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Hilaire Kounmo : PAUL BIYA ET LA STRATÉGIE DU BORD DU GOUFFRE


Sous le sceau de la fourberie. Après une vingtaine d`années d`observation au quotidien, Ahidjo s`était révélé incapable de se faire une idée claire du vrai caractère de son successeur désigné - Par Aujoulat, et finalement par lui-même, persuadé que les intérêts néo-coloniaux que les deux poulains du gaullisme incarnaient allaient être préservés dans un minimum de dignité, de respect pour les intérêts supérieurs de l`Etat, du pays de Moumié et ses milliers de camarades martyrs. Il n`avait qu’à suivre dès 1961, l`avis pertinent d’Eteki Mboumoua: «Inapte au commandement !!!»
Touche pas à mon pouvoir! Sinon le chaos, l`Apocalypse.
Un slogan, une devise au départ appât des âmes sensibles: «Rigueur et Moralisation!» Et sur le terrain, cinq années de tolérance administrative pour la presse, qui s`engouffre dans la brèche avec ardeur même Cameroon Tribune, le poste national de radiodiffusion, et la jeune télévision naissante. Puis les beaux jours du Messager et consorts. Des intellectuels accourent pour l`épauler contre son prédécesseur hanté par le souci d`un certain retour aux affaires; ils rédigent ses premiers discours son livre fétiche: Pour le Libéralisme communautaire.
Au bout de cinq ans, il commence à les rouler dans la farine et leur préfère les militaires qui ont pu l`intimider sous le masque d`un simulacre de coup d`Etat discrètement sanglant. Puis, point de retraite pour les généraux; assez d`argent mobilisé pour combler tout le corps - sans oublier la police. Le reste du pays peut attendre, plus trente années durant: l`éducation, la santé, l`emploi des jeunes, l`économie, la sécurité publique.
L`art consommé de nager entre deux eaux; avant de retrouver son naturel de démolisseur en douce de tous les espoirs placés en lui: le pays profond attend la dissolution de l`UNC de triste mémoire pour élever sur ses cendres une formation politique à même de sauver le pays des séquelles d`une colonisation féroce.
Le prince se limite à un geste cosmétique, à rebaptiser RDPC le forum national de la mangeoire aujoulatiste et prend de nouveaux appuis sur son arrière-garde; en changeant carrément de direction pour un parcours en somnambules d`insouciants gérontocrates qui forcément usinent la patte, en caméléons amnésiques depuis lors.
Trois décennies de mensonges et de fausses promesses. De cynisme ostentatoire; de mépris hautain de la canaille et sa misère galopante. «Quand Yaoundé (Etoudi-Vomeka) respire, le Cameroun vit!» «Et me voici donc à Douala!!!» «Je ne commente pas les commentaires!»
Du stalinisme tropicalisé. Pour accuser et abattre l`ennemi politique au nom des crimes que l`accusateur en chef incarne le mieux depuis si longtemps sur la base desquels la Françafrique recrute ses agents les plus sûrs. «Ce qui se ressemble…»
Tourmenter quelques corrompus sans rien tenter de sincèrement soutenu contre la corruption, parce qu`on en fait un mode privilégié de gouvernement. L`institution de la Cour des comptes indéfiniment repoussée.
Trente années d`un laxisme caractériel décapant. «Un vacancier au pouvoir!» A la tête du pays de Um Nyobe. En contremaître quelque peu apathique, somnambule mais des plus fidèles aux diktats des Réseaux foccartistes: presque tout le temps en incessants «cours séjour privés» à l`Elysée pour recevoir les ordres les plus urgents de l`heure. Il y a longtemps que le record d`Ahidjo de 120 visites à Paris en vingt deux ans de pouvoir a été battu par son successeur; qui n`en a plus le temps pour les sommets de l`Union Africaine, de l`Udeac, de la Cemac, pour titre à Yaoundé. Pour voir mourir le Cameroun.
A quoi se réduit au fond le pouvoir d`un potentat du gaullisme équatorial? II est «sans croûte ni mie», a en croire Aimé Césaire.
Jusque de quoi tenir le bâton (clouté) pour apprendre à ses sujets à vivre, à rester tranquille pendant que les multinationales pillent leur pays, à savoir jeûner, prier pour ne pas avoir trop faim; à laisser leur avenir aux bons soins des sectes apocalyptiques.
QUE FAIRE DANS L`IMMÉDIAT FACE À LA CATASTROPHE BIYA?
Le Cameroun est un point chaud majeur de la Françafrique. Il est cerné de bases militaires françaises. Son armée est la plus imposante la plus chouchoutée aussi du Pré-carré. Truffée- pour retraite parait-il de conseillers techniques Français, la lisibilité de son destin national fait problème. L`esprit de corps, la fidélité à ses contrôleurs et équipementiers aux yeux bleus, l`emportent par-dessus tout.
Le pays vis-à-vis camerounais en Afrique de l`Ouest, c`est la Côte-d`Ivoire. Nous devons considérer avec un intérêt toujours soutenu ce qui s`y passe depuis le tournant des années 1990. La répression néo-coloniale est transnationale. Toute stratégie pour la surmonter doit en tenir compte, sous peine de se voir frappée d`irréparable inefficacité. Tous les oppresseurs se donnent la main par-dessus les frontières, pendant que leurs victimes se laissent enfermer dans de micro-nationalismes de pacotille, l`ethnisme, le corporatisme - tous aveugles.
Quelle tribu ne bave pas au Cameroun aujourd`hui? Quel corps de métier prétendu fier de son sort peut se regarder dans le miroir de toute une panasse nationale aux abois, de génération en génération sans en Frémir de Honte?
Les chrétiens vont continuer à prier, sous le règne des plus mafieux des ex-séminaristes. Le Pape est venu nous bénir par trois fois en moins de trente ans. Je leur souhaite un peu plus d`honnêteté, de courage et de lucidité dans leur prière quotidienne. Opus Dei ne chôme visiblement pas avec sa très probable quinzaine de victimes saignantes, dans les rangs même du Clergé, entre les trois saintes visites.
Notre devoir impérieux de l`heure: laisser notre pays, le Continent Noir moins dévastés que nous ne les avons reçus en partage du Destin. Nos enfants, leur progéniture à eux ne nous pardonneront pas nos tout petits calculs éhontés d`aujourd`hui. Nous ne pouvons guère impulser le courage, la générosité dans l`effort, dans la prise de risque, la largeur de vue, sans en avoir assez nous-mêmes.
C`est dire que nous ne pouvons par parvenir à libérer notre pays nos peuples sans titre au départ des hommes libres dans leur tête, dans leur cœur, aptes aux sacrifices qui sauvent. De l`autodétermination personnelle d`abord, comme pierre angulaire de choix de l`édifice social convivial qu`il nous faut bâtir.
Trouvons au plus vite quelque chose d`efficace contre la Démocratie de la fraude effrontée préparée de longue main; sinon de la canonnière, de l`ingérence au napalm planté de missiles «Car l`Occident a faim! Et quand l`Occident a faim, l`Afrique doit mourir!» (Calixte Beyala). Mieux vaut au moins choisir entre les offres de mort. De la faim? De désinformation-matraquage? De guerres civiles? Des pandémies tropicales? De honte? En prison? Ou en faisant résolument, unanimement et massivement face?
Il nous faut brutalement briser le miroir du sauve qui peut, de l`individualisme à courte vue de l`égoïsme de clans. Le meilleur salut est collectif; que tout le monde, à tous les niveaux, y contribue, et chacun de tout cœur, de toutes les forces à portée de main, de la réflexion stratégique qui urge.
hilaire kounmo

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