Opinion de Marafa sur les prisons camerounaises
Selon l’Observatoire International des Prisons (OIP), le Cameroun, avec
un taux de densité carcérale de 296 %, se place au deuxième rang mondial
juste après la Barbade (302%). Ce taux qui rapporte le nombre de
détenus à la capacité fonctionnelle des établissements pénitentiaires de
notre pays masque des disparités fortes selon les prisons. À Kondengui,
et à New Bell, ce chiffre est largement dépassé. Ce sont, pour un
prisonnier, des conditions de détention inhumaines auxquelles nul n’est
préparé. Au-delà des considérations morales, la surpopulation
carcérale, c’est aussi un enjeu de santé publique. En effet, les
prisons sont des incubateurs de maladie tels que le Sida, la
tuberculose, l’hépatite C. Il suffit de considérer le nombre de détenus,
porteurs de ces virus, qui sortent quotidiennement de prison à
l’occasion d’une permission ou à la fin de leur peine, et le nombre
d’entre eux qui sont porteurs de ces virus - un rapport ONUSIDA de 2007
évoquait un taux de prévalence du Sida de 12% dans les prisons
camerounaises ! - pour comprendre que la surpopulation carcérale est
un facteur de propagation de ces maladies dans le pays. J’ai vu à
Kondengui des jeunes gens, enfermés là depuis des mois au contact de
criminels endurcis, pour des chèques sans provision. Certains d’entre
eux, à leur sortie, seront devenus des malfaiteurs dangereux, porteurs
de maladies graves transmissibles et constitueront de vrais dangers pour
la société. La prison, c’est l’affaire de tous. Le Cameroun doit revoir
sa politique pénale et pénitentiaire ! Cela va de la politique pénale
(la prison doit être la peine ultime), à la création de maisons d’arrêt
(pour les prévenus en attente de jugement) et à la construction de
nouveaux centres de détention. Dans le cadre de la recherche des
solutions pour améliorer les conditions de détention, j'avais proposé,
en 2004, que la responsabilité de l'administration pénitentiaire soit
retirée au ministère dont j'avais la charge pour être confiée au
ministère de la justice. Il m'avait semblé en effet qu'il était plus
logique que ceux qui sont chargés de prononcer les peines soient
également ceux qui en supervisent l'exécution. Mais je constate que cela
a été vain. Peut-être faudrait-il innover et tester le recours à des
prestataires privés pour la gestion d'une prison.
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