio Del Rey sans devoir rendre de compte à un État fédéré anglo-saxon trop indépendant. La date de l’État unitaire qui en a résulté est frauduleusement qualifié de réunification. On a oublié la vraie réunification qui s’est faite en février-octobre 1961. On a jeté les accords à la poubelle, ainsi que me le disait l’artisan de la réunification John Ngu Foncha avant sa mort. Personne ne s’en souvient plus. Dans un pays où il n’existe aucun juge de l’inconstitutionnalité, où les Francophones sont dépolitisés, tout est passé comme lettre à la poste. La vérité que nul ne veut entendre est que l’État unitaire dans ce pays est une escroquerie; il est nullum ab initio. Il est inconstitutionnel. La date du 20 mai est une spectaculaire imposture au regard des accords de 1961 qui interdisaient toute manipulation de la majorité démographique francophone contre l’intégrité de la fédération.


Vous pensez donc qu’un retour à l’État fédéral à deux États sur une base uniquement linguistique est censé régler cette question?
Le retour à l’État fédéral est l’étape nécessaire et suffisante pour permettre à l’ancien État fédéré de sauvegarder ses droits fondamentaux. Libre aux Francophones de multiplier le nombre des États fédérés. Je ne vous apprends pas que les plus puissants du Monde, États-Unis, Russie, Canada, Brésil, Chine, Grande Bretagne, Allemagne, etc., sont tous des États fédéraux.
L’État unitaire est par essence dictatorial compte tenu de la masse de pouvoirs entre les mains d’une seule personne. Je répète : tout a commencé par la fin de l’État fédéral. On a jeté entre les mains d’une poignée d’administrateurs coloniaux francophones nègres ne rêvant que de Côte d’Azur un État fédéré de culture différente. Leurs us et le respect de l’autre y furent à mille lieux des indigènes de la France où le président de la République et l’appareil administratif écrasent la population. En 50 ans d’association, le bilan est désastreux : le West Cameroon a été décapité, démantelé... Ils avaient presque tout : gouvernement élu, réseau électrique et routier, ports, aéroports… Tout cela n’existe plus. L’un des paradigmes récents de la dévastation est l’Université de Buea. C’était un fleuron du monde universitaire. Les « gens de Yaoundé », à partir de leurs bureaux, ont progressivement saccagé cette institution...

En ce moment où les Africains parlent de panafricanisme et de réhabilitation de la culture africaine, ne trouvez-vous pas un peu étranges ces revendications à contre-courant de l’histoire du continent? Les Francophones le leur reprochent apparemment…

Les Anglophones sont aussi panafricanistes que tous les vrais Africains. Il est clair que les Francophones le sont moins en Afrique. Les Britanniques ont pratiqué chez eux le Indirect Rule consistant à renforcer les capacités traditionnelles et les ressources locales. La France, elle, pratiquait le Direct Rule induisant un centre de décision unilatéral du colonat et de la Métropole. Les indigènes de la France n’étaient que de la main d’œuvre gratuite vouée à l’assimilation et à l’illettrisme. Leurs langues « vernaculaires » étaient interdites dans les lieux publics et ils n’avaient droit qu’à l’enseignement primaire. Il en a résulté des individus acculturés, tous soi-disant descendants de Gaulois, n’ayant pour seul horizon que la France, sa culture, sa puissance, à l’instar des Antillais... L’intelligentsia francophone en est le fidèle reflet... Par exemple, les Anglophones n’ont jamais compris que la monnaie soit française et que cela ne pose aucun problème aux Francophones. Ils trouvent cela inconcevable. La France décide de presque tout, avec l’accord de tous. On a hérité de la France l’irrespect de l’indigène et la sublimation de l’autorité issue du modèle napoléonien…

Les revendications des avocats et celles des enseignants correspondent-elles à ce que vous décrivez?
Les avocats remettent en question la mise en œuvre du nouveau code de procédure pénale qui reconduit des juges issus du système du droit civil français en territoire du Common Law. La philosophie de la présomption d’innocence ou des droits de la défense y est différente. Le système français est plus répressif. Les enseignants veulent un système cohérent. Depuis toujours, les livres du secondaire francophone viennent de France où ils sont édités par le groupe Lagardère... Les Anglophones trouvent ridicule de devoir être dirigés par de tels « frères ». Le chef de l’État qui est Francophone ne s’est presque jamais exprimé en anglais et au grand jamais dans une des langues locales. Il vit la plupart du temps à Genève et ne visite aucun autre pays africain. Les Anglophones ne croient dans le panafricanisme des tels Africains.
Les manifestants de Bamenda ont brûlé le drapeau. Le plus effrayant a été, pour beaucoup, l’érection du drapeau d’une certaine République sécessionniste d’Ambazonie. On a vu des armoiries, des cartes d’identité et passeports de cette Ambazonie. C’est de la haute trahison. Quel est votre avis sur la question?
Bien évidemment, aucun patriote ne peut applaudir lorsqu’on brûle le drapeau. Mais figurez-vous que dans un État de droit, on ne juge pas les gens sur la base de la colère et de l’émotion. On juge avec des lois. On ne condamne que sur l’énoncé d’une loi qui existe. Lorsque nous étions en fac de droit, on nous a appris la locution latine: Nullum crimen nulla poena sine lege... Si vous voulez condamner des gens qui brûlent ou piétinent le drapeau, il faut légiférer. Il ne faut pas laisser les forces de l’ordre faire la justice.
J’ai publié récemment sur Facebook des photos où des vétérans américains, et pas des moindres, brûlent la bannière étoilée. Or on le sait, le législateur américain n’est pas aveugle. Les États-Unis sont un pays qui a plusieurs siècles et construction pénale mais personne n’a jamais jugé utile de jeter en prison ou de torturer ceux qui brûlent le drapeau. Ce n’est que récemment que le nouveau président Donald Trump suggérait des sanctions à l’égard de ceux qui en avaient déjà fait un sport.
S’il vous était personnellement donné de légiférer sur la question des sanctions aux personnes qui brûlent le drapeau national – ce qui constitue quand même un acte grave -, que feriez-vous?
S’il m’était donné de légiférer sur la question, je me poserais d’abord des préalables. On ne dit jamais aux Camerounais que le drapeau tricolore à trois bandes verticales vert-rouge-jaune, tel qu’on nous l’a offert, ne provient ni de 1961 ni de 1972. C’est le drapeau colonial français tel qu’adopté par l’Assemblée législative du Cameroun (ALCAM) le 10 mai 1957. C’est un drapeau colonial, je répète. Qu’on le sache ou pas, il est un puissant symbole de la colonisation comme les monuments Leclerc, De Gaulle, etc. On avait ajouté deux étoiles au drapeau en 1961. On en a soustrait une en 1972. Le décret du président Biya datant de 1984 a supprimé tous les derniers symboles de la réunification. L’on s’est retrouvé tout bonnement avec notre bon vieux drapeau colonial français.
Ce n’est pas notre drapeau même si on en est habitué. Point. On le défend comme on défend la langue française et le franc Cfa. Ce drapeau symbolise notre fidélité au colon français. Le nom de notre pays provient, lui, d’une caricature portugaise sur un comptoir atlantique où ils pillaient, tuaient et expédiaient nos ancêtres vers les enfers américains. Nous devons célébrer nos vaillants résistants à travers notre drapeau, nos rues, avenues, édifices, vestiges, monuments... Dans nos traditions, on a coutume d’exorciser la mort violente, les souffrances des ascendants, les âmes disparues en exils forcés... Autrement nous nous accrochons à notre propre malédiction. En terme symbolique, avant de sanctionner quiconque, je ferais d’abord le deuil de nos ancêtres, de nos héros, en leur offrant la place qu’ils méritent dans leur terroir…
Revenons-en aux sécessionnistes… Vous semblez dire qu’il n’y a pas, dans le cas actuel, infraction de haute trahison à vouloir faire exploser le territoire national avec des faits concrets comme le fait de prôner publiquement la partition du pays et de hisser un drapeau…
Il n’y a aucune incohérence là-dedans. Les sécessionnistes n’ont jamais été majoritaires dans cette partie du pays. Les Anglophones ne croient pas en la sécession, de la même manière qu’ils ne s’habituent jamais à la violence des forces de sécurité. Les majoritaires y sont fédéralistes. A contrario, je peux vous garantir que personne n’y est pour l’État unitaire, copié dans le modèle constitutionnel français de 1958. Il y a longtemps que les Anglophones mènent un débat très intense sur la question de la forme de l’État entre le séparatisme et le fédéralisme. C’est un débat essentiellement conceptuel. Rien à voir avec les plates insultes et menaces de représailles des Francophones. Ils en discutent dans des groupes Internet sous le nez des Francophones qui, eux, ne font aucun effort pour lire et comprendre afin d’y prendre part. Les Francophones n’y parlent, eux, que de leurs diplômes ronflants et de prouesses en terme d’accumulation des biens matériels, d’enrichissement personnel… C’est un dialogue de sourds total. La plus grande incompréhension réside donc dans le fait que les Francophones sont massivement ignorants. La majorité pense que État unitaire signifie intégrité du territoire tandis que fédéralisme signifie partition. 
On évoquait tout à l’heure le projet séparatiste de l’Ambazonie… Il s’est souvent dit qu’il s’agit d’une provocation planifiée voire sponsorisée…
Sponsorisée par qui? Le président Paul Biya est un bras séculier de la France qui, elle, a un deal non écrit avec ses homologues permanents du conseil de sécurité de l’ONU. Je comprends que l’on soit effrayé en découvrant drapeaux et emblèmes de l’Ambazonie. Et vous avez bien remarqué que ça n’impressionnait pas les Anglophones qui, eux, tiennent à l’unité. Pas à l’État unitaire. Savez-vous pourquoi? C’est parce que les sécessionnistes du SCNC (Southern Cameroons National Council) qui promeuvent l’Ambazonie sont actifs depuis 1989. Cela fera bientôt 27 ans. C’est un mouvement connu dans le système des Nations Unies où il tente toutes sortes d’actions pour atteindre ses objectifs. Mais je vous l’ai dit tout à l’heure, les Anglophones ne sont pas intéressés par la sécession. La présence du SCNC est néanmoins un argument puissant de négociation. Le Cameroun n’est donc pas maudit par la présence du SCNC. Comme tous les mouvements indépendantistes du Monde, le SCNC nourrit son projet. Le passeport de l’Ambazonie n’est reconnu nulle part même s’il effraie les Francophones. Ce n’est qu’un spécimen. Ne craignez pas qu’on en obtienne un visa. Ça corrobore ce que je disais tout à l’heure. Les Anglophones sont plus avancés que les Francophones dans le débat politique.
Des pays comme les États-Unis, le Canada, la France, etc., ont chacun une dizaine de mouvements séparatistes sans se sentir maudits ou « hautement trahis » même si la différence notoire est qu’ils ne risquent pas qu’une puissance occidentale en profite pour venir bombarder et diviser. Des drapeaux et autres emblèmes séparatistes, il y en a chez les Basques, les Alsaciens, les Bretons, les Corses, les Franc-comtois, les Languedociens, les Normands, les Picards, les savoisiens, les Guadeloupéens, les Martiniquais… Ils hissent leurs drapeaux partout où ils veulent. On n’a accusé personne là-bas de haute trahison. On n’a torturé ou tué personne. En cas de trouble à l’ordre public ou de menaces sur les biens, les forces de l’ordre font leur travail. En cas de terrorisme, les forces compétentes font leur job. Les tribunaux de droit commun s’en saisissent. Aux États-Unis, il y a des mouvements indépendantistes dans le Vermont, à Hawaï, en Alaska, dans le Lakota, à Porto-Rico… L’Inde en compte plusieurs dizaines.
Il faut amener ces mouvements à être légaux et leur permettre de travailler à visage découvert au lieu de réciter les formules stupides d’unité et d’indivisibilité dans un contexte de répression. Cela se passe ainsi au Canada par exemple. Et vous verrez qu’ils ne pèsent d’aucun poids. Ils ne deviennent importants que tant qu’ils sont interdits et réprimés.
Vous insistez sur l’idée que les Anglophones sont avant-gardistes par rapport aux Francophones. Qu’est-ce qui vous le fait répéter cette assertion?
Je vous ai expliqué la différence entre la colonisation française et la colonisation britannique dont on voit d’ailleurs la résurgence dans les régimes postcoloniaux. Il faut toujours se rappeler que malgré ses centaines de milliers de nationalistes tués par l’armée française, le Cameroun français n’a pas pu acquérir son indépendance. Les firmes françaises y exploitent encore l’essentiel des ressources naturelles sans compétition. La France impose une monnaie inconnue sur les places financières. Tout ceci ne suscite aucune indignation véritable de la part des dirigeants qui, eux, sont en quelque sorte chargés de protéger ces intérêts sans broncher.
L’essentiel de la classe politique formée en France n’aspire qu’à remplacer le dirigeant en place pour mieux faire le même travail de ne pas vexer l’ancienne puissance coloniale. Les Anglophones, eux, ne bénéficient d’aucune sollicitude fraternelle véritable de cet ordre de leurs frères. Ils ont pourtant fourni toutes les preuves de leur patriotisme. Bamenda qui est aujourd’hui au centre de l’actualité nous a offert : la réunification; le pluralisme politique; le candidat anglophone très probablement élu en octobre 1992 à la tête de l’État, manifestement spolié de sa victoire; le parti au pouvoir le RDPC, créé à Bamenda au temps où les Camerounais pensaient que Paul Biya était un vrai démocrate; et, aujourd’hui, qui sait? le coup fatal contre le colonialisme en franc Cfa.
Les médias français et certains leaders camerounais stigmatisent la mauvaise gouvernance pour expliquer le problème anglophone. On parle de l’incurie et de l’inertie d’un régime incompétent et brutal qui a passé déjà 34 ans au pouvoir…
Vous faites bien de préciser « médias français ». La mauvaise gouvernance, je suppose, signifie qu’il s’agit en fait d’une machine qui ne fonctionne pas comme il se doit. J’ai peur que ce ne soit pas tellement le cas. Je me méfie des lieux communs et autres raccourcis racistes qui tendent globalement à perpétuer une vieille idée esclavagiste: que les Africains sont des grands enfants qui ne peuvent pas s’autodéterminer. La mauvaise gouvernance serait inhérente à notre race. Ces lieux communs sont souvent prétextes à des résolutions françaises à l’ONU pour des interventions militaires soi-disant humanitaires.
Même s’ils sont relayés par des intellectuels africains, ces clichés racistes sont le fruit de l’incompétence... Il ne faut jamais prendre les conséquences pour des causes. Ici on parle de contentieux constitutionnel. L’une des principales préoccupations des Anglophones c’est justement la mainmise française. Ils disent n’avoir rien à cirer avec la France. Ils trouvent ridicules et honteux d’être sous la botte de gens qui acceptent d’être des esclaves. Aucun journal français ne l’a dit alors que tout le monde le sait. En réalité l’incurie du régime Biya ne fait qu’exacerber le problème.
Que va-t-il se passer à votre avis? Le président Paul Biya va-t-il régler le problème? Va-t-il engager des pourparlers pour retourner à la constitution fédérale?
Le président Biya ne va rien faire comme d’habitude : il va recevoir quelques chefs traditionnels et leur donner de l’argent. Il ne faut pas rêver. Le président Biya est le parfait administrateur pro-français qui n’a pas de projet de société mais dont l’unique souci est qu’il n’y ait pas de trouble menaçant la stabilité de son pouvoir. Pour cela, il use de beaucoup de machiavélisme et de corruption pour décrédibiliser les porte-paroles de toute cause dans le but de noyer le poisson. Il annonce des commissions et s’envole pour Genève où il prend des nouvelles par téléphone. Les Camerounais ont une telle mémoire courte qu’ils oublient toujours que Paul Biya étaient dans l’appareil du président Ahmadou Ahidjo quand tout ceci se faisait. Il en est aujourd’hui le garant. Il ne peut pas changer un système dont il fut l’un des meilleurs stratèges. C’est le prochain président qui va plancher sur la question anglophone entre autres. Ce sera coriace. Parce qu’il sera incompris. La condition? qu’on n’hérite pas d’un leader peu intelligent, pas stratège et trop désireux de se faire adouber par les anciennes puissances coloniales.

Par Cameroon Voice
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