Hier, tout fier, je me suis exclamé : Chérie, le Cameroun est à la télé! En effet, une publicité avec de belles images de mon pays invitait les Canadiens à aller investir au Cameroun. Jusque-là, tout était beau; jusque-là, tout allait très bien. Cette publicité était faite par des professionnels, même qu’à la fin du spot, une adresse internet nous disait où aller pour en savoir plus. Rendez-vous à « cameroon-report.com » insistait la voix.
Jusque-là tout était beau! Communicologue curieux, je me suis donc dit, tiens ça, c’est quelque chose. Oui, le pays est vraiment en train de changer. Allons donc voir ça, peut-être que j’y trouverai un modèle de communication positive venant d’Afrique; un modèle de créativité que je pourrai montrer à mes étudiants à la rentrée de Septembre. Car même si vous ne le savez pas, sachez que 99% des images qui viennent d’Afrique sont surtout fatalistes ou exotiques, des images de pauvreté, de guerre, du SIDA, de corruption et de dictature et enfin de safari avec ses animaux sauvages. De l’Afrique, certains de mes étudiants en parlent comme d’un pays, alors ce spot publicitaire qui montre de belles images de mon pays et qui a un message positif, je vais m’en servir dans ma classe 101 d’Introduction à la communication. Tout était toujours très beau jusqu’au moment où j’ai ouvert mon ordinateur et inscrit www.cameroon-report.com.
Vous ne pouvez deviner la suite : mon expérience avec cameroon-report.com fut comme descendre aux enfers ou à peu près. Je m’étais exclamé trop tôt. En effet, c’était comme si, pendant l’instant de ce spot publicitaire à la télévision canadienne, on m’avait habillé d’un beau gandoura blanc, mais que le site internet vers lequel le message me dirigeait me demandait, plutôt, d’entrer dans l’enclos d’une porcherie.
En réalité, je ne suis plus si sûr d’où venait cette grande déception. Était-ce la fierté de ma patrie et mon excitation déçue de montrer enfin une belle image du Cameroun qui étaient la cause de cette grande déception et de cette colère qui m’envahissait? Ou étaient-ce les images de pauvreté, les images dégradantes des affaires courantes de corruption, de vols et spoliation du pays que me rapportaient, page après page, ce site internet et la plupart des liens avec d’aussi grands titres comme: « Investir au Cameroun » qui, en réalité, n’est rien qu’une page de nouvelles comme toutes les autres, sans plus.
Ce qui m’a franchement mis hors de moi est la lecture des mêmes maudites copies-collés, des mêmes « maudites » informations que je trouverais facilement et mieux présentées de surcroit partout dans des sites d’information en ligne comme « cameroon-info.net », « camer.be » ou « cameroonvoice.com »? Je ne sais pas si les producteurs de ce beau spot télévisuel se sont rendus compte que le site internet de cameroon-report.com est le dernier des derniers sites d’information en ligne en cette ère du HTML5 et des « super-cloud ».
Naturellement, si j’étais froissé et blessé dans mon fort intérieur c’est parce que je sais, pertinemment, que les Camerounais du Canada méritent mieux que cela; nous les Camerounais de la diaspora qui ont accepté de mettre nos biographies à la disposition de notre État. Quand je vois la liste de la « richesse intellectuelle » des ressortissants du Cameroun que le Haut Commissariat au Canada a rassemblée dans un livre-ressource salué par plusieurs, je me dis que franchement, nous pouvons mieux faire que de publier un site d’information sportive et des affaires politico-judiciaires pour inviter des Canadiens à aller investir au Cameroun. Un site internet dont le contenu n’encouragera aucun investisseur à aller s’installer au Cameroun; un site internet qui ressemble fortement à une autre arnaque des fonds de notre État. Car comment comprendre qu’on soit arrivé à me vendre dans l’espace d’un beau spot publicitaire l’image d’un pays qui va vers le progrès, un pays riche en ressources et ouvert sur le monde, un pays avec du potentiel professionnel, et qu’en amont, là où le potentiel investisseur doit aller chercher l’information, ressemble plutôt à une parfaite porcherie de nouvelles, avec des affaires de détournements de fonds, du sport, du divertissement.
Suivant les règles les plus élémentaires de la Communication 101, on est en droit de se demander en quoi la nouvelle de l’arrestation d’Iya Mohammed en première page de ce site internet, ou les opinions sur des affaires de détournement des fonds comme celle de Lydienne Yen Eyoum encourageraient de potentiels investisseurs étrangers à s’installer au Cameroun? On est en droit de se demander pourquoi la page d’accueil de ce site ne donne pas plutôt, dès l’entrée, des liens vers des ministères, comme ceux de la Petite et moyenne entreprise, de l’Économie, de l’Agriculture et du développement rural, etc., qui ont des portails de bien meilleure qualité d’ailleurs, avec des extensions officielles .cm, ou ceux des banques d’investissement, ou des représentations commerciales dans nos ambassades et hauts commissariats, ces organismes dont la mission est d’aider les entrepreneurs étrangers à comprendre l’environnement des affaires au Cameroun, à comprendre les lois et les besoins du pays? Pourquoi ces informations sont-elles cachées? Pourquoi quand on suit le lien des fameuses « Grandes réalisations » sous la rubrique « Économie » ce sont des articles de 2011 qui figurent dans cette page? Le Cameroun n’a-t-il rien réalisé entre 1986 et 2011?
Je pense que ce qui m’a profondément froissé est mon constat que des Camerounais, eux-mêmes et pas des moindres, contribuent à représenter leur pays comme s’il n’était que fait de corrompus et de détourneurs de fonds. Car, en quoi toutes ces nouvelles non-économiques qui polluent les pages de cameroon-report.com sont-elles plus importantes que les projets d’investissement en eau potable, en électricité, en infrastructures routières, en agriculture, etc. et pourquoi ces informations ne sont pas là, en première ligne?
Ce qui a froissé ma dignité, je suis certain, est ce gâchis des fonds public dans des formules et des réalisations à « l’à-peu-près ». C’est comme si, au Cameroun, la science de la communication est encore à l’ère de la pierre, alors que les outils vers lequel on nous renvoie pour chercher de l’information sont à des années lumières de là.
Quand j’avais l’autre fois écrit « Communiquer pour éviter le crash » ou « communiquer et dialoguer au-delà de demain », j’avais justement insisté sur quelques principes de base car la communication est à la fois une science et un art de faire. Comment imaginer qu’un spot publicitaire qui passe dans des chaines de télévision étrangères et qui a dû couter des centaines de millions aux caisses de l’État, une publicité dont le message fondamental est d’inciter les étrangers à aller investir au Cameroun n’a rien trouver de mieux que de renvoyer ces potentiels investisseurs vers une « vidoir » de l’information, vers une extension .com et non vers des sites officiels de l’État, des .cm ou même des .org. Comment imaginer qu’on vende des bannières publicitaires d’entreprises qui n’ont rien à voir avec le développement économique du Cameroun sur toutes les pages de cameroon.report.com? À qui, d’ailleurs, profite la vente de ces bannières publicitaires, à l’État du Cameroun? Peut-être que la justice devait s’intéresser à cette utilisation impropre des fonds de l’État.
Franchement, si on me l’avait demandé, j’aurais instruit un ou deux de mes étudiants Canadiens à travailler de pair avec un ou deux étudiants de nos universités au pays pour mutuellement partager leurs connaissances et réaliser quelque chose de bien plus professionnel, quelque chose de bien plus efficace. Si on me l’avait demandé, gratuitement, j’aurais offert mon temps pour construire un autre visage et un autre message du Cameroun; un message qui ne froisserait personne et qui « motiverait », véritablement, les Canadiens à aller investir au Cameroun! Et je suis sûr, si on avait pris le temps de mettre les véritables forces vives du Cameroun à contribution, ses richesses intellectuelles qui ne sont pas enfouies sous terre, on aurait produit un bien meilleur message et présenté une bien meilleure image de notre pays à de potentiels étrangers-investisseurs.
Chers investisseurs potentiels, pour connaître les besoins du Cameroun en investissement, rendez-vous dans les sites internet des ministères suivants :
Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’Artisanat :http://www.minpmeesa.cm/index.php,
Économie, planification et aménagement du territoire http://www.minepat.gov.cm/,
Agriculture et développement rural:http://www.minader.cm,
Eau et de l’énergie : http://www.minee.cm et bien d’autres dont vous trouverez des adresses par une simple recherche Google.
Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’Artisanat :http://www.minpmeesa.cm/index.php,
Économie, planification et aménagement du territoire http://www.minepat.gov.cm/,
Agriculture et développement rural:http://www.minader.cm,
Eau et de l’énergie : http://www.minee.cm et bien d’autres dont vous trouverez des adresses par une simple recherche Google.
Il y a aussi le Groupement des femmes d’affaires du Cameroun, un organisme dynamique qui ne fait pas juste dans l’économie sociale comme on aurait tendance à le croire (http://www.gfac-cm.com/); le GICAM est son pendant masculin, qui le Groupement Inter-patronal du Cameroun (http://legicam.org/)
Je conseille aussi vous rendre à la section « Pôles » du site internet de la Présidence de la république du Cameroun. Cette page vous livre l’information sur les véritables besoins et les domaines prioritaires d’investissement dans le pays. Peut-être, ceux qui vous dirigent vers « cameroon-report.com » ne savent même pas que ces pages et ces informations existent déjà. Venez investir au Cameroun!
tres belle analyse, merci beaucoup...
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